Musée. Depuis son ouverture en 2015, le MACTe a connu certains succès, quelques écueils, aussi. Pour répondre aux attentes de son public, le musée a lancé un vaste chantier de réflexion participatif, pour incarner pleinement son rôle de vecteur de mémoire et de transmission. – Texte Marie Ozier-Lafontaine

Laurella Rinçon, directrice générale du Memorial Acte depuis 2019, est une femme engagée dans sa mission. Convaincue de l’utilité du MACTe dans le paysage culturel guadeloupéen et caribéen, elle œuvre au quotidien pour que le musée soit à la hauteur de ses ambitions, quitte à braver des tempêtes. « Le MACTe a traversé plusieurs zones de turbulences, mais aujourd’hui nous avançons avec une ambition commune : façonner le musée à l’image des Guadeloupéens et des Antillais. » C’est tout l’enjeu du vaste chantier de réflexion programmé pour les 6 prochains mois, « MACTe AN NOU ».

« Une institution telle que le MACTe se construit sur 10 ans. Il était naturel qu’à mi-parcours, nous nous interrogions sur ses résultats en termes d’appropriation et d’utilité publique. »

MACTe AN NOU : poser la question de l’appropriation

« Une institution telle que le MACTe se construit sur 10 ans. Il était naturel qu’à mi-parcours, nous nous interrogions sur ses résultats en termes d’appropriation et d’utilité publique », indique la directrice générale. D’autant que le MACTe est le premier musée exclusivement dédié à ce sujet, synonyme de souffrance, de clivage idéologique, de quête identitaire : la mémoire de l’esclavage et de l’histoire coloniale. Son ouverture a suscité la curiosité mais aussi de nombreuses critiques, traduites par une fréquentation essentiellement touristique (90 % des visiteurs). « Pour inverser cette tendance, il est nécessaire de ne pas commettre les mêmes erreurs que par le passé. Nous allons construire notre nouvelle offre culturelle à partir des attentes du public. »

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1 projet, 5 piliers

Le chantier « MACTe AN NOU » est piloté par le MACTe Lab, réunissant chercheurs, artistes, acteurs de la culture. Il se décline en 5 piliers, impliquant chacun la population.

  • Le MACTe an pawol, pour donner plus de place à la langue créole et à l’oralité dans les espaces du musée et les actes de création.  
  • Le MACTe an dewo, afin d’aller à la rencontre des Guadeloupéens sur le territoire et de recueillir des éléments du patrimoine immatériel, grâce à une structure mobile.
  • Le MACTe Ti moun, pour nourrir le projet de musée pour enfants et organiser, en attendant, une offre pédagogique spécifique pour les enfants âgés de 3 à 12 ans.
  • Le MACTe 3.0, dédié aux jeunes de 15 à 25 ans, pour répondre à leurs questions sur le racisme, la discrimination, les cultures urbaines. 
  • Le MOFWAZE, proposant au sein de l’exposition permanente des œuvres d’artistes plasticiens, de musiciens, de danseurs, (…) pour enrichir la perception des thématiques abordées.

« Tous les 2 mois, nous soumettrons une piste de réflexion au public, et la ferons évoluer en fonction des retours. »

Une démarche participative

Concrètement, le musée interrogera les visiteurs, les Guadeloupéens, les Caribéens sur leur perception du MACTe et leurs attentes vis-à-vis de cet outil. Dans le musée, mais aussi à travers une plateforme numérique, le public sera amené à donner son avis. « Tous les 2 mois, nous leur soumettrons une piste de réflexion, et la ferons évoluer en fonction de leur retour. » Pour le MACTe, c’est l’heure de la co-construction. 

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