Au giratoire de la Jaille, une grande oreille de pierre cernée de découpes de fourmis en mouvement affiche l’ambition du centre de formation SERAC. L’objectif: sensibiliser le grand public aux réalités quotidiennes des personnes sourdes et malentendantes.  

 Par Daniel Rollé

Cette démarche soutenue par la Ville de Baie-Mahault et la Région Guadeloupe exprime plus largement une politique volontariste partagée en faveur des personnes en situation de handicap.

« Apprenons à communiquer ensemble et à cultiver solidarité et bienveillance ». C’est, en substance, le message suggéré et comme incarné dans la pierre par la sculpture monumentale qui trône au cœur du giratoire de la Jaille à Baie-Mahault. Depuis son inauguration, le 23 novembre dernier, l’œuvre interpelle autant qu’elle appelle regards et attention des automobilistes et passants sur ses thématiques-cibles.

Une signifiance opportune

“Ma Sourde Oreille” – c’est le nom de ce projet devenu réalité monumentale – vient utilement lancer à tous « un appel à la tolérance et au respect des différences ». Il met opportunément l’accent sur la communauté sourde et malentendante et, plus largement, sur toutes celles et ceux qui, tout proches de nous, vivent avec un handicap.

Pour sa réalisation, c’est une vingtaine de personnes en situation de déficience auditive qui, aux côtés du maître d’œuvre Jérôme Jean-Charles, artiste plasticien Guadeloupéen, a œuvré pour tailler dans la pierre cette sculpture de près de cinq tonnes, d’une hauteur d’1 mètre 80, pour confectionner la centaine de pièces qui l’entourent, afin de garantir la signifiance symbolique de l’œuvre.

La grande oreille représente, à l’évidence, toutes celles et ceux qui sont en capacité d’entendre mais dont il faut changer, éduquer le regard sur cette population sans parole – au sens du langage articulé –, trop souvent touchée par l’exclusion, tant sociale que professionnelle. Alentour, les fourmis en découpes tourbillonnantes symbolisent ces communautés victimes d’idées reçues persistantes que l’on n’entend pas, qu’on ne voit pas toujours et que nous côtoyons pourtant chaque jour.

Implications responsables

Pour éveiller les consciences sur le quotidien des personnes en situation de handicap, la Ville de Baie-Mahault, la Région Guadeloupe, chef de file de la formation et de l’insertion professionnelle, ont répondu d’enthousiasme à l’initiative lancée par le SERAC Guadeloupe*. 

La Ville de Baie-Mahault a, dès la naissance du projet, soutenu sans réserve l’implantation sur son territoire d’un monument symbolisant ses valeurs de bienveillance et de solidarité assumées à l’égard des communautés concernées, confirmant ses actions partenariales constantes en leur honneur (ateliers gratuits de langues des signes, accueil de stagiaires en ses locaux durant les vacances scolaires…), outre la présence déjà actée en son sein d’agents territoriaux en situation de handicap.

La Collectivité régionale a apporté un appui financier et technique nécessaire à la réalisation de l’œuvre sur un giratoire central, propice à une visibilité maximale à l’échelle du territoire. Une initiative inédite au plan national d’autant mieux reçue que les valeurs partagées qu’elle prône répondent aux objectifs régionaux constants en la matière. En témoignent les recrutements récents de personnes en situation de handicap ou les partenariats pour l’organisation d’événements promouvant l’accès au sport et à la culture pour tous (valides ou non valides).

* SERAC : association et centre de formation créés pour faciliter l’accession des travailleurs handicapés à la vie sociale, culturelle et professionnelle en Guadeloupe.