De la défense pénale à la défense des droits d’auteur, Emmanuelle Bruch, déléguée régionale de la SACEM Martinique et Guyane, puise dans sa volonté farouche de justice pour permettre à chacun de faire valoir ses droits. – Texte Axelle Dorville

Déjà petite, Emmanuelle Bruch se révèle fortement attachée au sentiment de justice et ne supporte pas son absence, l’injustice. C’est ainsi qu’elle se retrouve dans le bureau de sa directrice en classe de CE2, pour dénoncer du haut de ses 8 ans le fait que soit passée sous silence l’histoire de l’esclavage, face à celle largement enseignée des Gaullois et des Romains. Au collège, c’est dans son rôle de déléguée de classe qu’elle défend ses camarades qui rencontrent des difficultés à travailler chez eux, et demande à sa mère, professeure de mathématiques, de donner des cours de soutien scolaire à ceux qui n’en ont pas les moyens.

« Je ne supportais pas que certains soient laissés pour compte » explique la juriste, qui soutiendra son compagnon artiste en créant une boîte d’édition, puis s’investira dans la défense pénale, « pour la défense de la liberté ». « Le droit n’a pas été une vocation, mais je m’y suis engagée pour permettre à toute personne d’avoir une voix et d’être correctement défendue. »

« Chaque fois que j’ai pu obtenir que quelqu’un se sente pleinement réparé par une décision de justice, j’ai été satisfaite. Car c’est là selon moi le seul rôle de la justice, de réparer. »

Le droit pour réparer

Foncièrement passionnée, Emmanuelle Bruch révèle sa ténacité et son engagement dans chacun de ses combats. Qu’il s’agisse de défendre des femmes victimes de viol, « dont la parole n’est pas suffisamment bien entendue ». De plaider aux côtés de plusieurs avocats pour que la juste qualification juridique soit retenue et le juste enjeu perçu, comme lors de l’affaire du message politique “Négrophobie d’État” tagué sur la statue de Colbert, rédacteur du Code Noir, à Paris. De permettre aux accusés d’obtenir une juste peine. Ou de faire reconnaître les droits d’auteur des artistes caribéens, dans le cadre de son rôle actuel à la SACEM. « Chaque fois que j’ai pu obtenir que quelqu’un se sente pleinement réparé par une décision de justice, j’ai été satisfaite. Car c’est là selon moi le seul rôle de la justice, de réparer. » détaille l’avocate.

« Je m’investis aujourd’hui pleinement pour être le super avocat de la création locale, et permettre aux auteurs compositeurs de prospérer dans leur activité, grâce au respect de leurs droits. »

Une volonté d’accompagner

« Je suis très impliquée pour l’environnement, pour le droit des animaux, le droit de la nature » raconte également Emmanuelle Bruch, qui fut quelque temps le relais martiniquais de Maître Jean Tamalet, l’avocat de Sea Shepherd, organisation engagée dans la défense du milieu marin.

Si les luttes à mener ne manquent pas, celle qui l’occupe actuellement a lieu dans le champ artistique. « Après avoir transmis mon cabinet à Maître Quentin Orieux, je m’investis aujourd’hui pleinement pour être le super avocat de la création locale, et permettre aux auteurs compositeurs de prospérer dans leur activité, grâce au respect de leurs droits. »

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