Sur tous ses territoires d’implantation, la Société d’économie mixte d’aménagement de la Guadeloupe (SEMAG) a jalonné son parcours trentenaire de réalisations structurantes, innovantes et durables. Une vision globale d’aménageur ensemblier confirmée par Laurent Boussin, son directeur général.

Propos recueillis par Daniel Rollé

Quelle conception de l’aménage-ment des territoires la SEMAG s’attache-t-elle à promouvoir au cœur des politiques publiques ? 

Il faut d’abord, à mon sens, se démarquer des stratégies de coups et d’opérations cumulées sans maillage cohérent ni réelle concertation auxquelles on assiste encore trop souvent sur nos territoires. Il est temps de revenir à cette vision d’ensemble d’un aménagement concerté, porté par des outils de planification comme le SAR (Schéma d’aménagement régional) ou le PLU (Plan local d’urbanisme), ou d’autres – qui n’existent pas dans notre département, hélas – comme le SCoT (Schéma de cohérence territoriale, au niveau intercommunal) ou le PLH (Programme local de l’habitat). Ils favoriseraient pourtant utilement la nécessaire organisation spatiale des fonctions « habiter », « se déplacer », « travailler » et « se divertir » proposées à nos populations. Il est grand temps que de tels outils soient mis à disposition, pour que les politiques publiques s’en emparent et que leurs “bras séculiers” (les sociétés d’économie mixte – SEM – présentes localement) puissent les décliner d’un point de vue opérationnel, les traduisant en langage technico-financier et en temporalité. Faute d’explications, d’injonctions politiques en ce sens portées par leurs élus-partenaires, les SEM pourraient être tentées d’ajouter à leur rôle naturel d’aménageurs une dimension d’organisation décisionnelle qui n’est pas de leur ressort.

Quelle synergie opérationnelle faudrait-il, selon vous, mettre en œuvre entre les différentes SEM représentées sur nos territoires pour organiser une telle harmonie fonctionnelle d’ensemble ? 

La responsabilité de toutes les SEM est réelle à ce niveau, en leur qualité d’interfaces entre le pur “privé” et l’expression politique. Pour parler vrai, le fond du problème est qu’on n’ose pas, qu’on n’ose plus créer des opérations d’aménagement d’ensemble. Comme celles qu’on nomme “villes nouvelles” ou “quartiers de grande rénovation” dans l’Hexagone, ou encore les ZAC (zones d’aménagement concerté) mentionnées dans le Code de l’urbanisme. Dans notre métier d’aménageurs, une opération de ce type, sur un territoire délimité, large, significatif, revient à produire une greffe urbaine – soit en recomposition, soit en extension – mais en cohérence et maintenue dans le temps. À cet égard, le “Trophée des Epl” (entreprises publiques locales) décerné en décembre dernier au niveau national, à la SEMAG pour l’opération Parc d’activités La Providence aux Abymes, en découle logiquement, dans une déclinaison industrielle et artisanale. 

Je reste, pour ma part, adepte du partenariat, de la collaboration ponctuelle et signifiante entre les “outils” d’aménagement que sont les SEM (la SIG, la SP HLM, la SIKOA, la SEMSAMAR et la SEMAG à leurs côtés) afin que, par la voix de leurs directeurs généraux respectifs, elles puissent s’affirmer plus efficaces en synergie concertée. À l’heure où les deniers publics se font rares, il est de notre rôle d’optimiser ces “outils”, nécessairement pluridisciplinaires sur nos territoires insulaires, en établissant des relations stratégiques de circonstance, plutôt que, « le couteau entre les dents » de chercher à protéger chacun son pré carré opérationnel avec des logiques concurrentielles ! Sans parler de fusion ni de rapprochement irréalistes, soyons intelligents et cohérents entre nous, recensons nos forces respectives et collaborons collectivement sur des opérations signifiantes. Osons ensemble ! 

SEMAG

Route de Grand Camp Rocade 

97139 Les Abymes

0590 93 23 90 

www.semag.fr