En mars, avril et mai, jamais nous n’avons aussi peu utilisé la voiture. Quelles conséquences financières, techniques et organisationnelles pour l’unique raffinerie des Antilles-Guyane ? Éléments de réponse avec Philippe Guy.

Raffinerie à l’arrêt

Fin mars, la consommation est au ralenti, les bacs de stockage de diesel, d’essence et de fioul lourd sont pleins, les unités de production sont alors mises à l’arrêt. « Au total, ces réserves de 450 000 m³ en Martinique, 103.0000 m³ en Guadeloupe et 150 000 m³ en Guyane permettent de couvrir les besoins habituels des territoires pendant 4 à 6 semaines », précise Philippe Guy.

Bien que rares, les arrêts font partie de la vie de la raffinerie, tous les 2 ans pour des vérifications et tous les 6 ans, pendant 2 mois, pour une révision totale et approfondie. Il peut également arriver qu’une unité de production soit arrêtée du fait d’un souci technique. Ou encore, comme ce fut le cas en novembre 2018, où, faute d’approvisionnement suffisant en eau, la raffinerie a été arrêtée pour des raisons de sécurité.

Cette fois-ci, cet arrêt forcé par la crise sanitaire a été mis à profit pour effectuer des travaux de sécurité, « 23 interventions assez lourdes réalisées par des entreprises locales et une quinzaine de spécialistes venue d’Hexagone », détaille Philippe Guy.

Une fois remise en route, fin mai, elle tournera à nouveau à plein régime de production au bout de 10 à 15 jours.

12,5 millions de pertes

Les chiffres sont sans appel. Un résultat net de -12,5 millions d’euros pour le mois de mars, et un chiffre similaire attendu pour le mois d’avril… « Un uppercut », commente Philippe Guy, « mais nous sommes debout ».

Dans ces conditions absolument extraordinaires, la SARA tient bon parce qu’elle est très peu endettée et s’appuie sur une trésorerie saine.

L’entreprise a d’ailleurs fait le choix de ne pas reporter le paiement de ses charges et de ne pas bénéficier des aides de l’État. 

« Nous considérons que ce sont aux acteurs plus petits d’en bénéficier », explique Philippe Guy.

Quid du prix de l’essence ? Va-t-il augmenter pour compenser les pertes ? « Il n’y aura pas de réajustement », sourit le directeur général. « Le prix du carburant est fixé selon exactement les mêmes modalités qu’avant la crise Covid-19, en fonction des cours mondiaux et indépendamment des difficultés actuelles »

Investissements maintenus

C’est un coup dur certes, mais la situation ne remet pas en cause la politique d’investissement et développement industriel de la SARA certifiée ISO 9001. « On poursuit avec le même calendrier et la même ambition de nous développer et nous doter des meilleures installations », assure Philippe Guy.

En Guyane, les projets en cours sont en bonne voie et en Martinique, l’unité de production d’eau industrielle verra le jour à la fin d’année.

Quant à la pile à hydrogène, officiellement inaugurée en décembre 2019, elle sera mise en marche au plus tôt et produira 1 Mégawatt/heure soit l’équivalent de la consommation électrique de 1 500 foyers.

Politique RSE renforcée

Comme les investissements, le volet social et solidaire des dépenses engagées par la raffinerie ne faiblit pas et s’adapte à la crise traversée. Pendant le confinement plusieurs opérations ont été montées, avec notamment les bons de carburant pour les membres du personnel soignant, des paniers repas pour les personnes démunies, la remise de jeux et de protections dans les EHPAD…

Dans les premières semaines du déconfinement, l’engagement de la SARA se poursuit, soutenu en ce sens par Rubis mécénat (le groupe Rubis est le propriétaire de la SARA, ndlr) qui a mis à disposition un fond pour ces actions d’ordre social, sociétal et solidaire sur les trois territoires.

SARA Antilles-Guyane
www.sara-antilles-guyane.com
FB @lasara.antillesguyane

Cet article a été initialement publié dans l’e-magazine EWAG | Nos sociétés s’adaptent. Découvrez le magazine complet et son contenu interactif en cliquant ici.