C’est un atelier aux murs blancs.

Un atelier lumineux qu’on croirait sans toit. La lumière du jour, le chant des coqs et même le ciel s’y engouffrent. C’est un atelier qui ressemble à une galerie : des toiles colorées sur les murs blancs et la création en cours étalée sur une table. Des toiles, des petites touches de Guadeloupe discrètes qui ne s’offrent pas au premier regard, des petites touches du péyi que l’œil doit aller chercher, fouiller, questionner. « Il n’y a ni soleil, ni cocotier, ni portrait dans mon travail, c’est abstrait, je m’inspire beaucoup de ce pays, de notre rapport au monde végétal pour construire graphiquement. » Anaïs Verspan est artiste visuel. 

« Il n’y a ni soleil, ni cocotier, ni portrait dans mon travail, c’est abstrait, je m’inspire beaucoup de ce pays, de notre rapport au monde végétal pour construire graphiquement. »

Déconstruire pour être.

Déconstruire pour se trouver dans sa vérité, dans son en-dedans, le nannan de nous-mêmes. Déconstruire pour se découvrir tel qu’on est sans le regard de l’Autre qui folklorise, qui exotise, qui doudouise. Déconstruire les stéréotypes pour ne pas passer à côté du pays. De l’essentiel. Une œuvre miroir, une œuvre politique qui nous exhorte à être, à ne pas tricher ou mentir sur nous-mêmes. « J’aime fondamentalement la Guadeloupe, elle nourrit ma créativité, mon œuvre dit l’être guadeloupéen, je m’inspire de ce peuple, de cette terre, je dois donc être un minimum fidèle à elle, c’est ma terre nourricière. »  

Anais Verspan - artiste guadeloupéenne

« On apprend peu aux gens de chez nous de rêver, tout est mâché ici, on est devenus plus rapidement des consommateurs que des créateurs. »

Être et exister.

« C’est dans ce qui est non palpable et qui finalement est très palpable », qu’Anaïs Verspan « est et existe ». C’est là que se trouve son épanouissement, et c’est aussi là que se trouve sa respiration. Son inspiration. « On apprend peu aux gens de chez nous de rêver, tout est mâché ici, on est devenus plus rapidement des consommateurs que des créateurs, les choses les plus immatérielles comme l’amour, la projection, le rêve sont palpables, c’est ce qui permet d’être et d’exister. Les gens qui ont le mécanisme de la création ont à apporter au monde, on aura besoin de nous pour faire un Nous et c’est avec ce liant-là, la culture, l’art et la beauté, qu’on va magnifier les choses. »

« Les choses les plus immatérielles comme l’amour, la projection, le rêve sont palpables, c’est ce qui permet d’être et d’exister. »

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