Les grandes vacances, c’est un peu de l’enfance qui nous rattrape. Une nostalgie douce et joyeuse. Marcher dans l’herbe sèche en Guadeloupe, se faire chambrer par des cousins en Martinique, déguster un bami en Guyane. Sandra Bisson, ex Miss Guadeloupe et première dauphine de Miss France 2002, évoque ses grandes vacances, cette période qui coupe l’année en deux, et c’est son rapport affectif et intime à nos territoires qui se dévoile en filigrane.

Par Willy Gassion

Evoquer les grandes vacances revient à parler de nos territoires. Que représente pour vous la Guadeloupe ? 

Sandra Bisson : la Guadeloupe c’est une terre de champions et une terre de miss. La Guadeloupe c’est aussi mon enfance à Pointe-à-Pitre avec une mère originaire du Lamentin (Guadeloupe, ndlr) et un père martiniquais. C’est mon pays chéri. Je vois des couleurs : le bleu turquoise, le vert émeraude, le jaune maracudja et l’orange quand le soleil se couche. 

Quelles odeurs vous viennent quand vous pensez à la Guadeloupe ? 

J’ai dans les narines des odeurs de colombo, de poisson grillé, de citron vert dans le ti-punch. 

Le ti-punch c’est l’ivresse et le feu, le ci-tron c’est l’acidité. La Guadeloupe a-t-elle un goût aigre ? 

Non ! la bienveillance, l’amour des uns pour les autres et la générosité sont d’une douceur infinie. Il y a en Guadeloupe comme en Marti-
nique et en Guyane ce même élan du cœur ; yo toujou ni on biten pou baw… 

Décrivez-nous la Guadeloupe, cette terre que vous « chérissez » ? 

La Guadeloupe a de jolies courbes, il y a quelque chose de féminin dans cet archipel. Il y a de la force aussi dans ce territoire comme en toutes les femmes. La Guadeloupe n’est pas une femme mais des femmes. Toutes les femmes sont en elle, c’est un territoire pluriel. 

Vous êtes Martiniquaise par votre père, parlez-nous de votre Martinique. 

La Martinique c’est une partie des grandes vacances de mon enfance, c’est un autre créole, les cousins qui se moquent de mon accent guadeloupéen. Des odeurs de cannes coupées, de mangues greffées… La Martinique c’est mes oncles, la Martinique c’est plus masculin. C’est le mouvement, les sports pratiqués par mes oncles : le cyclisme et les yoles. 

Et la Guyane ? 

Des saveurs que je ne connaissais pas, un mélange délicieux de cuisines créole et asiatique, un métissage culinaire qui me fait penser à l’Ile de La Réunion. J’aime le bouillon d’arawa, le bami ; du poulet roussi au soja accompagné de spaghettis. La Guyane est un territoire vert et immense à la fois proche et lointain, j’y suis souvent allée mais elle conserve encore ses mystères. La Guyane ce n’est pas que Kourou et Cayenne, c’est aussi, c’est surtout la nature luxuriante. Il y a un lien entre Antillais et Guyanais, celui de la solidarité et du respect mutuel. La Guyane a un très beau visage, celui d’Alicia Aylies Miss Guyane de-
venue Miss France que j’ai chaperonnée pour l’élection nationale. Je me sens bien partout dans la diversité des paysages de nos territoires, verts ou bleus ils correspondent à nos envies et à notre humeur du moment. 

Quels sont vos souvenirs des grandes vacances ? 

Quand je pense aux grandes vacances de mon enfance, je pense aux tresses que me faisait ma mère, c’était pratique pour aller à la plage tous les jours. Les tresses sont la coiffure des petites filles antillaises pendant les grandes vacances. Je revois la sorbetière familiale, ce sont surtout les hommes, mes oncles, mes cousins, qui tournaient la manivelle, on mangeait le sorbet coco à la plage ou lors des fêtes de famille. J’ai le souvenir de la limonade dans les bouteilles en verre, elle était bien meilleure que celle d’aujourd’hui. Adolescente, les grandes vacances c’étaient les voyages dans la Caraïbe anglophone puis j’ai découvert Paris à l’âge de douze ans. Je mangeais des mangues-pommes, j’aime toujours les mangues-pommes, ce matin j’en ai cueilli deux et je les ai mangées au petit-déjeuner. J’aime les papayes roses bien meilleures que les papayes orange. 

A quoi associez-vous les grandes vacances ? 

A la liberté, à l’alternance de soleil et de pluie, au vent dans les cheveux, à l’odeur des boucans, à l’eau de coco, à la douche au tuyau dans le jardin, marcher pieds nus dans l’herbe, manger des bonbons pistaches… 

Quand savez-vous que vous êtes chez vous ? 

Quand je me fais piquer par des moustiques (rires), c’est désagréable mais cela fait partie de nos régions. Le bruit que fait la main sur la peau pour écraser un moustique, je sais que je ne suis plus à Paris. Le pssittt des garçons qui vous interpellent quand vous marchez dans la rue, la gentillesse des commerçants et des marchandes qui vous accueillent toujours par un « bonjour doudou, bonjour ma chérie », tout cela n’existe pas à Paris.  

Les tours cyclistes de la Guyane et de la Guadeloupe, le tour des Yoles en Martinique et bien sûr l’élection de Miss Guadeloupe sont des manifestations incontournables lors des grandes vacances… 

Mes vacances seront studieuses, l’élection de Miss Guadeloupe aura lieu le 4 août au Hall des sports Teddy Riner à Goyave. Mon titre de Miss Guadeloupe est pour moi une belle occasion de promouvoir et de valoriser notre patrimoine, notre territoire et les gens qui le font. Il y a des perles dans nos régions : des artistes, des artisans, des sportifs et des intellectuels. J’ai envie de défendre ça.  

Ce sont les premières grandes vacances de votre fille âgée de quelques mois… 

Elle a déjà toute la panoplie nécessaire : des lunettes de soleil, des petits bracelets indiens et des maillots de bain, elle est prête.