Produire ici et maintenant

Le libre échange ? Un mouvement inéluctable qui, au fil des décennies, s’est imposé comme régulateur par défaut de l’organisation mondiale. La mondialisation des biens, des services et des capitaux est désormais la règle, le pouls fiévreux de la croissance mondiale, qui jusqu’ici s’épanouissait au rythme de l’augmentation de la production des 189 économies nationales recensées en ce monde. Mais regardons de plus près, dans les interstices de cet impératif économique où notre avenir se joue. La roue pourrait bien tourner.

D’abord, rappelons qu’au niveau global, les échanges commerciaux mondiaux reculent depuis 2012. C’est ce que révèle une étude menée par OMC et FMI en 2016. En cause, le coup d’arrêt des accords de libéralisation et le ralentissement de la croissance mondiale, qui a créé un climat général plus protectionniste.

Une catastrophe ? Pour les défenseurs farouches du libre-échange qui voient dans la mondialisation un vecteur de progrès inestimables, c’est incontestablement une mauvaise nouvelle. Pour d’autres, adeptes de la relocalisation de l’économie, ça l’est beaucoup moins. Selon eux, en optant pour le « libre-service » et le « tout de suite », l’économie d’aujourd’hui fragilise notre capacité à faire société et méprise l’impératif écologique. Ainsi, la nécessaire relocalisation de l’économie suppose de considérer les territoires et ceux qui y travaillent et leur donnent du sens non comme un stock de ressources, mais comme des lieux d’élaboration des choix collectifs. C’est en tout cas la voie qu’a choisi d’emprunter un nombre croissant d’acteurs économiques de nos territoires, qui oeuvrent et défendent chaque jour bec et ongle la création de richesse locale. Ces producteurs péyi qui ne se contentent pas d’épiloguer sur l’isolement de nos marchés mais subliment les ressources de nos départements et valorisent leurs savoir-faire. Or, de fait, l’industrie antillo-guyanaise, qui a su rapidement s’affranchir de la logique de rattrapage, est à l’origine de milliers d’emplois. Franck Desalme, président de l’AMPI Guadeloupe, confirme : « La réflexion sur le développement de notre tissu industriel et sur sa capacité à élargir les opportunités offertes par le marché de l’emploi doit être au centre de toute réflexion sur un projet économique global. »

Julie Clerc