Emploi, formation, assainissement des comptes publics, développement touristique… Ary Chalus, le président de la Région Guadeloupe, s’explique sur les défis auxquels doit faire face la Guadeloupe « dans un climat social qu’il souhaite plus apaisé. »

Les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration et du tourisme ont récemment été touchés par des grèves. Quel est votre sentiment sur ces mouvements sociaux alors que s’ouvre la saison touristique ? 

Ary Chalus : Ces divers mouvements sociaux interviennent à l’heure où de nombreuses compagnies aériennes investissent notre ciel favorisant ainsi une meilleure connexion au départ et à destination de notre archipel ;
à l’heure même où la presse, dont le prestigieux New York Times ne tarit pas d’éloges sur notre destination la plaçant 11e sur 52 destinations incontournables.
Je veux saisir cet exceptionnel alignement des planètes pour appeler tous les Guadeloupéens à un apaisement constructif. Nous bénéficions d’un contexte mondial, d’une conjoncture géopolitique pour asseoir notre stratégie de développement. Celle-ci repose sur des piliers sains et sur une ambition tout aussi saine qui est de contribuer à l’émergence d’une croissante verte et bleue. Dans ce modèle de développement, le secteur touristique revêt une importance déterminante car c’est un levier de croissance pour les autres secteurs économiques.

 

A ce propos, la Région Guadeloupe, sous votre mandature, semble résolument déterminée à développer une politique touristique d’envergure… 

Le 7 novembre dernier à l’hôtel Salako, la Région Guadeloupe fixait des objectifs clairs pour 2020 : un million de touristes, un milliard d’euros de chiffre d’affaires et mille emplois nouveaux. Le choix de l’hôtel Salako (mis en redressement judiciaire par le tribunal mixte de commerce de Pointe-à-Pitre) pour annoncer notre plan ne relevait nullement du hasard. Nous entendions, par ce geste fort, rassurer le personnel sur l’implication durable de la collectivité régionale. Par ailleurs, il s’agit, dorénavant, de nouer un nouveau type de partenariat, basé sur un ticket gagnant-gagnant, avec les entreprises qui investissent dans le secteur hôtelier. Il n’est plus question pour nous, d’accompagner porteur de projet qui ne s’inscrit pas dans une dynamique de développement économique durable et citoyenne. Pour nous, le tourisme durable n’est pas uniquement l’affaire des grands groupes hôteliers. Cela signifie qu’une attention particulière doit être portée sur les initiatives des petits porteurs de projet de gîtes, de petite hôtellerie, d’animation touristique.

Vous prônez un nouveau modèle économique vertueux la construction du « pays Guadeloupe » Comment comptez-vous le mettre en œuvre ? 

Nous sommes bien conscients des inégalités qui gangrènent nos territoires et qui ont tendance à ronger la confiance de nos compatriotes. S’il importe à l’Etat de prendre ses dispositions pour contribuer à l’amélioration des conditions de vie des Guadeloupéens, les syndicats patronaux doivent également porter leur pierre à l’édifice. Cela passe notamment par une révision des prix, en particulier des produits de première nécessité, dont les coûts sont encore trop élevés par rapport à ceux appliqués en France Hexagonale. Nous croyons qu’en tant que chef de file de l’activité économique, la stabilité des entreprises et des institutions de notre territoire ne peuvent être pérennes que par le biais du dialogue social. Nous apprécions, et nous encourageons toutes les initiatives qui visent à faire en sorte que les Guadeloupéens d’origines diverses, d’horizons différents, réfléchissent et tentent de trouver des solutions répondant aux problématiques qui touchent la Guadeloupe. Le dialogue social se doit à l’avenir d’être une plateforme de discussion qui engendre des changements, des accords mis en œuvre. Moins de conflits, plus d’écoute, le dialogue social instaure un rapport gagnant-gagnant pour les salariés, les entreprises, et le territoire guadeloupéen.

La rédaction de Karumag consacre ce mois-ci un dossier à la formation appréhendée comme une des solutions au chômage. Quelle est la politique de la Région en matière d’emploi et en particulier pour la formation ? 

La Région s’engage à mener de concert avec l’Etat, le Département et les collectivités, les programmes nécessaires afin que le chômage, en particulier le chômage touchant les jeunes recule. Cette démarche va se traduire par une nouvelle ingénierie d’interventions à travers : la création d’un fonds de garantie régionale, le prêt « croissance très petites entreprises » (TPE), l’accompagnement des petites entreprises en création et en développement, et enfin un fonds d’investissement pour les projets innovants. Nous ferons des propositions auprès des instances de l’Etat concernant la réécriture des marchés publics afin que les entreprises guadeloupéennes aient les moyens de répondre aux appels d’offres publics. Lutter contre le chômage signifie également soutenir l’activité locale et les entreprises. C’est pour cette raison que le rétablissement de la trajectoire budgétaire de la région s’est poursuivi au cours de l’année 2017. Enfin agir pour l’emploi c’est avant tout garantir une formation pour chacun. Nous voulons dynamiser et rationaliser notre politique de formation en nous inscrivant dans une démarche de “mutualisation” des structures qui concourent à une politique qui devra être résolument adaptée au territoire et servir l’ambition de favoriser l’emploi des personnes formées. Pour y parvenir nous nous  appuyons  sur notre instance de pilotage : le CREFOP le Comité régional de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelle récemment convoqué en présence de Muriel Pénicaud Ministre du Travail.

L’objectif de 4520 actions de formation qui était assigné au conseil régional au titre de 2016. En effet ce sont 4805 formations qui ont été réalisées et proposées aux Guadeloupéens soit 106 % au regard de  l’objectif cible et 113% de  plus que le réalisé 2015.

Fort de cette réussite, l’état a souhaité poursuivre ce partenariat avec la Région en lançant pour 2017 le plan 165000 dans lequel un objectif supplémentaire de 1600 entrées en formation au 30 juin 2017 doit être atteint pour la collectivité régionale.