Environnement, Economie et Social sont les trois piliers du développement durable. Rencontre avec un homme passionné d’économie circulaire et passionnant : Philippe Wattiau, chef de la mission développement durable et évaluation environnementale à la DEAL, la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement. 

Propos recueillis par Cécile Bonnet Faget

Dans quel cadre intervenez-vous et quelle est votre mission ?

Philippe Wattiau : La DEAL de Guadeloupe est un service déconcentré du ministère de la Transition écologique et solidaire chargé de mettre en place les politiques publiques du gouvernement, parmi lesquelles le domaine du développement durable, en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique.

A la tête de la mission développement durable et évaluation environnementale, je travaille en transversalité avec les collectivités et les entreprises du territoire et les autres services de la DEAL (transport, énergie, déchets, ressources naturelles…) pour développer l’économie circulaire.

En quoi consiste l’économie circulaire ?

« A la différence de l’économie linéaire qui exploite des ressources pour fabriquer des produits et rejette des déchets, l’économie circulaire considère ces déchets comme de nouvelles ressources à exploiter. »

C’est un cercle vertueux à tous les égards : on puise moins dans les ressources naturelles,  et les déchets ne sont plus sources de pollution, mais au centre d’une nouvelle économie qui génère des emplois en local et non délocalisable.

L’étroitesse du marché guadeloupéen n’est-il pas un frein ?

Il pourrait l’être et c’est pour cela que nous développons des partenariats avec les entreprises de la Martinique et de la Guyane, dans un premier temps. Ce développement pourrait ensuite s’étendre à l’International vers les autres États de la Caraïbe.

A titre d’exemple, les déchets plastiques qui polluent notre archipel ne suffiraient pas à rentabiliser une filière locale de traitement. Or celle-ci existe en Martinique, et elle est sous-exploitée.

Notre objectif est donc d’organiser une filière interrégionale pour améliorer la collecte du gisement des bouteilles en plastique des Antilles et de la Guyane dans l’usine de traitement martiniquaise.

Non seulement cela générerait des emplois en Martinique, mais également en Guadeloupe et en Guyane, via la collecte et le transport des déchets.

De la même manière, nous projetons la production d’un biocarburant à destination des engins agricoles à partir du recyclage d’huiles alimentaires.

C’est une technique de transformation peu coûteuse qui pourrait elle aussi être rentabilisée en mutualisant les déchets des trois départements et générer ainsi de nouveaux emplois.

Où en est le traitement des déchets en Guadeloupe ?

C’est inégal, mais les choses avancent :

  • La bagasse (déchet de la production de sucre de canne) par exemple est brûlée pour faire de l’électricité.
  • Dans les communes où le tri sélectif est organisé, les déchets sont traités de manière différentielle : le verre est réutilisé dans la composition du béton, tandis que le plastique et le carton sont exportés pour recyclage.

Nous devons aller encore plus loin et faire de nos déchets des ressources utilisables localement, afin de limiter l’exploitation de ressources naturelles.

« En récupérant des déchets du BTP (gravas issus de la destruction de bâtiments) pour entretenir des chemins d’accès aux champs de canne à sucre, mis à mal en période de récolte, les récolteurs ont par exemple cessé d’acheter du gravier et limité l’exploitation des ressources naturelles. »

Comment encourager les initiatives d’économie circulaire ?

Nous avons mis en place, en Guadeloupe, la démarche EIT (Ecologie industrielle et territoriale), levier de l’économie circulaire concernant les entreprises.

Cet objectif de la loi de transition énergétique du 17 août 2015 instaure le principe de l’économie circulaire dans une zone donnée. L’usage par le secteur agricole des déchets du BTP en est une bonne illustration.

Une autre plus récente concerne le traitement de l’ensemble des pneumatiques et bandes transporteuses. En amenant les moyens techniques d’une entreprise de traitement des véhicules hors d’usage à collaborer avec une entreprise de recyclage de pneus, 100% des pneumatiques sont désormais recyclés en Guadeloupe sans aucun investissement, alors que seuls les pneus de taille courante (auto et camion) étaient traités avec des moyens classiques sur l’île jusqu’à présent.

C’est à ce prix et en impliquant tous les acteurs – collectivités, entreprises et citoyens – que l’on parviendra à atteindre les objectifs fixés par la COP21.

Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement
www.guadeloupe.developpement-durable.gouv.fr
FB @DEAL.Guadeloupe.Gouv.fr