Le Campus Digital booste la formation en ligne pour les antillos-guyanais 

Se former en ligne n’est pas une mince affaire. À moins, d’être accompagnés par ceux qui révolutionnent l’approche de la formation à distance. Mathieu Party, Wendie Zahibo et Alexis Onestas, entrepreneurs dans la tech et formateurs passionnés nous ouvrent les coulisses du Campus Digital. – Photos Lou Denim

« Il aura fallu 5 ans ! » c’est le titre de la dernière newsletter écrite par le Campus Digital à son écosystème existant et grandissant. Cinq ans pour tester, expérimenter, concevoir et optimiser le format le plus à même de faciliter la transmission des savoirs en ligne.

Car si former et faire apprendre n’est pas une mince affaire – en témoignent, les débats perpétuels sur les pédagogies dites alternatives – l’apprentissage numérique, et de surcroît à distance, complique considérablement la donne.

À moins, d’être d’abord un entrepreneur dégourdi dans la tech et d’avoir trouvé la bonne formule pour y remédier. Parce que former derrière un écran « n’est assurément pas le même métier » comme le souligne Mathieu Party, à l’origine du Campus Digital. Garantir le bon transfert des compétences dans le domaine numérique est également un enjeu de taille.

Wendie Zahibo, entrepreneure associée sur le projet, le confirme. « Pour le secteur, la crise Covid aura eu un mérite : nous avoir démontré par A+B, le retard que nous devons rattraper. ».

« L’avenir dépend de notre capacité à rester connectés au monde », précise Alexis Onestas, entrepreneur d’expérience et professeur à la Sorbonne, troisième cofondateur du Campus Digital.

Le trio annonce la couleur : Digitaliser un campus est donc la clef. Le ton est donné.

Je crois comprendre que le Campus Digital est multipôle, au sens littéral du terme, comme au sens géographique ?

Mathieu Party : Oui, tout à fait ! Répartis entre les Antilles et la France hexagonale, le digital nous permet de travailler et communiquer à distance. C’est toute la beauté de ce secteur !

Plus de frontières entre nous malgré la distance. Ce schéma reflète aussi bien la physionomie de notre équipe, que la photographie globale du monde connecté dans lequel nous évoluons aujourd’hui.

La crise Covid a-t-elle renforcé votre conviction sur l’intérêt de la formation en ligne ?

Alexis Onestas : Complètement ! La crise Covid a rendu intelligible cette conviction que nous avions déjà : il est possible d’apprendre à distance. Elle a accéléré les pratiques des usagers, qui, contraints sur le plan spatial, ont dû faire appel à d’autres outils technologiques pour échanger.

Cette crise a confirmé qu’il y a un réel manque d’appropriation de la culture du numérique chez nous, malgré l’intérêt existant et grandissant de nos populations pour le digital.

Cette prise de conscience et le plan gouvernemental en faveur de la formation ouvrent une brèche considérable pour le futur. Vous le confirmez ?

Alexis Onestas : C’est vrai qu’on sent qu’il y a désormais une plus grande maturité du marché. C’est une réalité qu’il n’y avait pas il y a cinq ou six ans.

On peut dire que le discours qui a été porté par l’écosystème numérique a participé à cette prise de conscience. La crise Covid en est le sursaut !

Si les grands groupes avaient d’ores et déjà intégré ces questions de la transformation digitale, on se rend compte, que les TPE, PME et le public saisissent désormais l’importance de notre discours.

Le Campus Digital en quelques chiffres
1 centre de formation digitalisé
2 sièges : Paris & Guadeloupe
3 ans d’existence
+100 formateurs/experts
23 formations pratiques
12 parcours métiers certifiants

Que répondez-vous à ceux qui vous disent que le manque d’opportunités et d’emplois en local est un frein considérable ?

Mathieu Party : Grâce au digital, les opportunités en local sont de plus en plus nombreuses. L’écosystème se met en place, et il lui faut le temps également de se consolider. Le secteur du digital reste un marché jeune pour nos territoires.

De plus, ce secteur permet de faire tomber les frontières et offre ainsi la possibilité de travailler depuis la Guadeloupe, la Martinique ou la Guyane tout en s’adressant au monde.

Les opportunités sont ici mais également ailleurs, c’est ce que nous répétons sans cesse aux apprenants que nous formons.

En d’autres termes, il ne faut pas se contenter d’attendre sur le tissu économique local ?

Wendie Zahibo : Le fait que nos entreprises en local entament leur transformation digitale doit être vu comme une opportunité et non un frein. Ces entreprises ont et auront besoin de talents et de compétences capables de les accompagner et de les orienter.

Le digital n’est pas qu’un secteur. C’est une réponse inhérente à chaque secteur.

Quand les entreprises l’auront compris, le plus important pour nous, c’est qu’elles ne pourront pas dire qu’il n’y a pas de talents sur place.

Vos formations ont toutes en commun des formats vidéos live, des parcours et ateliers en ligne, des replays disponibles et des supports de formation rédigés. Sur quels autres points accompagnez-vous vos apprenants?

Mathieu Party : Nous gardons à l’esprit que quand il s’agit de la formation, digital et aspect humain vont de pairs. Notre volonté est de rendre accessible la formation digitale à tous !

Pour cela, nous mettons en place des méthodes innovantes sur l’approche pédagogique avec des formations personnalisées.

Pour exemple, notre collaboratrice Alicia Hadjard se charge de comprendre l’état d’esprit, les motivations et les attentes en formation de chacun de nos apprenants. Nous les accompagnons dans l’identification des aides disponibles et organisons des sessions virtuelles thématisées avec des formateurs spécialistes, et en direct.

L’accompagnement et l’interaction avec nos apprenants sont centraux au sein du Campus.

Formateur en ligne est un tout nouveau métier, que vous souhaitez transmettre ?

Mathieu Party : Le Campus Digital, ce sont des opportunités de formation mais également des opportunités métiers. Formateur en ligne est une de ces opportunités métiers.

La formation est une opportunité pour celles et ceux qui auraient une expertise à partager, un savoir à transmettre.

C’est ce constat qui nous a d’ailleurs poussé à proposer la formation “Devenir formateur”. Se former au Campus aujourd’hui, c’est la possibilité de devenir formateur du Campus demain et ainsi rejoindre notre vivier d’experts.

Nous restons à l’écoute du marché et notre catalogue de formation grandit en ce sens.

Comment envisagez-vous l’accompagnement des entreprises sur la formation ?

Wendie Zahibo : Nous avons élaboré des offres entreprises permettant aux salariés de monter en compétences. L’idée est d’accélérer les passerelles entre l’écosystème numérique qui est en train de grandir et ces entreprises.

L’objectif du Campus Digital est de repenser l’employabilité en Guadeloupe et en Martinique grâce au numérique.