Il est unique et authentique. Rencontre avec Damien Seguin qui se prépare à courir sa troisième Route du Rhum, cette année. 

Propos recueillis par Alice Colmerauer

Groupe Apicil

Catégorie : IMOCA

Longueur : 18 mètres

Largeur : 5,85 mètres

Tirant d’air : 29 mètres

Tirant d’eau : 4,5 mètres

Poids : 8 tonnes

Vitesse moyenne : 12-13 nœuds

On vous dit Guadeloupéen et « Breton d’adoption » ? 

Bien que je sois né à Briançon, mes racines sont guadeloupéennes. Je suis arrivé sur l’île à l’âge de dix ans, j’y ai fait toute ma scolarité jusqu’à ma première année de fac. J’ai dû partir en 1998 pour intégrer un centre d’entrainement de haut niveau en Bretagne, à Quiberon.

Mais c’est en Guadeloupe que j’ai découvert la voile. D’ailleurs je continue toujours d’entretenir des relations avec les jeunes guadeloupéens des différents clubs de voile que j’ai pu fréquenter à l’époque. De même, je reviens souvent en vacances pour voir mes parents, qui habitent toujours Sainte-Rose. 

Quelle relation entretenez-vous avec l’île « papillon » ?

Elle est très particulière. En 1990, j’ai vu l’arrivée de la Route du Rhum à Pointe-à-Pitre, avec la victoire de Florence Artaud. C’est là que j’ai eu ma révélation « Rhum », je voulais suivre le sillage de ces marins extraordinaires !

Cette année, vous courez avec un tout nouveau bateau… 

Cette année, je participe à ma troisième Route du Rhum. Après deux participations en 2010 et en 2014 en Class40 (monocoque de 12 mètres), je vais courir cette année en IMOCA (monocoque de 18 mètres), la catégorie « reine » des monocoques.

Quelles différences y a-t-il entre les catégories Class40 et IMOCA ?

Le bateau est beaucoup plus grand, donc plus puissant. C’est un challenge particulier, surtout du fait de mon handicap.

Vous avez couru votre première course en IMOCA, la Bermudes 1000 Race (Douarnenez – Cascais) en double avec Jean Le Cam. Comment s’est déroulée cette prise en main ?

La course s’est bien passée, nous avons formé un bon duo. J’ai la chance de pouvoir compter ce célèbre marin dans mon équipe. Cette année, c’est lui qui gère techniquement mon bateau.

Maître Jean vous a-t-il délivré quelques secrets ?

(rires). Ah Jean, forcément quand on navigue avec lui, on prend un petit calepin et on note un peu tout ce qu’il dit ! Grâce à lui j’apprends à être performant, mais surtout à ne pas faire d’erreur. Car cela peut être fatal sur un bateau de cette taille : on peut facilement casser du matériel ou se faire très mal.

Comment s’organise la préparation de votre bateau « Groupe Apicil », à deux mois du départ de la Route du Rhum ? 

Elle s’est déroulée en plusieurs temps. Nous avons acheté le bateau au mois de mars, il a fallu le préparer assez vite pour participer à la Bermudes 1000 Race en mai. Ensuite, je suis revenu tout seul depuis Cascais, au Portugal, donc j’en ai profité pour faire ma qualification pour la Route du Rhum. J’ai ramené le bateau à Port la Forêt, où nous l’avons démâté et modifié d’autres choses. Aujourd’hui, le chantier est fini et nous allons effectuer plusieurs sorties pour fiabiliser le bateau, tester des nouvelles voiles etc. C’est vrai qu’il ne reste plus beaucoup de temps, mais nous sommes dans le timing pour être prêts pour le départ à Saint-Malo.

Pour cette troisième participation à la Route du Rhum, quelle place visez-vous ?

Mon but c’est d’être présent à l’arrivée en Guadeloupe. Après, je reste un compétiteur donc si j’ai la possibilité de décrocher une belle place, je ne me priverai pas. 

Quel est votre budget pour cette troisième participation ? 

J’ai un budget qui est légèrement inférieur à un million d’euros pour préparer la Route du Rhum et voir venir ensuite les différentes échéances jusqu’au Vendée Globe (tour du monde en solitaire, sans escale) en 2020.

Vous avez reçu la légion d’honneur en 2004….

J’ai gagné deux médailles d’or aux jeux paralympiques en voile, ce qui m’a valu cette légion d’honneur en 2004. Cette reconnaissance montre l’impact du parcours sportif sur la réussite.

Quel message souhaitez-vous porter ?

Aujourd’hui, je suis le premier skipper avec handicap à accéder à la classe IMOCA et à pouvoir prétendre faire la Route du Rhum et le Vendée Globe. Ainsi je porte ces valeurs d’intégration le plus loin possible. On peut avoir des petits pépins dans la vie, mais ce n’est pas pour cela qu’il faut abandonner ses rêves.