Pourquoi il faut se mettre au vert

Julie Clerc

 

Le 2 août dernier, l’humanité avait consommé la totalité des ressources que la Terre peut renouveler en une année. En clair, jusque fin 2017 la population humaine a vécu « à crédit » sur les ressources que lui offre la planète. Cette date avance chaque année. D’après le calcul de l’ONG Global Footprint Network, il faudrait 1,7 planète pour subvenir à nos besoins. Si tous les hommes vivaient comme un Australien, 5.2 planètes seraient nécessaires. La finitude de notre environnement, voilà un sujet on ne peut plus concret qui nous pose face à nos responsabilités.

 

Un enjeu fondamental autant qu’inspirant : ces nouveaux besoins structurels nous obligent à réagir. Et c’est tant mieux. Car pour faire face aux impératifs de notre développement, nous devons innover, créer de l’activité propre… Et donc des emplois. Une bonne nouvelle pour nos sociétés en proie à un fort chômage.

 

Outre les obligations morales, humaines et sociales d’un développement pérenne, l’activité économique nous implore aussi de nous mettre au vert. Le business à l’ancienne, énergivore et pensé à court terme, n’est plus tenable si nous voulons préserver le capitalisme de marché. Les acteurs qui peuvent booster ce changement ? Les consommateurs bien sûr, vous, moi, dans notre façon d’appréhender nos achats, nos déchets et nos déplacements, mais aussi les collectivités locales qui, via la commande publique, disposent d’un énorme levier d’action. Les entreprises enfin, qui représentent les trois quarts de l’activité mondiale, ont les moyens financiers et les solutions techniques pour faire face aux dérèglements.

 

« Il n’y a pas contradiction entre croissance et développement durable » rappelait Philippe Joubert, ancien directeur général délégué d’Alstom, dans une interview accordée à l’express en 2015. « Car les technologies propres existent. Il faut juste, ce n’est pas simple mais réalisable, changer nos manières de produire et de consommer. Pourquoi le modèle de référence serait-il forcément sale et cynique alors qu’il y a la place pour un développement vertueux et rentable? Pour l’heure, les entreprises misent sur la rentabilité immédiate, mais les mentalités évoluent. Les entreprises repensent leurs process afin de ne plus utiliser des ressources qui deviendront rares et trop chères pour leurs produits. Par exemple, Puma avec le cuir et Nike avec l’eau. Ceux qui pensent que les services rendus par la nature vont rester gratuits et illimités sont ignorants ou fous. Le monde financier, les fonds, les banques, les assurances commencent à bouger. Non par altruisme, mais parce que le niveau de risque est devenu trop élevé. » Un enjeu que nos territoires domiens ont bien compris en s’imposant comme de véritables pilotes.

 

Julie Clerc