Florine Lubino, Guadeloupéenne de 31 ans a ouvert une école élémentaire Montessori à Sainte-Rose. Elle défend une éducation bienveillante et responsable, en phase avec les enjeux actuels. – Texte Clara Tran

Dans cette école guadeloupéenne, au cœur de Sainte-Rose, aucune sonnerie ne vient signaler la fin des cours. Aucun son strident annonce la récréation : “Il n’y en a pas”, sourit d’emblée Florine Lubino, la pétillante directrice de cet établissement d’un genre particulier. “Quand les enfants veulent faire une pause, poursuit-elle, ils la prennent. Ici, on n’impose rien”.

Depuis septembre, La Luciole, cette école hors contrat accueille une vingtaine d’élèves. Ils ont entre 18 mois et 12 ans, suivent une scolarité basée sur la pédagogie Montessori, la célèbre méthode créée dans l’Italie du début du XXe siècle, et qui connaît un regain de faveur ces dernières années.

La promesse ? Doper la confiance en soi et l’autonomie des élèves, lesquels travaillent toujours sans note et sans pression, mais à leur rythme.

“C’est fascinant et très stimulant comme pédagogie. Notre finalité, c’est le développement du potentiel humain. Les enfants ne sont pas dans une serre, ils touchent, ils apprennent avec du matériel, leur apprentissage est concret”. 

Prendre l’enfant dans sa “globalité”, le coeur de la pédagogie Montessori

Surtout, ils sont immergés dès l’aube dans “la vraie vie”. Dans cet établissement à ciel ouvert, les petits caressent les poules, nettoient parfois les plages, découvrent les enjeux écologiques.

« Aujourd’hui, il faut que les enfants apprennent à vivre dans leur environnement au sens global », diagnostique Florine Lubino.

Née d’un père peintre en bâtiment et d’une mère commerçante, la jeune femme n’a pas suivi de scolarité alternative. Elle est le fruit de l’école républicaine, qu’elle ne renie pas, mais qu’elle juge hors sol : “Il faut prendre l’enfant dans sa globalité”, défend-elle.

Ses bons résultats scolaires la poussent à embrasser une carrière de professeure des écoles. Pendant six ans, Florine accompagne des élèves en “très grandes difficultés scolaires” en cours du matin et du soir.

Elle découvre un rapport enseignant-élève “très distant”, et humainement décevant. “Les enfants n’étaient pas incités à s’exprimer, à raconter ce qu’il se passait à l’école”, se souvient-elle.

Ambiance familiale et fonctionnement horizontal

Aujourd’hui, elle met un point d’honneur à ce que les élèves l’appellent par son prénom et la tutoient. Éducateurs et enfants sont “au même niveau”. Les problèmes se règlent en conseil d’école où chacun est invité à prendre la parole, libérer ses émotions, critiquer, faire des propositions.

“Il faut que tout le monde se sente bien”, résume-t-elle.

En phase avec une société portée par la bienveillance, Florine Lubino a embarqué dans le projet son frère et sa sœur. Lui travaillait comme animateur en centre de loisir, elle sortait d’études en management. Ambiance familiale, fonctionnement horizontal.

Les parents sont reçus chaque mois pour s’associer au projet. Ils sont très demandeurs, souligne-t-elle.

« Il n’y a pas encore beaucoup d’offres d’écoles alternatives en Outre-Mer, les parents s’intéressent beaucoup à l’éducation de leurs enfants et veulent un cadre où ils seront heureux. »

Pour se former et lancer son projet, Florine Lubino avait dû elle-même se rendre en métropole, à l’Institut Supérieur Maria Montessori. 

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