Benjamin d’une fratrie de huit enfants, Josué Leguier a grandi Cité des Lauriers à Pointe-à-Pitre. Aujourd’hui responsable marketing au sein d’une multinationale cotée en bourse, il nous raconte son parcours atypique.

Par Cécile Bonnet Faget

Vous occupez un poste très important. Comment êtes-vous parvenu jusque-là ?

Josué Leguier : Adolescent, je rêvais déjà de partir aux Etats-Unis, alors mon baccalauréat en poche, j’ai suivi l’exemple de l’une de mes sœurs et je me suis inscrit dans une université américaine à Porto Rico. J’ai passé un Bachelor en publicité, puis un MBA en marketing. J’avais à cœur de m’investir pour mon pays alors une fois diplômé, je suis rentré en Guadeloupe. Après une petite expérience dans la communication, j’ai travaillé pendant cinq ans pour une importante société américaine en tant que responsable commercial Antilles-Guyane, avant de rejoindre le groupe Arcos Dorados qui exploite la franchise McDonald’s en Amérique Latine et qui me proposait ce poste de responsable marketing, plus en adéquation avec ma formation et mes objectifs professionnels.

Etre Guadeloupéen est-il un atout pour occuper ce poste ?

McDonald’s est une entreprise très orientée marketing et toutes les initiatives tenant compte de la localisation géographique sont vivement encouragées. Nous avons toute liberté pour mettre en œuvre des stratégies locales et c’est évidemment plus facile lorsque l’on est un enfant du pays. Le sandwich créé il y a deux ans pour la saison estivale à partir d’une recette locale, les campagnes de communications en créole ou les animations organisées dans nos restaurants pour le Carnaval en sont de bons exemples. Ces opérations ont rencontré beaucoup de succès et elles m’ont été largement inspirées par ma propre histoire. 

McDonald’s est également le partenaire incontournable des grands événements sportifs et culturels sur l’île. Or, à l’instar de mes frères et sœurs, je me suis investi dès mon plus jeune âge dans les milieux associatifs du sport et de la musique, qui sont mes deux grandes passions. Aujourd’hui encore, je pratique la course et la natation, et je suis leader de Maroon Awmoni, un groupe de musique caribéenne. De par cette implication, je suis toujours au fait de ce qui se passe en Guadeloupe. 

Qu’avez-vous retiré de votre expérience passée à l’étranger ?

Cela m’a énormément appris, sur moi-même et sur les autres. Pendant mes études à Porto Rico, j’ai continué à m’adonner au sport et à la musique :
j’étais capitaine de l’équipe de football de l’université (« soccer » aux USA) ce qui m’a valu une bourse, et j’avais monté avec des musiciens guadeloupéens et portoricains un groupe de percussions qui se produisait régulièrement. J’ai même mis en place un programme d’échange culturel entre la Guadeloupe et Porto Rico nommé Gwaricua qui a permis a plus de cent vingt musiciens de se produire en dehors de leurs frontières. Ces activités m’ont ouvert sur d’autres cultures de la Caraïbe et des Amériques. Beaucoup de ces communautés sont représentées en Guadeloupe, parmi notre clientèle et nos collaborateurs et connaître ces différentes sensibilités m’a beaucoup aidé dans l’exercice de mon métier.

Que conseilleriez-vous à des jeunes Guadeloupéens qui veulent réussir?

Le premier conseil que je leur donnerais, c’est d’avoir un rêve et de s’y accrocher. Le second, c’est de ne pas hésiter à partir pour mieux revenir. Avec la mondialisation, nous n’avons pas d’autre choix que de nous ouvrir vers l’extérieur, notamment lorsque l’on grandit dans un territoire entouré de nombreux pays étrangers. Partir à Porto Rico m’a permis d’apprendre l’anglais et l’espagnol en plus du français et du créole, mes langues maternelles. C’est un véritable atout pour faire carrière dans la Caraïbe, d’autant plus si l’on souhaite travailler pour de grandes marques internationales. Grâce au parcours atypique que j’ai suivi et à force de travail, j’ai pu revenir dans mon pays pour exercer le métier que j’avais choisi. Le père de famille que je suis aujourd’hui ne peut qu’encourager les jeunes à suivre cet exemple.