Iguaflhor. Le mardi 18 octobre dernier s’est tenue la première journée des groupements de producteurs de Guadeloupe (JGP) à Petit-Canal.

Texte Audrey Juge

C’est la première fois qu’a lieu un tel événement sur l’archipel. La journée des groupements de producteurs de Guadeloupe, organisée par l’Iguavie et l’Iguafhlor dans le cadre d’une étude sur la dynamique des organisations de producteurs guadeloupéens, a regroupé 32 participants, composés de techniciens et d’administrateurs des groupements.

Articulée autour d’ateliers participatifs et collaboratifs animés par les techniciens des différentes organisations et du personnel des deux interprofessions, cette journée avait plusieurs objectifs:  faire se rencontrer et échanger les membres des groupements ; identifier les freins à l’adhésion de nouveaux agriculteurs ; identifier les actions pouvant être mutualisées entre les structures et planifier de prochains échanges autour de projets communs. 

Des questions, des réponses

C’est en discutant que les problématiques communes aux structures ont émergé, et d’elles, les grandes questions à traiter collaborativement. La formation des hommes, le partage de valeurs, le renforcement de la structuration des filières et le renouvellement durable des producteurs adhérents ont été identifiés comme les éléments déterminants pour l’avenir des groupements. 

La question de la mutualisation des actions et des moyens a été soulevée, s’avérant une réelle hypothèse de réponse à l’optimisation du fonctionnement des groupements. Ainsi, les aides financières, la communication, la formation, les compétences, les connaissances et les moyens pourraient être les domaines concernés. 

Le groupement LPG (Les producteurs de Guadeloupe) a partagé, avec la filière diversification, végétale et animale, la structuration de la filière banane. Enfin, des fiches retours d’expériences portant sur les initiatives mises en place chez eux et qui fonctionnent, ont été produites et exposées par les groupements.

Une première JGP positive, et dont les objectifs de mise en réseau, de partage et de montée en compétences ont été atteints. Les participants ont tous confirmé leur enthousiasme pour une seconde édition l’année prochaine.

3 questions à Thierry Pons, consultant à TRAME, qui a accompagné la réflexion des interprofessions

Qu’est-ce que TRAME ?

TRAME est une association nationale (Tête de réseau d’appui méthodologique aux entreprises) mais j’aime à appeler notre équipe « les jardiniers du collectif ». Notre cœur de métier est d’accompagner des projets collectifs portés par des agriculteurs, soit sur l’émergence de projet, soit sur la phase de restructuration ou redéfinition de stratégie ou de nouveau projet. Nous formons aussi les responsables et les animateurs de ces collectifs. Nous sommes une trentaine au niveau national et je suis basé à Limoges, pour agir sur le grand sud-ouest de l’Hexagone. 

Pourquoi une journée des groupements de producteurs ?

L’Iguavie et l’Iguafhlor se posaient des questions sur comment mieux structurer les filières et améliorer leur fonctionnement. Dans le cadre du Plan de relance, une étude pouvait être menée et nous avons proposé de les accompagner dans cette réflexion pour faire bouger les choses. À partir de mars, on a commencé un long travail d’enquête qui a mis en exergue la nécessité d’organiser une rencontre, sous forme d’une journée des groupements de producteurs. La formation des techniciens en amont a permis de réfléchir sur la faisabilité et la cohérence d’organiser cet événement, en déterminer les risques et identifier les aspects positifs et négatifs. C’était une ambition importante et nous avons co-construit le déroulé de la journée. 

Quel est le bilan ?

La sécurité alimentaire est l’ambition partagée par les groupements de producteurs qui s’inscrit sur le long terme. Il faut en dégager différents axes de travail associés à des plans d’action sur le court terme, pour que ça devienne le plus concret possible. Les projets ressortis de cette journée sont réalisables et à la portée des producteurs. La JGP a été une mise en mouvement concrète qui a permis de se poser et réfléchir pour se rendre compte de l’intérêt de se rassembler et se positionner en force de proposition envers les élus car ensemble, on va plus loin. On a planté une graine, qui peut grandir et porter ses fruits, à condition qu’on en prenne soin !

Témoignages de participants

Charles Leclere, président de Caraïbes Melonniers

« Cette journée a été une initiative globalement très positive, car elle a permis de centraliser la parole. Au quotidien, nous sommes dans un flux d’activité, et il est toujours très intéressant de se poser pour réfléchir à une stratégie commune qui permette de développer les filières et leur coopération. Cela permet aussi de s’inspirer de ce qui se passe ailleurs mais finalement à côté de nous, en ouvrant les champs du possible et avoir un retour d’expérience sur notre propre stratégie de développement de filière mais aussi de structure, pour la réorienter. Nous sommes, chez Caraïbes Melonniers, porteurs du PPML (plan pluriannuel melon durable), qui a vocation à être un outil de filière que nous pourrons présenter aux prochaines sessions. Cette journée très inspirante est un outil de mise en commun d’un certain nombre de réflexions et de validation commune de stratégies qui va permettre de développer les filières et les synergies entre leurs acteurs pour défendre leurs intérêts et défendre une voix commune. La JGP est donc une formule cohérente qui vient en appui du travail déjà fait et qui permettra certainement à l’avenir de mieux structurer notre travail et de le renforcer. »

Frantz Imambakas, producteur d’ananas affilié à la SICACFEL (SICA caribéenne de fruits et légumes)

« Fondamentalement, cette journée a été très enrichissante et mérite d’être renouvelée deux ou trois fois par an. Il est toujours très bénéfique de comparer les stratégies appliquées dans les autres secteurs d’activité pour créer une émulation de tactiques pour avancer ensemble. La mutualisation de certaines actions, notamment la gestion commune des aides et des compétences est cohérente, car nous serons plus forts en étant fédérés. Après, je pense que ce n’est pas toujours possible ou plus compliqué, sur des sujets comme la centralisation des moyens matériels par exemple, dû à l’éloignement entre les producteurs et la diversité des secteurs. La belle présentation de LPG a été portée en référence pour le montage des actions de regroupement et nous a donné des idées pour la suite. Nous travaillons maintenant sur les solutions à mettre en place pour nous permettre d’évoluer. »

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