Difficile de faire tenir ses attributions sur une seule carte de visite. Le conseiller exécutif en charge des infrastructures, du développement du numérique, de la formation professionnelle est aussi président de l’AGEFMA, président du PARM, président de la commission d’appel d’offres et porte-parole du Conseil Exécutif… Un emploi du temps dense pour un homme engagé qui veut faire du projet du numérique, démarré en 2006 et qui se conclura en 2020, une chance pour tous les Martiniquais.

L’intérêt de l’équipe de la CTM pour Internet et les réseaux de communication remonte à 2006 avec la constitution d’un comité de pilotage de la société de l’information évaluant l’impact et l’enjeu d’Internet pour la société martiniquaise.
« Il est alors apparu évident, se rappelle Daniel Marie-Sainte, que cet outil étonnant constituait une chance inouïe pour un territoire insulaire tel que la Martinique ». Internet allait pouvoir effacer les distances. A ce moment là, il y a douze ans, les télécommunications reposaient sur le seul câble sous marin, en cuivre, reliant la Martinique et l’Europe, et France Telecom commençait à déployer un second câble, de fibre optique, baptisé America 2. La Martinique et la Guadeloupe choisirent alors de mettre en place un second câble de fibre optique, le Middle Caraibes Network, pour relier le chapelet d’îles de la caraïbes, Antigua, la Guadeloupe, la Dominique, la Martinique… jusqu’aux Etats-Unis, l’acte 1 du projet numérique de la CTM.

Internet pour tous 

Relier l’île au reste du monde c’est bien. Relier les foyers martiniquais à un réseau de qualité c’est mieux. Acte 2 du schéma directeur territorial d’aménagement du numérique : « faire disparaître les zones « blanches » (peu ou pas du tout couvertes), soit une trentaine de zones et 15 000 abonnés, et relier avec la fibre optique 200 sites prioritaires qui incluent écoles, collèges, lycées, hôpitaux, administrations, centres de recherche », détaille le conseiller exécutif  de la CTM. Démarre donc dans la foulée, en 2007, le projet de montée en débit censé combler les défauts existants, avec un budget de 15 millions d’euros. Pour ce faire, sur délégation de service public, la CTM choisit de confier la mission de l’établissement et de l’exploitation du réseau de collecte haut débit LIANE, (premier maillon important en vue des déploiements Très Haut Débit à venir) à la société  Martinique Numérique (MNU), pour une durée de vingt ans. Ce réseau de fibre optique parvient ainsi jusqu’aux nœuds d’abonnés, ces armoires blanches sur les bords des routes, d’où partent les lignes des domiciles d’un quartier ou d’une commune. À l’issue de cette étape tout le monde est relié, mais demeure le handicap du réseau préexistant et la limite des « 7 km ». Cette distance seuil, qui sépare le nœud d’abonnés d’un foyer, au delà de laquelle les mégaoctets parviennent au compte gouttes.

2020 : le très haut débit

Les premiers jalons posés, reste à mener à son terme le projet du déploiement de la fibre optique sur la totalité du territoire qui donnera accès au très haut débit. Un projet prévu pour durer quatre ans (terminé en 2020), qui concerne trente-quatre  communes. Deux communes, Fort-de-France et Schoelcher, font figure d’exception, le passage au très haut débit repose sur une convention directe passée entre Orange et les maires des deux villes. Pour les communes restantes, la CTM a lancé un appel à candidature en 2016, qui permit de retenir le groupement Orange et Constructel pour la conception et la réalisation du déploiement de la fibre.

La phase de conception officiellement terminée, démarre ce mois-ci l’étape du tirage des câbles pour réaliser le maillage de toute l’île, à l’instar de ce qui se met en place dans toutes les régions de France engagées sur la voie du très haut débit. « Nous sommes dans la course », salue Daniel Marie-Sainte, avec un réseau qui sera « mis en service au fur et à mesure de son déploiement ». Le très haut débit est déjà une réalité sur Schoelcher et Fort-de-France. Suivra le Lamentin, désigné comme prioritaire.

Quid de la commercialisation et de la gestion du réseau ? L’idée est que la CTM ne loue pas le service abonnement Internet aux particuliers mais à un intermédiaire. Ce gestionnaire se chargera de cette phase de déploiement commercial auprès des fournisseurs d’accès, qui deviendront eux les locataires de ce réseau, « et la CTM garde un œil sur les tarifs pour les particuliers en bout de chaîne », précise Daniel Marie-Sainte. Là encore, il s’agit d’une délégation de service public, remporté par SFR-Collectivités qui a constitué l’entité Martinique Très Haut Débit. Un contrat de fermage qui inclut parmi les prérogatives de l’entreprise, d’assurer la maintenance du réseau et d’intégrer toutes les innovations qui verront le jour au cours des quinze prochaines années.

e-administration et classes numériques

Le réseau opérationnel va permettre certaines évolutions au sein de la société. A commencer par les dirigeants de la CTM invités à se convertir à l’e-administration. En la matière, Daniel Marie-Sainte donne l’exemple avec un certain zèle à en voir son bureau sans aucune feuille, ni carnet, ni agenda ni stylo. Les seuls papiers qui demeurent sont les cartes de visite fraichement imprimées dotées du nouveau logo du PARM, ainsi que ceux que contiennent les parapheurs en attente de sa signature. Mis à part ça, un ordinateur portable trône et centralise l’attention et le travail de Daniel Marie-Sainte. Loin d’être une posture de l’élu aux 70 printemps révolus, cela caractérise l’ingénieur en informatique et adepte absolu du numérique qu’il est. L’e- administration est une évolution naturelle, qui se concrétise par la création d’une plate-forme mutualisée de services numériques pour les collectivités et les services publics, ainsi que de nombreux télé services et télé procédures. Les demandes de particuliers en matière de cartes grises ou papiers d’identité, mais aussi les dossiers de candidature aux appels d’offres que les entreprises déposent, peuvent l’être de manière numérique. C’est précisément parce que le contexte est celui-ci qu’il est essentiel que « tous les citoyens aient un accès égal et performant au réseau Internet quel que soit leur lieu de résidence », revendique Daniel Marie-Sainte. Question d’égalité. Prochaine étape, populariser les classes numériques dans les 162 écoles, 43 collèges et 25 lycées de la Martinique, où les trousses, cahiers et tableau noir laisseront petit-à-petit la place aux tablettes, écrans, et tableaux numériques.

BÂTIMENTS ET INFRASTRUCTURES 

Une norme inédite

L’équipe de la CTM poursuit, là aussi, un objectif très précis, emblématique sans doute, qui vise à doter la Martinique d’un certain nombre de bâtiments résistants en cas de séisme majeur.

Cet engagement de longue date a conduit les équipes de Daniel Marie-Sainte à définir les critères de construction pour une liste de bâtiments essentiels. Les critères de classe D, le niveau le plus élevé sur l’échelle des risques et des constructions parasismiques, sont automatiquement appliqués aux centrales nucléaires et aux hôpitaux de Métropole.

En Martinique, la CTM a souhaité inclure les collèges et lycées à cette liste d’infrastructures sensibles. Une décision politique qui a conduit à ce que les fondations des lycées de Bellefontaine, de Ducos, de Cluny, et certains bâtiments du lycée Joseph Gaillard soient dotées d’ « isolateurs parasismiques », sortes d’amortisseurs géants dans les fondations censés améliorer la flexibilité des bâtiments et absorber les secousses d’un tremblement de terre. C’est aussi le cas du lycée Schoelcher, reconstruit selon ce cahier des charges.

FORMATION PROFESSIONNELLE 

S’adapter aux évolutions de la société et de l’économie

Autre casquette de Daniel Marie-Sainte, l’élu est également le M. Formation de la CTM, chargé de mettre en place chaque année un programme de formation adapté et pertinent. Un exercice délicat puisqu’il s’agit d’arbitrer entre les besoins sociaux et les besoins économiques de l’île. Les premiers correspondent aux attentes de la population, dont les projets d’avenir professionnel sont assez sensibles aux « modes » et à l’engouement d’une époque pour tel ou tel secteur d’activité. Les seconds sont analysés et déterminés par les acteurs économiques, entreprises et secteurs d’activités qui constatent les besoins réels de manque de main d’œuvre compétente et qualifiée. « Boucher, charcutier, plombier font partie des exemples types des métiers qui attirent peu les jeunes et offrent pourtant des débouchés immédiats » cite Daniel Marie-Sainte, quand le titre de « webmaster » se révèle un choix séduisant, mais moins évident en termes d’employabilité. A charge pour le conseiller Eexécutif d’intégrer ces deux tendances pour proposer des formations professionnelles qui correspondent aux jeunes martiniquais et participent à leur émancipation.

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