Si tous ne rempilent pas pour défendre leur titre le 6 novembre, chacun des vainqueurs de l’édition précédente, dans sa catégorie, tient à rendre hommage au Rhum. La transatlantique qui a marqué leur vie.

ILS REPARTENT

IMOCA|PAUL MEILHAT

Vainqueur en 2018 en Imoca (SMA), au terme d’un finish incroyable qui a vu le Britannique Alex Thomson s’échouer sur les falaises de Guadeloupe, Paul Meilhat revient avec un bâteau flambant neuf (Biotherm) et l’envie de retrouver son épreuve fétiche.

« J’ai beaucoup de souvenirs d’enfance, notamment les victoires de Philippe Poupon (1986) et de Laurent Bourgnon (1994, 1998). Puis il y a eu le doublé de Roland Jourdain en Imoca, un peu plus tard, à l’âge où je commençais la compétition en dériveur. J’ai une relation particulière avec la Route du Rhum car j’ai vu partir Macif avant la victoire de François Gabart (Imoca), en 2014. Je savais que je récupérerais son bateau à l’arrivée, pour quatre années qui m’ont conduit jusqu’au titre. J’adore cette transat et son arrivée, la plus chaleureuse de toutes les courses au large. »

OCEAN FIFTY|ARMEL TRIPON

Armel Tripon - 2018
Armel Tripon – 2018 – Photo ⓒPierre Bouras

Sous les couleurs de Réauté Chocolat, Armel Tripon l’a brillamment emporté en 2018, après avoir échoué au pied du podium quatre ans plus tôt en Imoca. De retour en multicoques, à la barre de Les P’tits Doudous, le navigateur de la Trinité-sur-Mer (Morbihan), vainqueur de la Mini Transat en 2003, sait qu’il sera difficile de confirmer au sein d’une classe au niveau très homogène. « Ce sont des challenges excitants. Je me souviendrai longtemps du tour de l’île et de l’arrivée, complètement dingues, pour ma première grande victoire ! C’était magique de voir cette énergie », confie le Nantais qui, dans la foulée de son sacre, a bouclé son premier tour du monde lors du Vendée Globe 2020 (11e).

« La Route du Rhum, c’est mon histoire avec la course au large. À mes débuts dans la voile, en 1994, je suis allé en voilier depuis Paimpol au large de Bréhat, voir passer ces libellules fascinantes. Je ne savais pas faire un nœud de chaise, mais j’avais ce sentiment que ma place était là. »

ILS RESTENT À QUAI

CLASS40 | YOANN RICHOMME

Yoann Richomme
Yoann Richomme, skipper du Class40 Veedol-AIC, vainqueur de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe 2018 – Pointe a Pitre le 20/11/2018 – Photo ⓒAlexis Courcoux

«Remporter le Rhum (à bord de Veedol-AIC, NDLR) a donné une tournure différente à mon projet sportif et à ma carrière de marin. Ça m’a motivé à poursuivre vers d’autres circuits que La Solitaire du Figaro. J’ai vraiment hâte d’y retourner. »

Yoann Richomme

Le skipper de Larmor-Plage (Morbihan), 38 ans, remet son titre en jeu à la barre d’une nouvelle monture : Paprec Arkéa. Naviguer sur ce plan Lombard s’avère très précieux pour l’ancien étudiant en architecture navale à Southampton (Angleterre), à quelques mois d’une autre mise à l’eau, celle de l’Imoca (même sponsor), en vue du Vendée Globe 2024.

« Nous avons installé à bord du Class40 le même pilote automatique, nous travaillons avec le même designer de voiles et les capteurs sont identiques. Il y a de nombreux parallèles entre les deux bâteaux. » Les projets ne manquent pas pour Richomme, qui a passé la vitesse supérieure : «Remporter le Rhum (à bord de Veedol-AIC, NDLR) a donné une tournure différente à mon projet sportif et à ma carrière de marin. Ça m’a motivé à poursuivre vers d’autres circuits que La Solitaire du Figaro. J’ai vraiment hâte d’y retourner. » Mais il le sait, la concurrence sera rude avec 55 concurrents, dont 26 bâteaux neufs.

RHUM MULTI | PIERRE ANTOINE

Pierre Antoine
Pierre Antoine, skipper du Rhum Multi Olmix, vainqueur de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe 2018 – Pointe a Pitre le 20/11/2018 – Photo ⓒAlexis Courcoux

« J’aurai un petit pincement au cœur de les voir partir. »

Pierre Antoine

Ses rencontres à la fin des années 1980 avec les navigateurs Charlie Capelle et Mike Birch, premier vainqueur du Rhum, renforcent son attrait pour la voile et les multicoques. Vainqueur en Rhum Multi lors de la dernière édition à bord du trimaran de 50 pieds Olmix (ex-Crêpes Whaou de Franck-Yves Escoffier), Pierre Antoine l’emporte pour la 2e fois après 2006, en quatre essais.

Mais il n’y aura pas de cinquième : « Je n’avais plus de support financier, plus de bâteau. Et puis, il faut laisser la place aux jeunes. Le Rhum demande énormément d’énergie, concède le skipper de 60 ans, géologue de formation. Mon plus beau souvenir reste ma première participation en 1998, sur un petit trimaran de 36 pieds, Friends & Lovers. Je n’avais jamais navigué au sud du Portugal, j’ai découvert ensuite les alizés, des moments exceptionnels. » Des émotions qu’il vivra cette année à travers les aventures de ses amis, comme Étienne Hochedé. « J’aurai un petit pincement au cœur de
les voir partir. »

RHUM MONO | SIDNEY GAVIGNET

Sidney Gavignet
Sidney Gavignet, skipper du Rhum Mono Cafe Joyeux, vainqueur de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe 2018 – Pointe a Pitre le 20/11/2018 – Photo ⓒAlexis Courcoux

Absent au départ à Saint-Malo, on verra le navigateur devenu coach dans la cité corsaire, aux côtés d’Alberto Bona (Ibsa, Class40), dont il sera le skipper remplaçant, et d’Oren Nataf (Rayon Vert, Rhum Multi), qu’il accompagne aussi dans sa préparation : « Pour un marin, gagner la Route du Rhum est une grande chance, au même titre que passer le Cap Horn pour la première fois ! Je suis empreint d’une grande reconnaissance à l’égard de l’évènement lui-même, avoue le skipper, qui s’était adjugé la victoire en Rhum Mono à bord de Café Joyeux, en 2018. Ce que j’aime le plus, ce sont les dix jours avant le départ. Je crois que je pourrais la refaire uniquement pour ça ! Il y a dans cette période quelque chose d’unique : une pression qui s’empare de tout le monde à commencer par vos proches, vos partenaires et votre équipe. Si on arrive à la maîtriser, à faire ce travail sur soi qui permet de la vivre sans la subir, c’est un vrai délice. »