Les premières menstruations signent pour la plupart des jeunes filles l’entrée dans la puberté. Pour une femme sur 10 cependant, cette étape marque le début d’une maladie chronique invalidante, mais heureusement de plus en plus reconnue, l’endométriose. Édith Azur fait partie de ces femmes à la souffrance physique, mentale, sociale et professionnelle, aussi invisible qu’intense. – Texte Axelle Dorville

« L’endométriose me définit et définit mon quotidien »

Atteinte depuis ses 12 ans, mais diagnostiquée il n’y a que quatre ans, la quadragénaire décrit les douleurs multiples – pelviennes, musculaires, articulaires – ressenties trois semaines sur quatre. Elle raconte les carences dues aux pertes importantes et les situations de fatigue « inimaginable » à surmonter au travail. Tous ces symptômes supportés en silence par un grand nombre de femmes.

Dans le milieu professionnel, elle révèle notamment les états dépressifs dus à la douleur chronique, la difficulté à assumer son emploi, les arrêts maladie ponctuels ou prolongés, voire parfois pour certaines femmes, la perte de leur emploi et de leurs revenus.

« Il faut pouvoir entendre que nous serons parfois moins performantes mais nous ne souhaitons pas être stigmatisées ni être plaintes, nous désirons juste avoir notre place dans le monde du travail. »

« J’aimerais libérer la parole, que ce ne soit plus une maladie de la honte » 

De ces difficultés, Édith Azur a décidé d’en faire son combat, pour les femmes comme elle, les filles de l’âge de la sienne, toutes celles qui luttent contre la douleur sans rien laisser paraître. Il n’existe pas d’associations dédiées à l’endométriose en Martinique. Qu’à cela ne tienne, elle en créera une avec toutes les forces vives qui veulent se joindre à la cause ! Pour tout d’abord expliquer la maladie et ses manifestations telles que l’adénomyose, dont elle souffre elle-même. La souffrance des opérations chirurgicales qui ne soulagent jamais totalement, la souffrance de l’infertilité qui touche 30 à 40 % des femmes, la souffrance de l’absence, encore aujourd’hui, de traitement.

Edith Azur, créatrice d'une association sur l'endométriose - Martinique

« Une association pour que l’on ne se sente plus seule » 

Pendant longtemps, Édith Azur n’a pas pu parler de sa maladie, le diagnostic n’ayant pas été posé. Pendant longtemps, même ses amies ne connaissaient pas la cause de ses douleurs. La recherche suit son cours, les causes de l’endométriose commencent à être explorées, les diagnostics promettent d’être largement plus rapides grâce aux tests salivaires, les traitements, eux, sont en développement.

Car « il faut donner aux femmes des solutions pour le vivre », le projet d’association porté par Édith Azur sera également dédié à l’accompagnement des femmes touchées, et notamment par la sensibilisation du monde de l’entreprise, au sein duquel au moins une employée peut statistiquement être touchée. « Il faut pouvoir entendre que nous serons parfois moins performantes mais nous ne souhaitons pas être stigmatisées ni être plaintes, nous désirons juste avoir notre place dans le monde du travail. C’est mon souhait que les Antilles puissent prendre le problème de l’endométriose à bras le corps. »

« C’est mon souhait que les Antilles puissent prendre le problème de l’endométriose à bras le corps. »

Découvrez la page Facebook d’Edith Azur dédiée à l’endométriose : @mameilleureennemieetmoi

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