Il est pompier, Saintannais, immense et athlétique. Il est navigateur aussi, et portera haut les couleurs du territoire guadeloupéen sur la Route du Rhum. Parce que notre région est maritime et performante sur l’eau. Portrait d’un marin engagé.

Par Julie Clerc

Il est adolescent lorsqu’il apprivoise la mer depuis la base nautique de Sainte-Anne auprès de son mentor Victor Jean-Noël. Il s’essaie à la planche à voile, au dériveur, et rapidement embarque sur des courses de voile traditionnelle. Jusqu’à devenir lui-même patron de canot et décrocher de belles places sur le TGVT (Tour de Guadeloupe en voile traditionnelle). Le virage course au large, il le prend en Mini 6.50, lorsqu’en 1991, Victor Jean-Noël prend le départ de la Transat 6.50. Le rêve de large est né : en 2015, Carl franchit le pas et signe sa première transat en solitaire.

La Route du Rhum 2018, il s’y engage parce qu’il aime en découdre. Il s’y engage comme le fait un amateur éclairé : le mords aux dents. C’est aussi une opportunité qui s’est présentée. Le bateau avec lequel Philippe Fiston a couru les deux dernières éditions du Rhum se présente à lui. Ça ne se refuse pas. Et puis Carl Chipotel aime les projets qui ont du sens. Son dada, c’est mettre en valeur les compétences nautiques guadeloupéennes et développer l’activité économique autour de la mer. « Au-delà de la pêche et du transport, notre univers maritime est encore largement inexploité », confie-t-il. Un engagement qui se traduit par un projet, Guadeloupe Terre en Mer, un nom de bateau, Pèp Gwadloup !, et la compostions de son équipe, 100% guadeloupéenne. Autour de Carl s’activent Philippe Cairo (préparateur), les navigateurs Claude Thelier (coach) et Claude Bistoquet (routeur), Tony Elise (maître voilier), le sportif Widdy Grego et l’artiste Sadik, qui fera le lien culturel. Mais aussi Ricardo Mambol (constructeur naval), qui a entre autres la responsabilité de réaliser une importante réparation structurelle sur le bateau. Sans compter la foule d’entreprises qui s’investissent auprès du skipper : Fred marine, IMM, SAM BTP…

Carl Chipotel est aussi pompier, commandant du Centre de secours principal des Abymes. Pour concilier responsabilités professionnelles et préparation de l’une des plus prestigieuses courses au large, Carl jongle entre entrainements et interventions. C’est d’ailleurs le lot de la plupart des coureurs guadeloupéens qui, faute de sponsoring suffisant, ont un métier qui finance leur passion. Chapeau bas messieurs !

Effet collatéral, le Class 40 Pèp Gwadloup ! n’est pas de la dernière génération. « Il n’est pas aussi rapide que les modèles récents, mais c’est un bon bateau qu’on optimise. Il est robuste, je pars en confiance », reconnait le marin, qui va s’offrir un honorable programme d’entrainement : une transatlantique en avril pour rallier la Bretagne et se qualifier, la participation à la Normandy Channel Race et à la Drheam Cup, et une série d’entrainements orchestrés par Sydney Gavinet. « J’espère arriver le 4 novembre avec 6000 milles de navigation au compteur. C’est insuffisant, mais c’est ce que l’amateur que je suis peut dégager comme temps. On essaiera de transformer ça en une jolie place ! » Le skipper vise une première partie de tableau. Rendez-vous en novembre Carl !

« Carl Chipotel est sportif et puissant, il pourra gérer la difficulté physique de cette épreuve. En tant que pompier, il est organisé et précis, une vraie valeur ajoutée dans ce projet. Il dispose d’une bonne équipe. Son préparateur, Philippe Cairo, est excellent. Son bateau, un Akilaria 40, a déjà huit ans et n’a pas les performances des bateaux plus récents. Pour compenser, Carl devra emprunter le chemin le plus court entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre : l’orthodromie. »

Claude Thelier