L’histoire de Steffy, alias DJ Beatsoul, s’entend dans sa musique. L’artiste de 31 ans « conjugue la puissance des rythmes électroniques à ceux du ka ». Un étonnant mélange d’influences qui révèlent des sentiments d’appartenance complexes. House, électro, sonorités africaines, caribéennes et bien sûr gwoka. – Texte Joséphine Notte

C’est dans l’air, un mix de passé, présent, futur. Des bouts de vie mélangés çà et là pour faire naître un style musical unique que Steffy a créé avec DJ Stan-Ley, artiste guadeloupéen, avec qui elle partage ses sets. « Je me souviens encore la première fois où nous avons fusionné, c’était à Pointe-à-Pitre au Petit-Jardin. On faisait des jams et sessions mix avec des musiciens à la recherche de sonorités nouvelles. Naturellement, nous avons accordé nos vibrations et conjugué la puissance des rythmes électroniques à ceux du Ka. Le Ka, c’est de l’énergie brute. Il prend possession des corps et élève dans un état de transe. L’électro lui donne un nouvel écrin pour résonner différemment. » Un courant musical est né, une communion de cultures qui transcende les foules.  

« Le Ka, c’est de l’énergie brute. Il prend possession des corps et élève dans un état de transe. L’électro lui donne un nouvel écrin pour résonner différemment. »

Magie du multiculturalisme

Les sets de DJ Beatsoul sont « bitin a tout moun ». Tous les horizons. Tous les âges. Tous les styles musicaux. Les adeptes de léwòz côtoient ceux qui se défoulent en rave party. Tout le monde adhère au lyannaj des platines et tanbouyé. Les sessions mix prennent des airs de rituels : on y brûle de la sauge tandis que les corps se déchaînent transportés par les rythmes. L’esprit de camaraderie et les bonnes énergies sont toujours au rendez-vous. La magie du multiculturalisme fédérée par la musique.

Quel en est le secret ? « Chacun s’épanouit à sa manière dans la musique. J’ai été bercée par le zouk, le dancehall et la soca mais c’est à travers les paroles de la deep house que je me suis découverte. Les univers sont différents mais l’âme profonde de la musique reste la même. Elle parle d’amour, d’identité, d’esprit, de conscience. Elle parle d’existence. » 

« Mon cœur bat au rythme du Ka. Je l’entends partout. C’est important que ma musique sente la Guadeloupe, que ses habitant s’y retrouvent. »

« Ma musique sent la Guadeloupe »

Adoptée par le pays, Steffy a la Guadeloupe dans la peau. Un attachement dont elle s’inspire pour ses créations : « j’ai pris le temps de nourrir ma fascination pour l’archipel, de m’imprégner de ses traditions, de sa nature, ses gens, de chaque détail qui fait l’essence de la Guadeloupe. Mon cœur bat au rythme du Ka. Je l’entends partout : dans la minimale, dans la techno, dans les musiques traditionnelles d’ailleurs. Il est universel. C’est important que ma musique sente la Guadeloupe, que ses habitant s’y retrouvent. »

Le regard braqué sur l’horizon, la jeune artiste aspire à exporter l’âme de la Guadeloupe, son « électro-ka », pour faire danser les foules aux quatre coins du monde. Son a tanbou-la, par-delà les océans… 

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