La Maison des DYS, initiative du lycée de la Jetée et d’Alternative Espoir 

Changer l’école ? Un lycée de Martinique commence par changer la vie des élèves souffrant de troubles DYS.

« Dégager un peu de temps et trouver les bons outils »

Voici ce dont nous avons tous besoin quand nous faisons face à certaines difficultés, challenges ou projets.

C’est aussi ce que les élèves DYS nécessitent pour réussir leur scolarité comme n’importe quel lycéen. Pas plus, pas moins.

Au lycée de la Jetée, au François, c’est ce que le proviseur et l’association Alternative Espoir ont réussi à mettre en place depuis la rentrée 2018 en créant « la Maison des DYS ».

Baptisée ainsi à l’image de « la Maison des lycéens », il s’agit d’un rendez-vous hebdomadaire conçu pour ces adolescents qu’on appelle « DYS ».

Dyspraxique, dysphasique, dyscalculique, dyslexique… Ils éprouvent certaines difficultés en matière d’écriture, de lecture, pour se concentrer ou alors pour les activités numériques.

Dans ce lycée donc, chaque lundi de 13h à 14h, ils forment un groupe hétérogène et rejoignent une des salles de l’établissement en présence d’une psychologue, d’un membre de l’association Alternative Espoir, d’une AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap) ou d’un professeur bénévole, pour trouver le temps et les outils.

Objectif premier : reprendre confiance en soi

Dans ce cadre et ce temps scolaire sur-mesure, la trentaine de lycéens va manipuler et tester des matériels adaptés à leurs difficultés en termes d’orthographe, de grammaire, de calcul, de dextérité… « et se redonner confiance », explique Aude Alexandre, membre bénévole de Alternative Espoir et parent d’élève DYS.

Une mission capitale pour le proviseur de ce lycée, Didier Marmot, qui expérimente le dispositif depuis janvier dans le cadre du projet CARDIE du Rectorat.

Tout est parti d’un constat d’inégalité face aux difficultés des élèves DYS :
« certains enfants sont aidés en dehors du lycée, d’autres pas, explique le proviseur.

Par ailleurs, au quotidien dans l’enceinte du lycée, les professeurs ne pouvaient pas toujours assurer un accompagnement adéquat, faute de formation ou simplement faute de temps ».

D’où l’idée de faire venir directement dans les murs du lycée, l’association Alternative Espoir.

Une expérimentation que le proviseur compte reconduire à la rentrée et qui pourrait surtout « s’étendre et bénéficier à d’autres établissements et d’autres territoires », avance-t-il avec enthousiasme.

Les chiffres nationaux font état de 6 à 8% de la population concernée par des troubles DYS.

« C’est une certitude, tous les établissements scolaires ont des élèves DYS…», complète Didier Marmot.

Exploiter son potentiel au-delà des troubles DYS

L’accompagnement des enfants DYS est d’autant plus capital que très souvent, tels qu’en témoignent le corps enseignant et les parents, il s’agit d’élèves qui, au lieu de s’épancher et partager leurs difficultés resteront très discrets… déployant des trésors d’énergie en faveur de techniques d’évitement pour contourner leurs difficultés.

La Maison des DYS normalise leur condition, permet de jouer carte sur table pour leur faciliter la vie et, mieux, faire de cette énergie dont ils sont capables leur propre potentiel scolaire.

Comment ? Le suivi psychologique est tout aussi important que la mise à disposition de solutions concrètes avec du matériel dédié :

• une imprimante grossissante
• la possibilité de taper ses cours sur un clavier plutôt que stylo à la main
• recourir à des règles d’appui pour écrire…

Tout cela va constituer une petite révolution, « en facilitant la prise de notes, la concentration et la réussite de ces élèves », décrit Aude Alexandre.

Une fois la confiance conquise par les élèves, vient la question de l’accompagnement humain en dehors de la Maison des DYS…

Le proviseur prévoit un second volet avec à terme « une formation pour les professeurs du lycée et une autre dédiée aux parents ».

Du temps et des outils pour les adultes, pour désacraliser les troubles DYS et garantir une continuité aux enfants DYS entre le lycée et le foyer.