Deux années c’est à la fois court et long. Un peu court pour mesurer des résultats économiques tangibles, suffisamment long pour avoir mis sur pied une politique forte en matière de développement économique de l’île. Ewag fait un point d’étape avec Michel Branchi, président de la Commission finances, fiscalité et programmation budgétaire de la CTM.

Par Mathieu Rached

« Le budget annuel de la CTM est de 1 milliard et 110 millions d’euros, commence Michel Branchi. Ça paraît énorme, n’est-ce pas ? » Le chiffre tel quel aurait effectivement de quoi donner le vertige. Comme souvent, la réalité est ailleurs, ce chiffre mérite un décryptage, car les dépenses fixes, incompressibles (frais de personnel, remboursement de l’emprunt lié à la dette, dépenses sociales, dotations aux satellites, etc.) absorbent à elles seules 755 millions annuels. Restent 400 millions pour mener une politique ambitieuse, concourir au développement de l’île, en renforçant son tissu économique, les infrastructures phares, et les savoir-faire présents dans la société martiniquaise.

Montée en puissance de la consommation des fonds européens 

Les fonds européens sont une des pierres angulaires du développement de l’île. Aux emblématiques projets en cours et à venir que sont la reconstruction du lycée Schœlcher, l’extension du port, la modernisation de l’aéroport, le projet de la mise en place du très haut débit, la construction du nouvel observatoire volcanologique du Morne des Cadets, et le complexe environnemental de Petit Galion… s’ajoutent de plus « petits » projets financés à hauteur de 50 à 70 % par le modèle d’attribution des fonds européens, en matière agricole, de pêche, etc. Si cette source de financement est omniprésente, le montage administratif qui permet d’y accéder constitue un frein du fait de la complexité et de la lourdeur du processus à suivre. Par rapport à l’enveloppe allouée, disponible dans un temps limité (passé ce délai, la somme est « rapatriée » dans les caisses de l’Europe), « les crédits ont été consommés à hauteur de 28%, fin 2017 », explique, soulagé, Michel Branchi. On partait de loin, on était à 2% fin 2015». Aussi, mettre les moyens au niveau des équipes capables d’accompagner le montage de ces fonds FEDER, FSE, IEJ, FEADER, FEAMP, etc. fait partie de la stratégie de la CTM.

Sciences et Santé 

Les carrières scientifiques et la santé sont à elles seules un des domaines phares de la politique d’investissement de l’île. Figurent parmi les engagements pris, la création d’un pôle universitaire de santé estimé à plus de 22 millions d’€uros qui veillera à améliorer l’offre de formations dans les métiers de santé en Martinique, avec par exemple la possibilité de suivre la première année de médecine ici. Un tel pôle universitaire sera aussi l’occasion de « réunir dans un même lieu l’enseignement de plusieurs disciplines médicales, l’école d’infirmières et de sages-femmes », explique Michel Branchi. Un autre projet d’envergure, 11,6 millions d’euros entièrement financé par la CTM, vise à doter l’hôpital d’un cyclotron qui permettra le diagnostic précoce et le traitement des cancers. Non seulement destiné à tous les patients de Martinique, l’appareil de pointe devrait également faire de l’hôpital un centre de référence et « amener à lui d’autres populations des îles voisines, Grenade, Ste Lucie, Dominique, la Jamaïque…», cite Michel Branchi. Un autre investissement a permis de reconstruire et moderniser le Laboratoire Territorial d’Analyse, LTA. Structure emblématique, « le plus grand laboratoire d’analyses de la Caraïbe, accrédité Cofrac », rappelle l’élu, est un centre référent d’analyse de l’eau, de l’alimentation, d’analyse vétérinaire et aussi du chlordécone. Quant aux carrières scientifiques, elles sont encouragées dans le cadre de l’accompagnement pendant les études. Tous domaines confondus, en 2017, 12 millions et demi d’euros ont ainsi permis d’accompagner l’Université des Antilles, de financer près de 5000 dossiers d’aides et de prêts aux études supérieures, d’accorder 57 bourses et contrats doctoraux, d’instruire 49 dossiers d’aide à la mobilité Canada… Forte de ce bilan d’étape, l’équipe de la CTM entame sa troisième année avec une ambition intacte et une conviction : l’avenir de la Martinique ne se décrète pas, il se construit projet après projet.

Aide aux entrepreneurs 

Parmi tous les dispositifs d’aides et d’accompagnement aux entreprises et notamment les PME et TPE on peut mettre en lumière : la SAS capital-investissement créée par la CTM qui devra répondre à la problématique récurrente de l’insuffisance des fonds propres des entreprises martiniquaises, nécessaires au démarrage d’activité comme aux demandes de financement type FEDER. Il s’agit pour la SAS nouvellement créée d’accorder une mise de départ sous la forme d’une « acquisition de participation de la CTM auprès de l’entreprise demandeuse » pour démarrer un projet et remporter le pari de l’innovation et du développement. Le capital de départ est de un million et demi d’euros et conçu comme devant être évolutif. Il a pour vertu de « permettre d’enclencher les choses, et d’encourager les autres acteurs privés à prendre part à ces projets », appelle de ses vœux Michel Branchi.

Les grands projets (en millions d’euros)

– Construction du Lycée Schœlcher : 80

– Construction d’un Pôle Universitaire de Santé : 22

– Construction du viaduc de fond Lahayé : 77,1

– Construction du pont du Prêcheur : 9,5

– Mise en place du très haut débit : 160

– Nouveau centre de traitement et valorisation des déchets à petit Galion : 43,5

– Construction de l’Observatoire Volcanologique du Morne Cadets : 9,94

– Construction du LTA : 10,17

– Financement du Cyclotron : 11,6

 

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Fb : CTM Collectivité Territoriale de Martinique