Qui n’a déjà reçu sur son smartphone des petites images en couleurs, visages, mains, cœurs ? Qui ne s’est pas déjà amusé à répondre avec de telles images ?

Vous vous êtes aussi parfois demandé le sens exact des dessins ?
En devinant que le cœur était sans doute signe d’affection, mais  en vous interrogeant sur tel ou tel petit visage : le sourire était-il grinçant, moqueur ou engageant ? Tel geste de la main, insultant ou chaleureux ? Car il faut connaître le sens supposé de ces signes pour pouvoir les comprendre…

Dès l’invention de la première émoticône typographique « 🙂 », un nom anglais lui est donné : « smiley » à l’image du célèbre smiley – le visage souriant dans un cercle jaune. Ce n’est que plus tard, en 1990, qu’est proposé le terme « emoticon » en anglais (mot-valise entre émotion
+ icône) pour décrire convenablement le phénomène, puis en 1996 sa traduction littérale « émoticône » en français.

Les émoticônes, représentant symboliquement des expressions faciales dans les textos ou les emails, peuvent apparaître comme dépassés par les emojis, en fait ils en sont les premiers signes. C’est au Japon, que Shigetaka Kurita a créé, dans les années 90, les premiers emojis. Ce mot signifie image (-e-) + texte (-moji-). Au fil des années, ils ont conquis de plus en plus de pays. Non seulement ils représentent toutes les expressions des visages, mais aussi des gestes des mains, des vêtements, des personnages en action, des voitures, des animaux, de la nourriture. Les emojis jouent le rôle de la communication non-verbale, comme les gestes lors d’une conversation écrite par téléphone portable.

Supposant un minimum de connivence et de complicité entre l’émetteur et le destinataire, les emojis ont été longtemps cantonnés à la communication entre adolescents – moyen de montrer qu’ils étaient rompus au langage Internet – mais ils ont vite migré dans toutes les communications et se sont appropriés toutes les nuances culturelles, gestes, maquillages, habitudes alimentaires, sports, habitations de tous les pays…

En effet avec les emojis on rentre bien dans le domaine des émotions, de la complicité, et surtout de l’immédiateté… Car à toutes ces nuances de sourires ou de clins d’œil il faut ajouter le fait que les conversations écrites peuvent se faire en « direct », que l’on est informé si l’interlocuteur est en ligne, s’il a reçu ou non le message, à quel moment il l’a reçu, on peut suivre ainsi à la seconde près ce qu’il ressent même à l’autre bout du monde, on peut dire alors que les émotions voyagent subtilement à travers l’espace numérique…

Cela rappelle que de tout temps, on a pu trouver le moyen de communiquer ses sentiments : les ingénues du théâtre de Molière ou de Beaumarchais passaient des partitions de musique à leurs amoureux, clandestins, plus tard à l’école ou au collège les élèves communiquaient sous les tables avec des petits papiers pliés pour délivrer des messages à l’autre bout de la classe, qui pouvaient changer le cours de leur journée, de leur vie pensaient-ils…

La technologie a évolué à pas de géants, mais pas l’âme humaine : que l’on soit un enfant ou un adulte chargé d’expérience, nous restons tous sensibles aux images schématiques des emojis, qui nous souhaitent un anniversaire, une fête, un bon voyage et nous pouvons tous être émus par un simple baiser…