Philippe Wattiau explicite les grands enjeux de la politique gouvernementale de transition écologique à mettre en œuvre, à l’horizon 2025. Chef de la mission « développement durable et évaluation environnementale », il interpelle sur l’enjeu d’une écologie industrielle et territoriale aux Antilles-Guyane.

Propos recueillis par Daniel Rollé

Sortir du modèle ancien de gaspillage consumériste des matières premières pour aller vers une « économie de la frugali-té » respectueuse des normes énergétiques, tel est le nouveau paradigme de transition écologique encouragé par les politiques publiques dont la DEAL (Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement). Comment participez-vous à son avènement ?

Philippe Wattiau : Je suis en poste dans ce service de l’État depuis août 2017. Je me suis attelé à identifier et organiser la mise en place de tous les volets de l’économie circulaire qu’il convient de développer (de la méthanisation à la production de biomasses en passant par tous les aspects de la production énergétique). L’objectif essentiel de l’économie dite circulaire pour les individus comme pour les entreprises, consiste à produire des biens et des services en limitant la consommation, le gaspillage des matières premières et des sources d’énergie non renouvelables. C’est un nouveau paradigme dont je dois encourager l’application au quotidien, dans le cadre de la loi de Transition énergétique d’août 2015. En gardant à l’esprit la nécessité de concilier les implications environnementales, économiques et sociales des politiques publiques initiées par l’État dans ce domaine. 

Quelles autorités interviennent localement dans le déploiement de l’économie circulaire ?

C’est l’État qui met en place la stratégie globale de développement des territoires cibles. Cependant, en Outre-Mer comme sur le territoire hexagonal, l’économie circulaire reste principalement le fait des Collectivités territoriales, et singulièrement de la Région, unité de gestion dont le rôle est encadré par la Loi NOTRe de 2015. 

Quels enseignements prioritaires avez-vous tirés de vos rencontres avec les associations et de vos immersions ciblées dans le tissu entrepreneurial local ?

Au premier chef, l’importance de l’écologie industrielle et territoriale (EIT) – qui touche les mentalités aussi bien dans la sphère professionnelle que privée. C’est un outil assez complet de développement de territoire, idéal pour faire passer les messages et inciter les entreprises comme les individus, à orienter, en leur faveur, leurs actions de préservation des ressources. Ensuite,
le volet réparation-revente-valorisation des ressources, qui marche surtout dans le secteur dit de l’insertion par l’activité économique – type Emmaüs ou Kazabrok, pour ne citer que ces exemples. Enfin, autre enseignement majeur de ces observations de terrain, la nécessité stratégique d’accéder prioritairement aux grandes entreprises industrielles (EDF, la Sara, Total, Arcelor Mittal Caraïbes, Ecodec, Sita en Guadeloupe, le Groupe GBH en Martinique…), car ce sont des vecteurs de communication privilégiés, pour impulser une dynamique entrepreneuriale à valeur d’exemples pour les TPE locales. Une dynamique aussi vertueuse sur le plan écologique qu’efficace au niveau économique ; car le but est d’optimiser leur compétitivité (par la création de nouvelles activités favorisant l’emploi dans les secteurs de l’éco-conception, de la gestion des ressources naturelles et des énergies renouvelables). Quelle que soit leur taille, les entreprises locales ont tout à gagner en s’adaptant d’urgence à une Transition écologique devenue inéluctable. Le « 100% économie circulaire » est fixé à l’horizon 2025 par les autorités nationales et européennes. Eu égard à leurs délais de gestation, pour les projets à financer  comme pour les filières de recyclage à créer, l’urgence est bien réelle.

 

« Les Rencontres d’affaires inter-entreprises » 

“Les Rencontres d’affaires inter-entreprises » se sont déroulées le 26 avril 2018 à la DEAL (Dothémare – Les Abymes). La DEAL Guadeloupe, avec le précieux concours de l’Institut National de l’Économie Circulaire (INEC), a réuni les entreprises désireuses d’améliorer leur compétitivité et
leur performance environnemen-tale, afin de mieux identifier de nouvelles opportunités d’affaires au sein d’un réseau appelé à s’étoffer dans les mois à venir.