Léna Blou n’a jamais cessé de danser. Dès l’âge de six ans. « La danse c’est ma vie, c’est ma passion, mon oxygène, c’est quelque chose qui me dépasse. » Corps dansant, corps politique, Léna Blou a inventé la Techni’Ka qui côtoie aujourd’hui le classique, le contemporain et le jazz. Danseuse, chorégraphe et docteure en anthropologie de la danse et de la musique, « c’est avant tout pour la Guadeloupe, pour qu’on se pense grand » que Léna consacre sa vie à la danse. – Texte Willy Gassion

Léna Blou, chorégraphe guadeloupéenne
Photo Lou Denim

Au commencement de la danse était le hasard…   

« J’ai commencé la danse à six ans de manière hasardeuse avec Jacqueline Cachemire comme professeur. J’accompagnais ma grande sœur tous les samedis, elle était douée pour la danse, c’était mon modèle, elle était très belle quand elle dansait. Un jour, il manquait une petite fille, je connaissais toutes les chorégraphies à force de les regarder, et de ce jour je n’ai jamais arrêté de danser. » 

Léna Blou

Une histoire grande et belle 

« Tous mes sujets sont toujours liés soit à l’élément historique, soit au territoire ou à la manière d’être. Être ancrés en nous-mêmes, ne pas avoir honte de qui on est, c’est à nous de décider que notre histoire est grande et belle. » 

« Tous mes sujets sont toujours liés soit à l’élément historique, soit au territoire ou à la manière d’être. » 

Corps mémoire 

« Quand le corps danse, il dit les choses inaudibles d’un peuple, c’est ça la puissance de la danse. Ma lecture de la Guadeloupe se fait par la danse, c’est à travers le corps dansant qu’on peut lire l’histoire et qu’on peut comprendre le présent et oser se projeter dans l’avenir. C’est un corps mémoire, porteur d’une histoire.  »

Léna Blou

Oser croire en la Guadeloupe 

« Avant tout pour la Guadeloupe ! J’ose croire en la Guadeloupe et en cette danse. Si on ne croit pas en Léna Blou, on ne croit pas en la Techni’Ka. Si on ne croit pas en la Techni’Ka, on ne croit pas au gwoka. Si on ne croit pas au gwoka, on ne croit pas en la Guadeloupe. Et si on ne croit pas en la Guadeloupe, on ne croit pas en soi. » 

« Le Bigidi est profondément guadeloupéen. L’important pour nous est de rester debout même de manière bancale. » 

Nous sommes des êtres bigidants

« Le Bigidi est profondément guadeloupéen, nous sommes des êtres bigidants. Nous sommes dans l’instant présent où des choses inattendues peuvent arriver, mais nous avons une capacité de trouver des solutions idoines, quelquefois pas logiques, l’important pour nous est de rester debout même de manière bancale. Le danseur de gwoka est toujours dans une instabilité permanente mais il ne tombe jamais. Tomber, toucher le sol, c’est mourir sur le plan symbolique. » 

Ma danse gwoka est contemporaine 

« J’ai décidé que ma danse gwoka est contemporaine, avec le Bigidi, j’ose dire que la Guadeloupe est petite sur le plan géographique, mais si je la pense grande, je conquiers le monde à condition de me débarrasser de tous les concepts qu’on m’a inculqués dans la tête et dans le corps. J’ai entamé un travail de recherche pour prouver que la danse gwoka est une technique, c’est un acte politique, je l’ai sortie des griffes de l’exotisme dans laquelle elle était, j’ai prouvé que le gwoka a autant de valeur que n’importe quelle autre technique et que cette danse peut être de haut niveau. » 

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