La crise n’a pas pu disparaître le 11 mai sur ordre de l’Élysée. Alors, pour y faire face, le Président de la CTM garde le cap « développement local » et veut relever un double défi : réussir à donner sa place à chacun et faire rayonner la Martinique au sein du bassin caribéen. 

Photo Jean-Albert Coopmann

Face à la crise, il avait fallu réagir vite. La priorité a été d’amortir les effets de la mise à l’arrêt du pays, avec la création de dispositifs spécifiques économiques et sociaux (fonds de subvention et prêt territorial).

Dans le cadre du fonds de subvention territoriale, une clause exceptionnelle précisait même que l’entreprise demandeuse n’avait pas obligation de prouver qu’elle était à jour de ses cotisations sociales. « En effet, il fallait agir et accompagner coûte que coûte les acteurs économiques martiniquais », commente Alfred Marie-Jeanne.

La seconde étape consiste aujourd’hui et demain « à éviter la déstructuration du tissu social et économique par la relance de l’activité, à condition de repenser notre modèle de développement », poursuit le Président de la CTM.

En Assemblée plénière, le 11 juin, dans son propos introductif, il a ainsi dressé les besoins et orientations nécessaires au territoire : 

  • Relocaliser sur le territoire des cycles de production. 
  • Susciter l’émergence d’entreprises solides et agiles, capables de s’adapter aux mutations soudaines.
  • Veiller au renforcement des compétences pour développer des expertises qui tiennent compte des atouts et des aléas intrinsèques au territoire.
  • Systématiser l’utilisation du numérique et l’intégration des pratiques digitales dans les stratégies d’aménagement, de production, et de communication 
  • Déployer des outils et des équipements pour réduire les fractures territoriales et favoriser l’accès de tous aux services essentiels. 

Les projets conduits par la CTM au service du développement du territoire ne datent certes pas de la crise Covid-19, ils se poursuivent et s’apprécient d’un œil neuf, avec une dimension d’ancrage régional à ne pas sous-estimer. 

Faciliter la coopération médicale 

Les médecins cubains. C’est l’exemple d’actualité de la coopération caribéenne dont le territoire pourrait tirer parti. D’un côté, un manque identifié de certains spécialistes (diabétologues, néphrologues…), de l’autre côté Cuba et sa très reconnue coopération médicale internationale.

Fin mars, une cinquantaine de ces médecins et infirmiers formés à Cuba avaient déjà pu rejoindre un autre territoire européen, la Lombardie, région la plus touchée d’Italie par le coronavirus.

Depuis le mois d’avril, en Martinique, la logistique est prête pour les accueillir : hôtel et transport ont été réservés, leur arrivée est imminente mais retardée.

« Que d’obstacles à une franche et amicale coopération approuvée par le gouvernement lui-même ! », commente le Président de la CTM, appelant à nous interroger sur la levée des freins à l’ouverture à notre environnement caribéen dans un cadre humanitaire.

En effet la venue de médecins cubains fait consensus auprès même du Président de la République avec qui Alfred Marie Jeanne s’est régulièrement entretenu. « Il ne s’agit pas d’importer de foyer insurrectionnel » s’était–il même amusé lors d’une réunion de travail avec Paris, faisant sourire le Président de la République et la ministre des Outre-mer.

Cette coopération souhaitée par tous (élus de la CTM, Président de la République, Assemblée nationale, ARS Martinique et CHUM, Clinique Saint-Paul), augurera sans doute d’un élargissement de ces opportunités concertées de coopération régionale.

Devenir un pôle régional de médecine nucléaire

Les opportunités du continent caribéen sont réelles. Si de fait, les regards se portent spontanément vers l’Europe, la Caraïbe a elle aussi un rôle croissant à jouer dans le développement du territoire.

« Au cours de la crise, les bons rapports entretenus avec la Dominique et Ste Lucie ont permis d’éviter une situation de pénurie de médicaments, décrit le Président Marie-Jeanne. Les deux îles voisines ont répondu favorablement aux besoins du CHUM relayés par la CTM ».

La coopération ponctuelle existe et elle pourrait se généraliser, ainsi avec le développement de la médecine nucléaire qui inclut le cyclotron dont le CHUM est en train de se doter.

« Le cyclotron, pour lequel 11 millions d’euros ont été investis par la CTM, pourra faire de la Martinique l’épicentre de cette offre médicale régionale. »

Outil de pointe de diagnostic et de traitement des cancers, le cyclotron permettra aux Martiniquais d’être mieux diagnostiqués, pris en charge et soignés sur place et non plus à Paris, et bénéficiera aussi aux  autres populations caribéennes. Aujourd’hui une personne sur deux quitte un pays de la Caraïbe pour se faire soigner un cancer.

Prendre soin des plus fragiles 

Soigner les gens avec des outils de pointe comme être en mesure de prendre soin des plus faibles et des plus fragiles fait partie intégrante des politiques de développement local. Certes, le secteur social n’est pas « rentable » au sens du résultat économique pur mais il influence considérablement le développement, le ressenti de la population et son adhésion à la prospérité de son territoire, à sa destinée.

« Soigner et préserver les malades augmente l’inclusion des habitants dans la société et pose les fondations de la Martinique de demain et après-demain », résume Alfred Marie-Jeanne.

Aussi, au cours de la crise Covid-19, une attention particulière a été portée au « Dispositif exceptionnel d’urgence Solidarités- COVID-19 », qui comprend des aides financières individuelles, un soutien aux CCAS, un soutien aux associations caritatives et la participation au plan de lutte contre l’isolement élaboré en partenariat avec l’Etat.

Parallèlement à quoi, les mesures d’accompagnement des populations fragilisées ont été renforcées : personnes âgées, personnes handicapées, enfance.

La même attention était de mise à propos du maintien des prestations des personnes en difficulté pour éviter toutes ruptures. C’est le cas du portage de repas et du versement des allocations telles, le RSA, l’APA et la PCH.

« Agir au niveau des solidarités fait partie de nos responsabilités », répète le Président, ce qui exige une concertation étroite avec les personnes de terrain, comme ce fut le cas avec les EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes), les Etablissements de l’enfance, et les Foyers d’hébergement de personnes handicapées, qui ont poursuivi leurs missions dans le cadre de plans de continuité d’activité à la demande et sous le contrôle de la CTM.

« Les missions ont été remplies et aucun décès au titre du COVID-19 n’a été recensé dans ces établissements », souligne et se félicite le Président du Conseil Exécutif.

Mises bout à bout, toutes les actions de la CTM œuvrent à assurer un certain niveau de développement autonome, c’est-à-dire bien sûr tenir bon pendant les crises, sanitaires ou autres, s’ancrer dans son écosystème et créer les bonnes conditions pour que chacun puisse regarder vers demain depuis son territoire, tous ensemble.

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