E2C : casser les codes de l’insertion des jeunes 

Jill Octavia, directrice de l’École de la deuxième chance (E2C) de Fort-de-France depuis 2017, donne une nouvelle impulsion à cet établissement pas comme les autres.

Par Marie Ozier-Lafontaine

L’Ecole de la deuxième chance est le lieu où tout redevient possible pour les jeunes de moins de 25 ans, sans emploi et sans diplôme.

Comme le martèle Jill Octavia, « les accidents de parcours et les mauvais choix faits par le passé ne doivent pas déterminer la vie d’un jeune ».

En prenant la direction de l’E2C, cette femme passionnée et engagée s’est fixé comme objectif d’en faire un outil d’insertion redoutablement efficace et reconnu au niveau national, comme l’a souhaité son fondateur et président José Blezes. Rencontre inspirante.

Vous êtes psychologue de formation, avez travaillé dans les secteurs de la restauration et de la communication. Comment ce parcours éclectique vous a-t-il menée à l’E2C ?

J’ai d’abord suivi les traces de ma mère, psychomotricienne, en poursuivant des études de psychologie à Toulouse. Mon master en poche, j’ai décidé de me lancer un défi : l’entrepreneuriat.

Co-gérante de deux restaurants puis à la tête d’une petite agence de communication, j’ai appris la gestion, le management, la communication, la relation clients… C’était passionnant, mais quelque chose manquait : je ressentais le besoin d’être utile à ceux qui en avaient besoin.

J’ai repris mes études et obtenu un master des Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation (MEEF). J’ai alors accompagné des publics aux parcours extrêmement difficiles : réfugiés, vétérans de guerre, jeunes de quartiers très sensibles…

En 2013, je suis rentrée en Martinique et ai intégré l’E2C. Ce parcours professionnel est un atout pour mener les projets de l’école de manière différente.

Pourquoi avoir choisi l’École de la deuxième Chance ?

Disons que nous nous sommes choisies (rires) !

J’ai d’abord occupé le poste de responsable pédagogique, avec pour but d’en faire une institution labellisée et reconnue par le réseau national des Ecoles de la deuxième Chance.

Pari gagné en 2014, grâce à une équipe dynamique et très impliquée ! En 2017, j’ai été promue à la direction de l’école.

Avec mon équipe de formateurs, nous accompagnons cent vingt jeunes par an, tous déscolarisés depuis des années, souvent marginalisés ou rejetés.

Nos objectifs : l’acquisition d’un socle de compétences de base et l’employabilité.

60% des jeunes trouvent un emploi ou intègrent une formation certifiante ou qualifiante dans les mois qui suivent leur sortie de l’école. Nous en sommes fiers !

Comment parvenez-vous à ce bon résultat ?

Par un travail d’équipe sans relâche et avec une bonne dose de créativité.

Nous enchaînons les projets novateurs, soutenus par nos financeurs – la Collectivité Territoriale de Martinique, la CACEM et l’Etat – et en partenariat avec les entreprises locales.

Au-delà du programme pédagogique dédié, de l’accompagnement individuel et des stages en entreprise, je mets en place des projets transversaux et ludiques, dans lesquels les jeunes ont de vraies responsabilités.

Chaque année, ils sont amenés à prendre en charge des initiatives citoyennes, comme la collecte de sang ou des actions de protection de la nature. En 2019, ils créeront un support audiovisuel de A à Z et apprendront à cultiver un potager ! 

Comment arrivez-vous à convaincre les entreprises d’embaucher les jeunes de l’E2C ?

Pour être admis dans l’école, les élèves doivent faire preuve de motivation et d’assiduité : les entreprises apprécient cet engagement de leur part.

Nos partenaires, comme la SARA ou l’EFS, ont compris que ces jeunes ont du talent et les bases nécessaires à une bonne intégration dans l’entreprise.

De plus, nous poursuivons l’accompagnement de chaque jeune après son embauche. C’est aussi un gage de réussite !