Dès le mois de septembre, des femmes et des hommes imaginent et créent les décors majestueux de la parade du mardi Gras. C’est grâce à leur talent que le Carnaval de Guadeloupe est une féérie chaque année renouvelée. Rencontre avec Jean-Louis Breslau, créateur de décor de carnaval.  

Par Willy Gassion

De la musique et des confettis, des décors aussi. Des décors monumentaux qu’on croirait les œuvres d’un architecte. Une fleur gigantesque aux beaux pétales rouges et scintillants pousse sur le goudron des rues enfiévrées, des danseuses l’entourent comme des fleurs qui n’en finissent pas d’éclore. C’est aussi et surtout ça le carnaval, le travail que font en coulisse les décorateurs, ces créateurs de rêve et de féérie. Jean-Louis Breslau est un de ceux-là. « J’ai commencé la décoration de carnaval en 1988 pour le groupe Waka. Certaines de nos réalisations peuvent atteindre cinq mètres de haut, j’ai pu réaliser jusqu’à dix décors par saison de carnaval pour différents groupes et écoles de Basse-Terre. »

Prétendre être décorateur de carnaval c’est être à la fois dessinateur, soudeur, peintre, couturier… « les tissus, les strass, le fer, l’aluminium, le bois, le carton, le polystyrène, la peinture, il faut toucher à toutes les matières. C’est un travail d’une grande précision qui se fait en équipe. Chacun a une tâche précise à accomplir. Si on n’est pas rigoureux, ce travail de décoration n’est pas possible. Je suis spécialisé dans le fer, c’est moi qui réalise le socle et l’ossature des décorations, mais je travaille aussi d’autres matériaux comme le polystyrène que je sculpte. »

C’est presque par hasard que ce fonctionnaire de 48 ans est devenu un décorateur réputé du carnaval de Basse-Terre. « Un de mes amis faisait partie du groupe Waka. Il m’a invité à le suivre, j’étais un des musiciens du groupe et j’aidais aussi les décorateurs. Je les ai beaucoup observés, ils m’ont transmis leur savoir », se souvient Jean-Louis Breslau.

Wonder Creator

Starting in September, the work begins on creating fantastic props and floats for the Mardi Gras parade. The talented prop makers are the reason that Guadeloupe’s carnival is a wonder to behold year after year. An interview with Jean-Louis Breslau, carnival prop designer.

Music, confetti and props. Actually, monumental props that look like they required an architect. A gigantic flower with pretty red sparkling petals rises from the middle of the street that is heaving with dancers, flamboyant blooms themselves. The difference between a lively street party and carnival is the behind-the-scenes work of prop designers, those dream-makers and wonder-creators. Jean-Louis Breslau is one of them. “I started making carnival props in 1988 for the group Waka. Some of our creations were as tall as five meters. I’ve made up to ten floats every carnival season for various groups and schools in Basse-Terre.”

Carnival prop makers must be able to draw, solder, paint, sew and more. “Fabric, rhinestones, iron, aluminum, wood, cardboard, polystyrene, paint – all these materials go into the props and floats. The work requires enormous precision from the entire team; everyone has a job to do. If we’re not exacting, creating these props just wouldn’t be possible. I specialize in iron. I’m the one who makes the framework for the props and float, but I also work with other materials such as polystyrene, which I sculpt.”

This 48-year-old civil servant became a well-known carnival designer in Basse-Terre almost by chance. “A friend of mine was a member of the Waka group and he invited me to join him. I was a musician in the group and I would help the designers. I often observed them at work and they shared a lot of their knowledge with me,” recalls Jean-Louis.

Un sacerdoce, presqu’une vie dédiée au carnaval de Basse-Terre : « ce sont des heures interminables de travail dès le mois de septembre. Ce sont des périodes où je vois moins mes enfants, des nuits blanches pour quatre heures de bonheur. Ma satisfaction c’est de donner du plaisir aux spectateurs, les voir heureux quand ils découvrent nos réalisations. Le carnaval fait partie de notre folklore, il faut continuer à le pérenniser. C’est un des plus beaux carnavals du monde. »

Quand les cendres du roi Vaval se dispersent dans l’air et laissent l’archipel éploré, les décors sont démontés et les matériaux stockés. « On ne jette rien, le moindre bout de tissu ou de fer est conservé. Tout peut être utile pour une prochaine création. Nous recyclons les matériaux indéfiniment jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus être exploités. »

Avec ses décors Jean-Louis Breslau expose le savoir-faire d’une activité encore méconnue du grand public et offre au monde une des plus belles images de la Guadeloupe.

Prop-making is far more than a hobby and is something closer to a vocation. “It’s endless hours of work beginning in September. That’s the period when I see my children less frequently. Sleepless nights for four hours of joy. My satisfaction is to give enjoyment to spectators, to see them happy when they see our creations for the first time. Carnival is a part of our folklore. We have to continue the traditions. It’s one of the world’s most beautiful carnivals.”

When the ashes of King Vaval are scattered to the winds leaving behind a mournful Guadeloupe, the props and floats are disassembled and the pieces stored. “We don’t throw out anything. The least bit of fabric or iron is kept since it might be useful for some future creation. We recycle

materials indefinitely until they can no longer be used.”

Jean-Louis’ props display the skill and craftsmanship of an art form little known by the wider public, and offer the world one of the most beautiful images of Guadeloupe.