Murièle Cidalise-Montaise ne se prédestinait pas, au départ, au militantisme féministe. Enfant sage, studieuse et curieuse, elle grandit dans un environnement affectueux, aimant, rassurant. Étudiante impliquée à la Sorbonne à Paris, elle obtient son DEA d’Urbanisme et Aménagement avant de rentrer au pays pour y effectuer une belle carrière au sein de la DDE. Un parcours idéal pour une Martiniquaise brillante, bien éduquée, la tête sur les épaules. – Texte Marie Ozier-Lafontaine

Ce n’est que bien plus tard, quand ses 3 enfants ont grandi, que Murièle Cidalise-Montaise s’engage dans le combat féministe. Et elle ne le fait pas à moitié !

En 2010, elle devient d’abord membre active de l’Union des Femmes de Martinique. En 2014, elle co-fonde, avec Huguette Bellemar, George Arnauld et Muriel Ameler, l’association féministe Culture et Égalité. Elle s’y investit jusqu’en 2019, date à laquelle elle prend la tête de la Délégation Régionale aux Droits des Femmes. Comment expliquer cet engagement si fort, à ce moment de sa vie ? 

« La question des violences faites aux femmes a toujours été présente. En Martinique, de nombreuses femmes vivent des situations inacceptables. Il est temps que ça s’arrête. »

Se mobiliser pour l’égalité des femmes

Murièle a toujours affirmé et revendiqué son autonomie, considéré l’égalité entre les femmes et les hommes comme une évidence. Cela a-t-il un lien avec sa grand-mère Inès ? Cette femme indépendante, finançant les études de ses fils et voyageant seule, à une époque où les femmes étaient souvent cantonnées à la gestion du foyer, a marqué Murièle. Mais cela ne suffit pas à expliquer son engagement si profond, si entier. 

« La question des violences faites aux femmes a toujours été présente, sans que j’en sois forcément consciente. Petite, alors que j’évoluais dans un univers privilégié, j’ai été confrontée indirectement à des situations de violence conjugale et intrafamiliales, que je ne m’expliquais pas. Puis, au cours de ma carrière dans le domaine de l’urbanisme, j’ai rencontré des femmes en prise avec la précarité, le mal logement, l’isolement, et bien sûr, les inégalités économiques et sociales. En Martinique, de nombreuses femmes vivent des situations inacceptables. Il est temps que ça s’arrête. » Murièle a choisi de mettre son énergie au service des femmes martiniquaises pour contribuer à changer le monde, à sa mesure et sur son territoire. 

Révoltée, elle sait qu’elle se bat contre un système. Se mobiliser pour l’égalité des femmes et des hommes, c’est un combat sur tous les fronts : celui de l’emploi, du transport, de la formation, de l’accès à la culture, de la garde d’enfants, des stéréotypes de genre, du harcèlement, de la violence pouvant aller jusqu’au féminicide… Il est impossible de traiter une problématique sans traiter toutes celles qui lui sont liées. « Le combat féministe est avant tout un combat de société. Car, une société qui occulte, voire maltraite, la moitié de l’humanité, est une société malade ».

« Le combat féministe est avant tout un combat de société. Car, une société qui occulte, voire maltraite, la moitié de l’humanité, est une société malade. »

La déconstruction des stéréotypes

Pour cela, Murièle remplit sa mission de directrice à la Délégation Régionale aux Droits des Femmes à sa manière, de façon systémique. « Nous sommes toutes et tous pris dans un système. Mon approche est donc forcément transversale, n’en déplaise à certains ». Car pour la directrice, déployer une politique publique contre les violences faites aux femmes passe aussi par la déconstruction des stéréotypes dès le plus jeune âge, l’entrepreneuriat au féminin, la représentation des femmes dans la sphère publique, l’aide à la parentalité… Murièle Cidalise-Montaise le martèle : il faut faire bouger tous les leviers !

« Je suis convaincue que nous y arriverons, ensemble. Pour qu’un jour, aucune femme martiniquaise n’ait plus besoin de nous ».

Son grand projet pour la Martinique ? Une Maison des Femmes. Un lieu qui non seulement accueillerait les femmes en difficulté, mais centraliserait toutes les forces vives pouvant les accompagner. Ce projet de structure centralisée et polyvalente aurait l’avantage de conseiller et de guider les femmes à chaque étape de leur parcours d’émancipation, sur chacun des sujets qui les concerne. La maison regrouperait notamment toutes les associations œuvrant pour les femmes. « Car ce sont nos associations qui luttent aux côtés des femmes, avec créativité, vivacité et tellement de résilience. Je suis convaincue que nous y arriverons, ensemble. Pour qu’un jour, aucune femme martiniquaise n’ait plus besoin de nous ».

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