Le mardi 23 octobre 2018, la Martinique accueillait pour la première fois le Conseil des Régions de France. A l’invitation du Président de Collectivité, Alfred Marie-Jeanne, la délégation a pu profiter de ce déplacement pour conduire une visite de terrain. De quoi s’imprégner des réalités et préoccupations de notre territoire, et discuter de manière libre et élargie des problématiques communes qui mobilisent toutes les Collectivités.

Par Mathieu Rached

Approfondissement de la décentralisation 

A leur arrivée, les Présidents ont participé à un dîner d’échanges sur la portée et les limites de la loi du 27 juillet 2011. A cette occasion, Alfred Marie-Jeanne a évoqué la « nécessaire révision de la loi du 27 juillet 2011, pour en corriger les manquements », ainsi que la question du fonctionnement du Conseil Exécutif, de l’Assemblée, des moyens budgétaires et du pouvoir fiscal. Un sujet qui nécessite une « l’unité de nos territoires », en faveur de libertés fondamentales « qu’il faut élargir, au lieu de les restreindre ». Le lendemain, à la suite du Conseil des Régions qui s’est tenu à la CTM, Hervé Morin, Président de Régions de France et Président de la Région Normandie, François Bonneau, Président délégué de Régions de France et Président de la Région Centre-Val de Loire, Renaud Muselier, Président de la Région Sud-Provence Alpes Côte d’Azur et Alfred Marie-Jeanne Président du Conseil exécutif de Martinique ont lancé les « Assises des libertés locales », qui seront organisées dans chaque région de France au cours des prochaines semaines. Un dispositif marathon inauguré devant l’assemblée de Martinique qui a permis un temps d’échanges avec les élus sur ces enjeux de la décentralisation. Car, tel que les Présidents l’ont souligné, c’est bel et bien « au plus près du terrain que se mènent au quotidien, la bataille contre la pauvreté, l’accompagnement des personnes les plus vulnérables, mais aussi l’accès au logement et à la culture ». Pour Renaud Muselier, il s’agit d’une question de « crédibilité », « ce sont les Présidents de régions qui connaissent le mieux leurs territoires et leurs problématiques, leur bassin d’emploi etc. ». Ce sont donc eux les mieux à même d’agir et de trouver des solutions pertinentes, sur-mesure pour les territoires. Et le Président de la Région Sud-Provence Alpes Côte d’Azur de conclure que ces assises actent « une nouvelle méthode de travail », qui repose sur un tour de table de l’ensemble des régions afin de faire remonter les solutions depuis les territoires vers l’État.

Imparable dynamisme des régions 

Fin septembre, à l’occasion du congrès de Régions de France à Marseille, les Trophées 2018 ont été remis aux Présidents de conseils régionaux, illustrant le dynamisme des territoires et la politique des solutions qui se développent dans les régions. Parmi les projets primés, un fonds de participation qui permet à une collectivité d’entrer directement dans le capital d’une entreprise afin de l’aider à passer un cap ou de sauvegarder un savoir-faire ancestral, un campus de formation de codeurs pour répondre aux besoins d’entreprises locales, ou encore le dispositif Atout Inclusion conçu et porté par la Collectivité de Martinique qui propose un accompagnement complet et personnalisé (psychologique, social, médical) ainsi que des immersions en entreprise à 400 jeunes de 18 à 25 ans qui n’étaient ni en études, ni en formation, ni en emploi.

Économie maritime durable & Biodiversité 

L’après midi, la délégation a pu faire une visite de terrain au Grand Port Maritime puis à la marina du Marin, où il était question de montrer les ajustements de territoire et l’ingéniosité des acteurs à répondre aux nécessités de développement durable, face aux besoins de développement économique et dans un contexte de pression touristique soutenue. Le soir, dans l’enceinte du musée du Père Pinchon, s’est tenue un dîner débat sur les dispositifs mis en œuvre en Martinique pour valoriser et préserver ses atouts naturels face aux catastrophes naturelles, à la pollution aux sargasses et la contamination à la chlordécone. Le Président de la Collectivité a pu revenir sur la nature et la richesse du patrimoine naturel de l’île, « un berceau de la biodiversité des petites Antilles », ainsi que sur la « candidature de la montagne Pelée et des pitons du Nord au patrimoine mondial de l’Unesco, initiée avec Jean-Louis Borloo il y a plusieurs années ». La délégation des Régions de France a également pu découvrir le processus de Labellisation « Forêt d’exception »,
le classement de la Baie de Génipa en Réserve Naturelle ainsi que les actions du PARM et les projets en agro-recherche & innovation portées par l’institution que préside le Conseiller Exécutif Daniel Marie Sainte.

Intégration caribéenne & réchauf-fement climatique 

Les pays de la Caraïbe partagent des défis communs d’ordres climatiques, économiques et sociaux, ce qui les oblige à rechercher conjointement des solutions et à approfondir la coopération et l’intégration régionale. Le premier ministre de Sainte Lucie était invité à apporter son témoignage et sa lecture des enjeux régionaux caribéens.

François Bonneau, Président délégué de Régions de France et Président de la Région Centre-Val de Loire : 

« Les régions ont une bonne gestion, elles ne sont pas surendettées. Si l’État l’est, il ne doit pas en faire supporter la charge sur les régions. » 

Reconstruire la relation Etat / Collectivités 

Quelques jours avant que ne se tienne le Conseil des Régions en Martinique, le Premier ministre recevait les Présidents de Région et de Collectivités d’Outre-mer, lesquels repartaient de la rencontre avec la satisfaction des promesses et annonces du locataire de Matignon. La rencontre intervenait quelques semaines après l’appel de Marseille en faveur d’une nouvelle vision de la décentralisation portée par Régions de France, l’Association des Maires de France et l’Assemblée des Départements de France. Ainsi, à la question du partage des compétences qui répartirait le régalien à l’Etat et la proximité aux collectivités, le Premier ministre répondit de manière favorable en annonçant souhaiter confier aux Régions de « nouvelles expérimentations », plus particulièrement sur le champ des politiques de l’emploi. Il donna aussi son accord pour la reconnaissance d’un droit à la différenciation, lequel poura être acté dans le cadre de la réforme constitutionnelle. Une configuration positive donc, au moment où s’organisent à travers toutes les régions de France les assises de la décentralisation. Un dispositif de réflexion qui se concluera par la présentation d’ici la fin de l’année d’un Pacte Girondin au Président de la République et au Gouvernement.