Issus du théâtre au Québec, France et Jocelyn, sensibles à l’espace, aux espaces, se sont spécialisés en « conception lumière » et signent des éclairages personnalisés de résidences, de jardins, de bâtiments commerciaux et industriels. Leurs scénographies s’expriment par une formidable interprétation de la lumière servie par une fine maîtrise de la technique. Entretien éclairé avec France Jutras et Jocelyn Bathalon …

Propos recueillis par Marlène François

Quels ont été vos débuts ?

France Jutras et Joclyn Bathalon : Nos “Jardins Lumière”… Il y a des années, les soirs d’été, nous avons commencé à ouvrir les portes de notre cachette au public. Un rendez-vous avec les sens et les éléments : concerts, dégustations au bord de la rivière, œuvres d’art, sculptures en pleine végétation… une féérie lumineuse ! Et la création de la fibre optique nous a ouvert un éventail de possibilités d’éclairer aussi les intérieurs.

Le design de la lumière évolue-t-il régulièrement ?

Oui, et les nouvelles technologies ont permis de renouveler la façon de concevoir nos mises en lumière. De plus, la performance actuelle des appareils de contrôle permet d’intégrer la vidéo, de moduler les ambiances et de créer des projets interactifs de plus en plus « connectés » aux éléments à mettre en valeur. Comme par exemple l’architecture qui représente un élément catalyseur de notre design où la lumière sculptée crée des émotions et raconte une poésie visuelle.

Qu’est-ce qui vous a motivé à travailler en Martinique ? 

Notre premier voyage ici, voilà plus de huit ans, nous a enchantés au point de nous y attarder un peu… Au hasard des rencontres, nous avons croisé l’architecte Stanislas Lafosse Marin. Grâce à lui, nous avons eu les contacts idéaux pour intervenir dans de magnifiques jardins privés et sur des projets publics tels que l’Habitation Clément. Une expérience fructueuse qui a permis de travailler une lumière différente de celle du Canada, dans un environnement végétal dense et avec des normes spécifiques au climat tropical…

Avez-vous rencontré beaucoup de contraintes ?

Pour la mise en lumière des chais, baignés de vapeur d’alcool, il a fallu appliquer la règlementation ATEX qui requiert de maîtriser les risques relatifs à l’explosion, donc d’utiliser un matériel adéquat restreignant la palette habituelle d’accessoires. Pour doser la température des blancs, nous avons dû jouer avec des filtres et des grillages. L’objectif étant d’obtenir une intensité et un contraste suffisamment présents le jour mais pas trop prononcés la nuit. Et sur le plan artistique, les effets lumineux étaient dictés par l’évocation de la maturation du rhum en fûts, reflet d’une culture généreuse sous un ciel bienfaiteur… Nous avons travaillé l’impression de hauteur en élançant des faisceaux « blancs froid » le long de la structure, contrastés avec une lumière ambrée léchant les arcs en bois suggérant le cintrage d’un tonneau. Un éclairage qui magnifie l’ambiance de ce lieu-source, dans le respect du temps qui passe et qui fait son travail.

Des projets ?

Oui, plusieurs projets au Québec… Et en Martinique, après la mise en lumière des sculptures du jardin de l’Habitation Clément, nous finaliserons celle des chais de l’Habitation J&M à Macouba. Avec Patrick Chamoiseau, nous avions élaboré un projet ambitieux pour le grand Saint-Pierre. Et toujours dans le nord, nous avons remis une étude pour l’Habitation Depaz … Wait & see !

Jutras & Bathalon

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