C’est dans son bureau sous le regard bienveillant de Man Soso que François Derudder, à la tête de la DAC depuis un an, nous reçoit. L’institution est restée aux côtés des acteurs culturels pendant la crise sanitaire. 

Originaire du nord de la France, François Derudder a intégré le ministère de la Culture comme inspecteur et conseiller de la création. Avant son arrivée à la direction de la DAC de Guadeloupe, il occupait les fonctions de Directeur adjoint de l’Institut National Spécialisé d’Etudes Territoriales – Cnfpt de Nancy.

Comment la DAC Guadeloupe aide-t-elle à la reprise des activités artistiques après le confinement ? 

François Derudder : La DAC est restée ouverte et mobilisée pendant la période de confinement, nous avons mis en place un plan de continuité d’activité comme d’ailleurs tous les services de l’Etat.

Nous avions la mission primordiale de faire le lien et de maintenir le dialogue avec les acteurs de la vie culturelle. Rapidement nous avons mis en place les plans de soutien avec l’appui du ministre de la culture et du préfet de région qui souhaitaient que ces plans se traduisent en actes concrets.

Notre objectif était de garantir nos engagements financiers d’avant la crise et de poursuivre nos efforts de mobilisation pour l’installation de nouveaux dispositifs comme la prolongation d’une année du régime de l’intermittence.

Il s’agissait pour nous de s’assurer que la chaine économique et sociale du patrimoine, du spectacle et de l’action culturelle ne soit pas rompue en garantissant l’engagement et le suivi des dossiers et projets ainsi que le paiement des subventions au plus juste des réalités.

Je remercie ici mon équipe qui n’a pas ménagé son énergie et son action en écoute et en dialogue, et je tiens à souligner l’engagement des services administratifs et comptables qui se sont mobilisés tant en distanciel qu’en présentiel. 

Une de vos missions est de « contribuer au développement culturel de la Guadeloupe »… 

La culture s’inscrit dans les territoires, elle participe à l’identité locale. Pour tenter de la développer nous nous appuyons sur les initiatives, les savoirs-faire, la créativité des artistes qu’ils soient professionnels ou amateurs, les métiers d’art et les responsables locaux en partenariat avec les collectivités. Toute les forces qui s’unissent facilitent le développement de la culture.

« Les responsables locaux sont de plus en plus conscients des enjeux culturels rattachés à leur collectivité ou regroupement intercommunal, et avec eux nous tentons d’offrir au plus grand nombre l’accès à la culture et au patrimoine, je pense ici à la plateforme « culturecheznous. » »

La place conférée aux professionnels patrimoniaux ou culturels, en particulier aux créateurs, acteurs, artistes interprètes, producteurs apparait comme un enjeu essentiel, mais ne doit pas faire oublier notre action quotidienne en faveur du développement culturel et éducatif ni l’accompagnement territorial des initiatives d’éducation populaire.

Le développement des publics et de la connaissance reste au cœur de notre action.

Le dossier de ce mois est consacré au développement local. Que représente la culture dans l’économie guadeloupéenne ? 

Il est difficile de s’appuyer sur des chiffres, néanmoins la culture est un vecteur de développement économique et touristique. Malheureusement en Guadeloupe, la filière culturelle n’est pas complètement organisée tant au niveau des réseaux professionnels que de la formation continue et permanente.

On connait le poids de l’intermittence, la place de certains métiers comme ceux du cinéma et des techniciens mais nous avons très peu d’informations fiables sur un secteur qui répond à plusieurs logiques et pas toujours à celle de sa propre économie. 

C’est un regret car c’est par l’observation et la connaissance d’une filière que nous pourrons poser les bases de l’accompagnement de son développement. En ce sens, nous avons passé une convention avec la délégation régionale du Cnfpt (Centre National de la Fonction Publique Territoriale) avec l’objectif de développer le partage d’expérience en s’appuyant sur la constitution de réseaux professionnels.

Nous opérons un rapprochement avec Pôle emploi et l’Afdas (opérateur qui finance la formation continue des salariés d’entreprise et des intermittents, Ndlr) afin d’avancer sur le sujet et nous avons l’ambition de travailler à la mise en place de conventions de développement culturel avec les intercommunalités.

La DAC accompagne les artistes guadeloupéens 

Malgré le COVID-19 et le report de certains projets internationaux, la DAC accompagne, pour 2020-2021, six artistes guadeloupéens pour des projets de résidences (Guy Gabon en résidence à Atlanta), ou d’expositions (Kelly Sinnapah Mary pour la Biennale de Sao Paulo, Jean-Marc Hunt et Ronald Cyrille pour l’itinérance de l’exposition « Dust specks on the sea » à Los Angeles et Albuquerque, Denis Ninine pour une exposition personnelle à la galerie l’ARTiste à Montréal, Samuel Gelas pour deux expositions à Dakar et Saint-Louis dans le cadre du programme Off de la Biennale de Dakar) à l’étranger.

Depuis votre nomination le 7 mai 2019 à la DAC, qu’avez-vous découvert de la culture guadeloupéenne ; quel fait culturel dit, selon vous, le plus la personnalité de la Guadeloupe ? 

C’est une question très riche. Mes collaborateurs, en signe de bienvenue, m’ont offert le portrait de Man Soso, figure de la Guadeloupe, pionnière du Gwo Ka que je continue de découvrir et qui est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. C’est l’âme de la Guadeloupe. 

DAC Guadeloupe
28 rue Perrinon
97100 Basse-Terre
0590 41 14 50
www.culture.gouv.fr/Regions/Dac-Guadeloupe
FB @culture.gouv.fr