Voilà une bonne nouvelle pour les managers et chefs d’entreprise : la réédition de « Oser la confiance », livre rare et visionnaire annonçant ce que pourrait être l’entreprise de demain, si elle est bien pensée.

Par Nelly Bouveret

« Tous ensemble » : 

c’est le rêve partagé d’une entreprise où chacun pourrait s’exprimer, être écouté en confiance. Pour que tous soient solidairement responsables de la réussite de l’entreprise et dans la recherche d’une performance commune.

Entrepreneur soucieux de la bonne santé de votre entreprise autant que de celle de vos salariés, vous n’êtes plus seul ! Vous en serez convaincu à la lecture de ce livre mêlant expériences vécues et concepts de management visant à rendre les organisations plus humaines, plus efficaces et plus pérennes.

La première partie du livre se lit comme un roman. C’est l’histoire de la C.C.M. Sulzer, entreprise de construction navale qui, en 1984, est en train de couler. L’usine est dans une situation critique, on y annonce des licenciements secs importants. « Oser la confiance » s’appuie sur l’expérience de Bertrand Martin, le nouveau PDG dont l’arrivée inquiète. Est-il là pour fermer l’usine ou pour la sauver, se demandent les salariés ? C’est dans cette ambiance que le boss commence à travailler. Son expérience est d’une étonnante actualité aujourd’hui puisqu’elle illustre la réussite d’une détermination opiniâtre : la volonté de réussir en rendant la confiance.

Bertrand Martin a auparavant assuré différentes responsabilités dans des entreprises en difficultés. Il pense que la méthode de fonctionnement quasi permanente fondée sur l’obéissance imposée par la hiérarchie à ceux qui exécutent dresse les salariés les uns contre les autres, éloigne les clients et fait le jeu de la concurrence. Face au désastre annoncé de C.C.M. Sulzer, il s’interroge : « Peut-on encore rêver d’une entreprise où les hommes aient une place digne d’eux ? ». Il va trouver la réponse dans ses intuitions et en acceptant de remettre en cause le rôle traditionnel du patron. Pour sauver l’entreprise, Il décide d’écouter. Ecouter ses adjoints, ses cadres, mais aussi les ouvriers, les employés, écouter la peur des licenciements, de la fermeture. Il ne leur dit pas qu’il sait ce qu’il faut faire. Il dit au contraire : « Je ne sais pas ce qu’il faut faire, c’est vous qui devez me le dire ». Bruno Jarrosson, coauteur et consultant en stratégie d’entreprise, le confirme : « Bertrand Martin prend les peurs à contre-pied. Il ne dit rien, il écoute.  Et soudain, il se passe quelque chose. On se remet à parler et à vivre. La parole de vie succède au silence de mort ».

Bertrand Martin demande aux salariés de désigner les personnes sur lesquelles on peut s’appuyer pour redémarrer, des leaders naturels capables de « rouler » ni pour le patron, ni pour eux-mêmes, mais pour… l’entreprise. Il incite la création de groupes de réflexion parmi tout le personnel. Et là, surprise ! Les salariés sont emballés :
«  Pour une fois que la direction nous appelle à l’aide, nous n’allons pas refuser ! » Les groupes font des propositions qu’ils présentent en assemblée d’entreprise. Le patron s’engage à en réaliser 70% dans les six mois. Et c’est ce qu’il fait. Le carnet de commandes se reconstitue et les licenciements prévus sont annulés.

Vincent Lenhardt, coach dans l’accompagnement des dirigeants, coauteur du livre et fondateur de Transformance Pro, analyse cette réussite. Dans ce qu’il appelle les leviers de la confiance, il assure que : « Lorsque les acteurs se sentent « empowered »(mis en face de leur puissance potentielle), sentent qu’on leur fait confiance, qu’on est à leur disposition pour les aider à mobiliser leurs propres ressources, leur propre motivation, ils donnent alors le meilleur d’eux-mêmes ».

Les mots de Bertrand Martin s’imposent en conclusion : « Le vingtième siècle aura vu le triomphe du rationnel et de l’entreprise mécanisée, le vingt et unième siècle verra peut-être celui de l’entreprise humanisée. Ce serait une bonne nouvelle. »

« Oser la confiance. Propos sur l’engagement des dirigeants » 

par Bertrand Martin, Vincent Lenhardt et Bruno Jarrosson.

Ed. Eyrolles – 202 pages.