Cléophé Sabine baigne dans le sport depuis son jeune âge. Après un parcours universitaire jalonné de diplômes et un parcours sportif exemplaire, cette championne guyanaise transmet sa passion pour le sport à travers ses fonctions à la direction des sports de la ville de Cayenne.

Propos recueillis par Aurore Portelli

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

Cléophé Sabine : Née en Guyane, c’est ici que j’ai débuté mon parcours sportif, en tant qu’athlète de haut niveau. Ma spécialité a toujours été le sprint. A ce titre, je détiens encore deux records de Guyane, un sur le 300 mètres (cadette), l’autre sur le 200 mètres (junior). C’est en 1998 que j’ai commencé à me distinguer : 5 sélections en équipe de France en catégorie jeune et internationale A, 3 titres de championne de France jeunes en salle sur le 200m,…

En parallèle, en formation « sport-études »,
j’ai obtenu deux masters : Préparation physique et entrainement à la performance, et Management des organisations sportives. Je me suis également professionnalisée, par l’obtention de diplômes fédéraux avec la Fédération Française d’athlétisme et de brevets d’Etat (1er et 2ème degré). Depuis septembre 2012, j’assure la fonction de directrice des sports de la Ville de Cayenne. Suite à quoi, j’ai arrêté ma carrière sportive et je me consacre à l’entraînement des jeunes à l’ASL Sport Guyanais, mon club formateur.

En quoi consiste votre mission ?

J’ai en charge la responsabilité de l’ensemble des activités sportives sur le plan communal, c’est-à-dire que j’assure l’encadrement administratif, technique et pédagogique des activités physiques et sportives. Mes activités se concentrent sur la gestion des équipements sportifs, la politique d’animation de la municipalité et le soutien aux associations sportives.

Les actions de la commune en matière sportive priorisent l’accessibilité de tous les publics au sport. De ce fait, ma mission est de développer sur le territoire des activités et des équipements structurants.

Comment vous y appliquez-vous au quotidien ?

En tant que manager, je m’attache scrupuleusement à l’atteinte des objectifs fixés par l’élue déléguée au sport et par le Maire, avec l’ambition d’une ville dynamique répondant aux demandes des usagers : scolaires, associations, tout public, licenciés ou pratiquants libres. J’anime une équipe de 64 agents et 5 services. Il faut arriver à mettre en musique les différents corps de métiers, dans un milieu plutôt masculin. Aussi, à l’image de mon parcours, mon action s’inscrit dans une recherche de qualité et de performance.

Le 11 Mars, la Ville de Cayenne met à l’honneur les femmes à travers une manifestation. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Depuis quelques années, la ville s’est engagée dans la promotion de la pratique sportive féminine. Cette année, la manifestation, qui s’inscrit dans la journée internationale des droits de la femme, proposera de multiples activités ainsi que deux autres villages : santé et bien-être avec des professionnels…stands, conseils ou encore des interventions (massage, ostéopathie, réflexologie). Organisée en collaboration avec plusieurs partenaires, dont l’ASPTT, c’est un évènement gratuit pour le public féminin. Top départ à 7h avec la marche sportive au stade municipal Georges Chaumet !

Quelle est votre vision du sport à haut niveau pour les jeunes femmes de Guyane ?

La Guyane est pourvoyeuse de sportives de haut niveau de longue date. Néanmoins, le potentiel est sous-exploité pour dénicher et accompagner des « pépites », mais aussi parce que la pratique sportive féminine est encore trop faible.

Selon moi, les points d’amélioration doivent porter sur trois axes prioritaires : les difficultés liées à l’enclavement et au transport, la question de la santé avec l’encadrement et l’accès aux soins, mais aussi la formation des encadrants, entraîneurs et bénévoles. Pour ses pratiquants, le sport reste éducatif et formateur, en termes de compétences mais aussi des valeurs humaines et des règles de vie qu’il véhicule, comme le respect d’autrui et le dépassement de soi. On peut envisager un parcours d’excellence en Guyane, mais il faut pour cela être « déterminé » !