Deux chercheuses de Guadeloupe primées par la Fondation L’Oréal-UNESCO

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Karollyne Videira Hubert

Sciences. Sur les 660 candidatures de femmes scientifiques candidates au prix “Jeunes Talents France 2022”, seulement 35 ont été retenues. Parmi ces 35 femmes d’exception, on y retrouve les chercheuses, Élodie Calvez et Christine Barul, toutes deux basées en Guadeloupe. À Paris, nous avons eu l’occasion de les rencontrer. (Texte et photo Karollyne Hubert)

Christine Barul analyse les effets des substances chimiques sur le lieu de travail

Christine Barul, chercheuse sur l'impact des substances chimiques sur le lieu de travail (Guadeloupe)

« Il y a un vrai rôle de représentation et je suis ravie de porter cet étendard pour motiver les jeunes filles, notamment dans l’Outre-mer, à poursuivre dans la science. »

En post-doctorat, la Guadeloupéenne Christine Barul, fait des recherches en épidémiologie. Elle mène une étude sur l’exposition aux solvants sur le lieu de travail en lien avec certains cancers respiratoires durant son doctorat à l’Université Paris-Saclay. Puis, à l’Institut National de la Recherche Scientifique au Québec, elle s’intéresse aux travailleurs de nuit et à d’autres exposés à des substances chimiques sur le lieu de travail en lien avec le cancer de la prostate. À l’aide de ses recherches, il est possible de mesurer combien ces expositions peuvent jouer un rôle dans l’apparition de plusieurs cancers. D’un côté, avec ce prix, la chercheuse veut encourager les femmes à se lancer dans la science. Selon l’UNESCO, moins de 30 % des chercheurs dans le monde sont des femmes. D’un autre, elle espère inspirer la jeunesse ultramarine : « En étant originaire de l’Outre-mer, je suis doublement fière, car nous avons encore moins de modèles pour nous représenter. Il y a un vrai rôle de représentation et je suis ravie de porter cet étendard pour motiver les jeunes filles, notamment dans l’Outre-mer, à poursuivre dans la science. »

Élodie Calvez étudie la cause des maladies infectieuses

Elodie Calvez, chercheuse sur les maladies infectieuses en Guadeloupe

« Peu importe d’où vous venez, la science a besoin de vous. »

Durant sa thèse à l’Institut Pasteur de la Nouvelle-Calédonie, Élodie Calvez analyse la transmission des arbovirus*, tel que le virus de la dengue, le chikungunya et le zika, qui sont très présents dans les zones tropicales et intertropicales. Avant de s’installer en Guadeloupe, elle réalise un premier post-doctorat au Laos. « Ces virus sont un problème de santé publique majeur, notamment aux Antilles-Guyane. Ainsi, j’ai décidé de faire un deuxième post-doctorat en Guadeloupe dans le but d’étudier de plus près les facteurs pouvant influencer le développement des moustiques et leur habilité à transmettre les arbovirus. » Si Élodie n’est pas originaire des Antilles, elle connaît tout de même ce sentiment de sous-représentation. « Je suis originaire de Plouider, un petit village du Finistère Nord. Je n’étais pas du tout prédestinée à devenir chercheuse : aucun de mes parents ne travaille dans la science, mon père était agriculteur et ma mère travaillait dans une blanchisserie industrielle. Si je peux laisser un message pour les jeunes femmes qui aimeraient poursuivre dans ce type de parcours, je leur dirais de ne jamais se freiner. Peu importe d’où vous venez, la science a besoin de vous. » 

*Arbovirus : virus transmis à l’homme (ou à un animal) par la piqûre d’un arthropode infecté (ex: le moustique). 

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