Élevage. Seul opérateur organisé de la filière bovine martiniquaise, la Codem (Coopérative des éleveurs de Martinique) cherche à garantir une viande de qualité, du pré à l’assiette. Explications avec Jean-Marc Ajanany, directeur général de cette coopérative agricole qui aura bientôt 39 ans. (Texte Axelle Dorville, Photo Jean-Albert Coopmann)

Malgré les difficultés auxquelles la filière viande est confrontée ici, la Codem maintient sa croissance. Comment expliquer ce succès ?

Il est essentiel pour la Codem de maîtriser chacune des étapes de la chaîne de production, de l’amont, avec la production de fourrage, la sélection des bovins et la technicité des éleveurs, à l’aval, jusqu’à la transformation et la commercialisation. Nous avons pour cela entrepris une vaste démarche de modernisation de la filière à partir de 2011, concrétisée par la rénovation de notre atelier de découpe ; la mise en place d’une salle de maturation pour une qualité de viande et des saveurs optimales ; l’ouverture de notre concept store Le Comptoir des Viandes ; la création d’un espace de restauration en partenariat avec des chefs locaux ; la co-conception, avec le PARM, d’un label destiné à certifier notre expertise et garantir la qualité de notre offre. 

En quoi consiste cette démarche de labellisation ? 

Les consommateurs sont aujourd’hui à la recherche d’une viande de qualité. C’est tout l’objet de cette démarche de labellisation entreprise en 2018, en collaboration avec le PARM, l’INRAE de Guadeloupe, le GDSM et la chambre d’agriculture de Martinique. L’objectif, in fine, est la mise en place d’un cahier des charges strict, portant sur des critères aussi pointus que le bien-être animal, la qualité de l’eau d’abreuvement, la finition au niveau de l’alimentation des bovins qui conditionne les saveurs de la viande, les conditions de transport vers l’abattoir et celles d’abattage, ainsi que la découpe/transformation…

« Nous cherchons aujourd’hui à développer davantage notre offre de formation, avec la mise en place d’un centre de formation. »

L’accompagnement des éleveurs est l’un de vos grands axes de travail. Comment cela se passe-t-il ?

Nous souhaitons soutenir les éleveurs à chaque étape de leur activité. Assez naturellement, notre premier axe d’accompagnement porte sur les conseils techniques sur les modes d’élevage, l’alimentation et les soins vétérinaires. Mais notre conseil s’étend aussi aux performances de l’exploitation et à la commercialisation. Un de nos techniciens, référent Antilles du réseau des fermes de référence, a ainsi pour mission d’élaborer des modèles standards des coûts de production et de prix de revient des exploitations des associés coopérateurs. Les éleveurs peuvent également participer à des journées techniques d’échange avec des experts, sur des sujets aussi variés que le parasitisme externe, les bonnes pratiques d’élevage, l’alimentation ou la chlordécone. Nous cherchons aujourd’hui à développer davantage notre offre de formation, avec la mise en place d’un centre de formation.  

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Un projet d’association foncière pastorale est également en cours…

Les épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents, l’augmentation du coût des intrants, conjugués à notre volonté d’atteindre une autonomie fourragère pour les ruminants, nous ont poussés à travailler sur la création d’une association foncière pastorale. Celle-ci regrouperait tous les types d’éleveurs, les élus et les institutions telles que l’ONF et le Parc Naturel Régional de Martinique… L’objectif, une fois ce projet formalisé, est de pouvoir disposer de foncier pour la pousse d’herbe, mis à disposition par les collectivités, les EPCI et les propriétaires fonciers privés, dans le cadre de conventions pluri annuelles. 

« La labellisation de la viande bovine avec le process de maturation permettra à la population martiniquaise d’avoir un produit de haute qualité. »

Existe-t-il un objectif chiffré quant à l’évolution du marché ? 

Nous ne couvrons que 7 % des besoins du marché et nous avons pour ambition d’atteindre 12 % de la demande en viande bovine fraîche. Nous devons donc travailler sur tous les fronts : améliorer les performances des éleveurs, favoriser l’installation des jeunes producteurs, augmenter notre capacité foncière, créer une autonomie fourragère, diversifier nos ressources génétiques. La création du premier atelier de viande hachée fraîche est également un des dossiers sur la table, afin de valoriser davantage de pièces de viande et ainsi accroître les revenus des éleveurs. Par ailleurs, la labellisation de la viande bovine avec le process de maturation permettra à la population martiniquaise d’avoir un produit de haute qualité.

La Codem reste en veille permanente pour toujours mieux accompagner ses éleveurs et satisfaire les consommateurs !

2022 : 2 projets clés concrétisés

• La signature, le 12 octobre 2022, avec le Syndicat de la distribution et des grossistes alimentaires, des accords interprofessionnels portant sur la méthodologie de calcul des indicateurs tels que le coût de production* et le prix de revient. C’est une avancée importante qui permet de garantir les revenus des éleveurs. Et nous sommes la première coopérative des DOM-TOM à concrétiser ces accords.

• L’obtention en 2022 du label logo RUP nous permet de travailler avec la restauration collective, dans les écoles, les hôpitaux et l’économat des armées. 

*Le coût de production de l’atelier permet d’évaluer tout ce que les éleveurs engagent pour produire la viande en intégrant le coût de leur travail et des surfaces qu’ils ont en propriété.

La Codem en chiffres 

• Près de 130 éleveurs membres de la coopérative
• 41 % de la production de viande bovine en 2021, soit un peu plus de 300 tonnes de viande.
244 m2 d’atelier de découpe pour la découpe primaire, la mise en barquette et la mise sous-vide de la viande destinée aux GMS, bouchers, CHR

Codem
Place d’Armes 97232 Le Lamentin
codem-martinique.fr