Au nom de notre santé mentale, physique et celle des entreprises, les vacances sont une nécessité. Loin d’être seulement une période de loisirs et fainéantise, elles sont des véritables leviers pour notre société. Analyse.Texte Joséphine Notte

Au cœur des réformes du travail, le temps libre est un véritable combat social et politique des temps modernes. Il remporte de grandes victoires comme la réforme du Front Populaire en 1936, accordant deux semaines de congés payés par an, ou encore la loi Aubry en 1998, sur la durée
légale du travail. 

Au cours d’un siècle, la course au temps libre prend de l’ampleur : on passe de semaines de 48 à 35 heurs et, en 2021, la France fait partie des six premiers pays offrant le plus de congés payés au monde.

Une évolution qui traduit une reconnaissance progressive du temps libre dans les modèles économiques des entreprises.

Une période d’introspection

Errol Nuissier, psychologue guadeloupéen catégorise le besoin de vacances comme fondamental pour l’équilibre psychique et physique.

« Fatigue, stress ou angoisse sont des éléments qui limitent la capacité des individus à réfléchir clairement. Les vacances sont le premier remède pour se couper de la tension du quotidien ».

Il décrypte : « En plus de recharger les batteries, les grandes vacances en particulier permettent de faire le bilan : les échecs, les réussites, les relations affectives ou l’épanouissement personnel… C’est une période d’introspection décisive pour chaque individu. »

Le psychologue dresse également une analyse de ces deux dernières années. « Outre la pandémie, les Antilles-Guyane ont cumulé d’autres angoisses : l’insécurité face aux systèmes de soins, les crises sociales, les grèves, les coupures d’eau… Le mal-être est perceptible. Les Antillos-Guyanais sont cependant très résilients face aux crises, ils ont une forte capacité à se résigner et s’adapter. »

Les vacances, c’est la déconnexion

Selon François Lenglet et Isabelle Frochot de l’Université de Savoie Mont-Blanc, « les vacances donnent la possibilité de redonner une nouvelle valeur au temps, de prendre le temps et le consacrer différemment : c’est la déconnexion »

Les recherches en science du tourisme relèvent quant à elles un autre phénomène : la déconnexion est favorisée par l’évasion ou la recherche de l’inconnu.

C’est l’ADN du tourisme : de périples en périples, de pays en pays, de cultures en cultures, les individus voyagent pour favoriser la déconnexion avec soi-même, avec le réel, avec la pression du temps.

Stimuler l’économie

Avant la crise, l’Organisation Mondiale du Tourisme estime que l’industrie du tourisme dans sa globalité représente 10 % du PIB mondial et un emploi sur dix. De récentes études(1) témoignent qu’en plus de stimuler un secteur économique, prendre des vacances améliore la productivité et la créativité des employés, une valeur ajoutée pour les entreprises.

Réels antidotes au stress ou mal-être au travail, elles permettent également aux systèmes de santé de réduire les dépenses liées à la dégradation des états physiques et mentaux des employés. En bref, elles sont un remède imparable face au surmenage ! 

Aujourd’hui, les vacances reflètent même la culture des entreprises. Les entreprises qui ont des règles plus strictes en ressources humaines sont jugées « vieille école ». À l’inverse, les start-up et entreprises dites « avant-gardistes » mettent la flexibilité sur les congés ou heures de travail au cœur de leur modèle de gestion des ressources humaines.

(1) Vacation’s Impact on the Workplace, sondage mené par Society for Human Resources Management (SHRM), 2016.

(2) How More Vacation Time Can Increase Productivity, étude Mercer, 2016.

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