La rédaction fait un zoom sur des métiers d’ultramarins capables d’inspirer et d’encourager les nouvelles générations. L’invitée du mois est la guyanaise Kriss Nelson, ingénieure des matériaux et des énergies renouvelables.

“Je développe des énergies renouvelables”

Kriss Nelson, ingénieure des matériaux et des énergies renouvelables

Quel est votre parcours ? 

J’ai fait deux ans en classe préparatoire intégrée en école d’ingénierie à Compiègne, ensuite, j’ai continué en ingénierie mécanique et ingénierie des matériaux à l’Université. Pour finir, je suis revenue au péyi, pour faire un Master en énergie à l’Université de Guyane. J’étais en alternance chez Albioma dans la plus grande centrale photovoltaïque des Antilles-Guyane et je me suis intéressée à la production d’énergie pour les réseaux insulaires. Aujourd’hui, je travaille chez HDF Energy en tant que responsable sur le pôle guyanais pour le développement de centrale d’énergie renouvelable stable et continue sur le territoire. 

Quelles sont vos missions en tant qu’ingénieur ?

Le projet le plus important est celui de la construction de la Centrale électrique de l’Ouest Guyanais (CEOG) sur la commune de Mana, prévue pour 2024, avec un volet qui s’étend au Suriname. Responsable sur ces deux territoires, je me charge de la coordination des études, de la gestion administrative, de la négociation du foncier et des discussions avec les services de l’État pour l’instruction des dossiers… 

Vous avez un diplôme en ingénierie et vous habitez en Guyane… Pourquoi avoir choisi le secteur énergétique, plutôt que le spatial ? 

C’est assez marrant, car pendant mes études, j’ai été suivie par le CNES à travers une bourse qu’ils délivrent aux étudiants guyanais. À mon retour au péyi, je n’ai pas été forcément attirée par les métiers qu’ils proposaient. Même si le CSG est un moteur en ce qui concerne l’énergie en Guyane, pour l’heure je suis plutôt animée par les projets d’énergie renouvelable. Il faut savoir qu’en Guyane, le coût de production de l’électricité est beaucoup plus élevé que le prix que nous payons en tant que consommateur. Nous avons déjà une chance : plus de 50 % de notre électricité est assurée par le barrage de Petit Saut (les 50 % restant dépendent d’usines qui fonctionnent à l’essence). Le projet de centrale électrique à stockage hydrogène (la plus grande du monde à ce jour) produira une électricité moins chère et non polluante.

Quel est votre regard sur l’engagement écologique de votre génération ?

Parfois, nous nous formons dans des domaines pour lesquels le marché local n’est pas encore prêt. Quand j’habitais à Compiègne, je ne me voyais pas travailler dans une usine qui fabriquait de l’acier… Cela n’avait plus de sens pour moi de travailler dans les matériaux. En Guyane, si le contexte est différent car nous devons d’abord nous inquiéter de trouver un emploi, certains dispositifs se mettent en place avec des stratégies favorables au développement local et durable.