Rosette Lysimaque est psychologue clinicienne, spécialisée dans le décodage biologique et la compréhension des traumatismes. Après quarante ans de vie professionnelle, elle a donné son premier cycle de conférences en Guadeloupe pour rendre accessible les neurosciences au plus grand nombre.

Propos recueillis par Alice Colmerauer

Votre première conférence développe l’influence de l’hérédité sur l’inconscient… 

En effet. Elle s’intitule « mémoire de fœtus et place de nos valises transgénérationnelles ». 

Nous sommes la somme de trois inconscients : le nôtre, celui de notre mère et celui de notre grand-mère. Par ricochet, l’inconscient de la lignée paternelle rentre aussi en compte. Nos valises sont donc parfois lourdes à porter et la « loyauté familiale » est un invisible inconscient, très puissant.

Ainsi les émotions sont des révélateurs d’inconscient…

La partie « émotionnelle » du cerveau, soit une grande bibliothèque avec toute la mémoire du ressenti, est opérationnelle dès trois semaines de vie fœtale. L’émotionnel est mis en place dès notre création, c’est dire comme il occupe une place importante !

La psychologie comportementale voit les choses ainsi : plutôt que d’être dans l’émotion, il faut se questionner sur son ressenti pour comprendre comment opère l’inconscient.

En quoi les maladies sont liées aux émotions ?

Une émotion, c’est un biochoc enregistré par notre corps, qui modifie sa biochimie. Le mal de dos, l’estomac noué, les palpitations… sont des manifestations physiques de nos émotions. Ainsi toutes les maladies sont de l’émotionnel figé. 

La maladie n’est pas un programme de mort mais de guérison. Kiran Vias, maître ayurvédique, utilise cette allégorie : « le jour de votre naissance, dieu a mis un tampon sur votre front avec écrit « bon pour cent ans de santé » ». Car notre corps a pour mission de nous garder en bonne santé ! La douleur est en réalité un « doux leurre » qu’envoie le corps pour dire « regarde ce que tu me fais ».

Il est possible de prévenir l’apparition de maladies…

L’angoisse et les sensations douloureuses sont programmées dans notre mémoire cellulaire, elle-même issue de celle de nos parents et des générations précédentes.

Ainsi la mémoire cellulaire est encrassée, ce qui impacte notre système hormonal, lymphatique, neurologique… et peut favoriser l’apparition de maladies. La méditation de pleine conscience peut aider à la déprogrammation de cette mémoire. Mais le processus de guérison commence tout simplement en amont par l’arrêt du jugement de soi-même et des autres.

Aujourd’hui 95% des médecins approuvent que le réel motif d’une consultation c’est le stress.

J’ajouterai donc le conseil avisé de Mathieu Ricard, docteur en génétique devenu moine bouddhiste, qui affirme que plus on rit, plus on se détend, plus on se rapproche du processus de guérison. Il faut donc avant tout rire de soi et de ce que l’on vit.

Lorsque la douleur est présente, comment la combattre ?

Il y a trois éléments qui rentrent en compte dans le processus de la douleur : le corps physique, le cerveau qui est un super ordinateur avec un logiciel donné pour chaque action, et le mental qui est le maillon final. 

André Van Lisebeth, grand maître yoga en Europe, a encouragé dans une centaine d’hôpitaux la pratique du yoga et de la méditation pour avoir un mental apaisé. Le patient peut ainsi laisser l’émotion dans un coin pour se donner assez d’espace pour gérer le reste de la situation. 

Le chemin de la guérison existe…

Bien entendu ! Les neurosciences existent depuis 1962. Mais déjà cinq cents ans avant Jésus Christ, Hippocrate énonçait : « l’art de la médecine se compose de trois termes : la maladie, le malade et le médecin. Le médecin est le desservant de l’art. Le malade doit s’opposer à la maladie avec l’aide du médecin. » Personne ne peut dire ce que le malade ressent. C’est une association entre son corps, lui-même et ses émotions. Ce n’est pas le médicament ni le médecin qui va le guérir. Mais toute cette alliance avec en plus une bonne hygiène de vie.