Dans un scénario à la Hitchcock, Francis Joyon et François Gabart ont offert un duel d’anthologie, il y a quatre ans, dans les eaux guadeloupéennes. À l’affiche de ce film à suspense, deux profils diamétralement opposés mais une passion commune pour les exploits océaniques. On en redemande.

Un bateau rouge, un bâteau bleu. Un Idec Sport éprouvé face à un Macif avantgardiste. Un vieux loup de mer voguant à l’ancienne challengé par un gendre idéal, adepte des nouvelles technologies. L’épilogue 2018 a offert une franche opposition de style entre Francis Joyon (62 ans) et François Gabart (35 printemps). Ce mano-a-mano, qui a tenu en haleine tous les amoureux du large, s’est finalement soldé par la consécration du premier pour 7 petites minutes. Un écart infime qui rappelle le coude-àcoude de la première édition, en 1978, où le Canadien Mike Birch a terrassé le Français Michel Malinovski pour 98 secondes seulement.

Le parallèle est d’autant plus pertinent que le sacre de Joyon s’est également dessiné dans les eaux guadeloupéennes, et plus particulièrement dans la pétole de la Côte sous-le-Vent, avec un nouveau record à la clé : 7j. 14 h. 21’ 47’’. L’accueil dans la nuit pointoise, sur le parvis du Mémorial ACTe fut d’ailleurs à la hauteur du sprint livré par les deux hommes.

LE CHASSEUR DEVIENT GIBIER

À la barre de son bolide, le jeune vainqueur du Vendée Globe 2013 livre une copie parfaite depuis le départ de la cité corsaire. Ses adversaires dans cette catégorie reine des Ultimes rendent, eux, les armes un à un, pris dans la machine à laver du Golfe de Gascogne : Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) et Thomas Coville (Sodebo) s’inclinent, mais aussi Armel Le Cléac’h, victime d’un violent chavirage sur Banque Populaire IX, après deux jours de course.

Le ti-punch est servi mais Gabart, freiné depuis un moment par un foil arraché et un safran laissé en mer perd du terrain et voit fondre son matelas sous le soleil des Caraïbes. À la bouée de Basse-Terre, le chasseur Idec Sport, déjà vainqueur des deux éditions précédentes sous les sponsors Groupama 3 (2010), puis Banque Populaire VII (2014) devient alors le gibier. Pourtant pris dans un filet de pêche, il ne sera plus rattrapé.

Ultime
1. Francis Joyon (Idec Sport), en 7 jours 14 h 21’47”
2. François Gabart (Macif), 7 jours 14 h 28’55”
3. Thomas Coville (Sodebo Ultim’), 16 jours 7 h 45’36”
Multi50
1. Armel Tripon (Réauté Chocolat), 11 jours 7 h 32’40”
2. Erwan Le Roux (FenêtréA – Mix Buffet), 12 jours 1 h 09’12”
3. Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en Peloton – Arsep), 12 jours 9 h 18’44”
Imoca
1. Paul Meilhat (SMA), 12 jours 11 h 23’18”
2. Yann Eliès (Ucar – Saint Michel), 12 jours 13 h 38’30”
3. Alex Thomson (Hugo Boss), 12 jours 23 h 10’58” (dont 24 heures de pénalité)
Class40
1. Yoann Richomme (Veedol), 16 jours 3 h 22’44”
2. Aymeric Chappellier (Aïna enfance & avenir), 16 jours 11 h 16’15”
3. Phil Sharp (Imerys Clean Energy), 16 jours 13 h 01’50”
Rhum (multicoques)
1. Pierre Antoine (Olmix), 15 jours 1 h 15’05”
2. Jean-François Lilti (École diagonale pour citoyens du monde), 18 jours 7 h 32’45”
3. Etienne Hochedé (PIR2), 19 jours 0 h 18’06”
Rhum (monocoques)
1. Sidney Gavignet (Café Joyeux), 16 jours 10 h 18’05”
2. Sébastien Destremau (Alcatraz It-Faceocean), 17 jours 7 h 25’44”
3. Luc Coquelin (Rotary-La Mer pour tous), 22 jours 8 h 24’12”
arrivée de la Route Du Rhum Destination Guadeloupe 2018
Pointe-A-Pitre, Guadeloupe, arrivée de la Route Du Rhum Destination Guadeloupe 2018. vainqueur, Francis Joyon, skipper du trimaran Ultime IDEC et deuxième François Gabart, skipper du trimaran Ultime Macif. Photo ©Yvan Zedda