En organisant des chantiers bénévoles de rénovation, l’association REMPART façonne de nouvelles relations humaines. Ou comment le patrimoine, qu’il soit bâti, naturel ou culturel, permet réellement de faire société. (Texte Axelle Dorville, Photo Jean-Albert Coopmann)
Union de deux cent associations locales, le réseau national REMPART s’engage ainsi depuis 1966 à reconstruire le patrimoine et la solidarité, à travers notamment l’organisation de chantiers de bénévoles.
Faire du patrimoine un bien commun
Face à l’église du Sacré-Cœur de Balata dans les hauteurs de Fort-de-France, le bruit de pelles heurtant le mortier de chaux vient troubler le calme habituel du jardin d’une maison abandonnée. Autour d’un agrégat de sable et de chaux s’activent quelques personnes, qu’on imagine avoir entre 20 et 65 ans. Certains préparent du mortier à même le sol, tandis que d’autres empilent, à la manière d’un jeu de Tetris, des blocs de pierre inégaux, sur les restes d’un mur qui semble avoir déjà vu passer plusieurs générations.
« C’est le principe des chantiers de bénévoles », décrit Chloé Maugalem, chargée de mission REMPART Martinique. « Nous essayons toujours de travailler de façon artisanale avec des matériaux traditionnels et nous nous attelons à réutiliser les matériaux présents sur le site d’origine, pour plus de durabilité. » Le respect de la biodiversité s’invite aussi dans les réflexions. « Il y a tout un écosystème qui se crée derrière les pierres abandonnées, nous nous efforçons d’intervenir sans trop déranger les espèces qui se sont installées », ajoute Chloé. Tout autant d’éléments à prendre en compte, et qui expliquent le délai d’achèvement des travaux qui peut se compter… en années. D’autant que les bénévoles ne sont pas des professionnels du bâti ancien et apprennent souvent sur le tas.
Mosaïque de bénévoles
« Aucune compétence particulière n’est requise pour s’impliquer, car l’objectif est avant tout de reconstruire du lien entre les gens, de provoquer des interactions entre des personnes qui n’auraient a priori pas eu l’occasion de se rencontrer. Seule l’envie de faire ensemble compte. » Les chantiers de bénévoles proposés par REMPART ont ainsi pour mission de faire tomber les murs qui peuvent nous séparer, du fait de nos différences d’âge, de genre, de culture, de confession, de métier, de chemins de vie.
Sur le chantier de juillet, on trouvait une étudiante en aménagement, une trentenaire fraîchement revenue au pays souhaitant s’impliquer dans des projets porteurs de sens pour le territoire, une mère de famille engagée et travaillant en tant qu’assistante sociale ou encore un jeune homme suivi par la Mission locale du Centre. Tous ont choisi de dédier entre 8 et 12 jours à la rénovation d’une ancienne bâtisse, destinée à devenir une maison des associations.
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Ces chantiers citoyens qui, depuis 56 ans, se développent dans tous les coins de France, de l’Aveyron à Châteauneuf-sur-Epte (en Normandie), sont l’occasion de « développer l’ouverture d’esprit, d’inciter au dialogue, de toucher à la laïcité et à l’international ». Des parcours sont notamment proposés aux jeunes sortis des sentiers scolaires traditionnels. Et au-delà des temps de travail manuel, les bénévoles sont invités à partager des sorties découvertes et un lieu de vie au sein duquel ils vivront pendant toute la durée du chantier. « C’est très chouette, on vit tous ensemble dans notre QG, on cuisine ensemble, on se partage les tâches, on apprend à se connaître. L’idée est de développer de la cohésion et une vie en communauté », témoigne l’une des bénévoles du chantier de Fort-de-France. L’historique de l’association atteste que quel que soit le bien considéré ou le lieu du chantier, chacun trouve sa place… Chloé confirme : « à partir du patrimoine, qu’il soit bâti, naturel ou culturel, on peut réellement arriver à faire société ». A bon entendeur.
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