La formation « multitechnique » répond spécifiquement aux besoins des populations amérindiennes : elle les forme pour qu’elles retournent ensuite dans leur village, riches de nouveaux savoir-faire. Zoom sur une formation à forte valeur ajoutée avec la Capitaine Flora.
L’identité guyanaise est multiple. « La France a deux peuples premiers, expliquait Annick Girardin, ministre des Outre-Mer de 2017 à 2020, dans une interview au Figaro en juillet 2019. Il faut que nous puissions nous impliquer aux côtés de ces peuples premiers, de leur spécificité, du besoin d’accompagnement ».
Dès 2016, dans le cadre de sa mission de formation et d’insertion de la jeunesse guyanaise, le RSMA a intégré pleinement cette dimension en mettant sur pied une filière multitechnique, dédiée aux populations amérindiennes.
Celle-ci devait concrétiser sur le terrain la stratégie du gouvernement, qui voulait faire de l’insertion professionnelle l’une des cinq priorités pour « donner une perspective d’avenir positive aux Outre-mer » et qui identifiait également « le mal-être des populations des communes de l’intérieur , vivant sur les rives du Maroni et de l’Oyapock ».
Essai pilote dans le haut Oyapock
En 2016, la filière multitechnique a donc été créée afin d’apporter un premier niveau de « compétences techniques diversifiées », utiles à la vie quotidienne dans les villages, permettant de maintenir un équilibre de vie.
Le premier recrutement s’effectua dans le haut Oyapock, à la frontière brésilienne. Quinze jeunes, âgés de 18 à 25 ans, ont suivi une formation militaire initiale (FMI) avant de débuter leur formation socioprofessionnelle de six mois, en partenariat avec un ensemble de projets associatifs.
Les résultats sont positifs, les anciens et les chefs coutumiers observent que le travail du RSMA a été efficace sur la jeune population passée pendant quelques mois par ces apprentissages.
Mixité culturelle
En juillet 2017, le RSMA-Guyane réédite l’opération et débute une seconde formation, au profit des villages du Haut Maroni, dans l’ouest guyanais. Étendue sur dix mois, la formation comporte le même tronc commun et s’appuie sur les besoins des territoires. Les jeunes suivent une formation de maçon, d’électricien, d’horticulteur, de mécanicien…
Au-delà de l’apprentissage du dépassement de soi, elle leur permet de s’ouvrir à leurs camarades des autres filières, originaires de différentes zones géographiques de Guyane et ne partageant pas les mêmes cultures, parfois la même langue.
Les premiers retours d’expérience sont aussi positifs. « Ce sont des travailleurs, témoigne le caporal-chef Yves, alors chef de cette filière. Ils aiment faire plaisir et ils ont un réel respect du chef. »
« Cette filière se commande avec le cœur. Ils nous donnent leur confiance, si vous les trahissez, vous les perdez ».
Caporal-chef Yves
En 2020, alors que les missions de recrutement et de formations ont été mises entre parenthèses, une nouvelle promotion de la filière multitechnique a été constituée, en novembre. Onze jeunes amérindiens ont été incorporés, et une nouvelle incorporation est prévue dès février 2021…
« On ne laisse personne au bord du chemin », face à la crise sanitaire du pays, le leitmotiv des cadres du régiment est toujours une priorité.
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