Les femmes dans l’entreprise… Et si l’intitulé de notre dossier ouvrait un débat bien plus large que la parité professionnelle : la question du genre dans nos sociétés ?

Si cette réflexion fait encore couler beaucoup d’encre le 8 mars depuis tant d’années, c’est qu’elle révèle en creux la fragilité des acquis des femmes dans notre pays – qui peut se targuer, pourtant, d’évolutions majeures par rapport à des régions du monde où le statut de la femme est d’une extrême précarité.

Un peu d’histoire ? Il y a 80 ans, les Françaises devaient avoir l’autorisation de leur mari pour travailler, ouvrir un compte en banque ou obtenir des papiers d’identité. Ce n’est pas une blague. Les droits, elles les ont acquis au compte-goutte. 1938, n de l’incapacité civile des femmes mariées. 1944 : droit de vote et d’éligibilité. 1965 : les femmes mariées peuvent exercer une profession sans l’autorisation de leur mari. 1967 : légalisation de la contraception. 1975 : la loi Veil légalise l’intervention volontaire de grossesse. 2000 : 1ère loi sur la parité politique. En 2006, la loi relative à l’égalité salariale entre femmes et hommes est promulguée, mais laisse encore songeur si l’on confronte le principe à la réalité du monde du travail.

Il est indéniable que les femmes montent en puissance dans tous les secteurs et s’imposent en entreprise comme en politique. Mais restons vigilants. Ces avancées sont trop récentes pour être gravées dans le marbre. Parité, égalité salariale ou accès aux postes de direction: nous sommes en route, pas encore à destination.

L’étape d’après, nous l’aurons atteinte lorsque le congé paternité indemnisé, d’une durée égal à celui de la mère, sera instauré. Lorsque les magasins ne répartiront plus leurs jouets entre rayons « lles»etrayons«garçons»etquelebleuetle rose ne seront plus les couleurs du déterminisme social dans lequel nos enfants sont enfermés dès leur naissance. Lorsque les femmes brigueront systématiquement les mêmes postes que les hommes et auront réussi à s’émanciper de leur multiséculaire manque de con ance en elles. L’étape d’après sera celle où l’on pourra a rmer que la place de chacun dans notre société est une question de personnalité et de choix de vie. Pas de genre.

Hommes et femmes, ensemble, poursuivons ce cheminement. Car nous ne pouvons nous priver de la moitié des talents de notre société.

Julie Clerc

couv mars 2018 madinmag karumag guyamag