Productivité, attractivité, risques psychosociaux… Quelles sont les évolutions comportementales et organisationnelles post-Covid dans le monde du travail ? Éléments de réponse avec le service prévention des risques professionnels de la CGSS Guadeloupe(1)

Texte Lia Mancora – Photo ©Lou Denim

L’entreprise doit réinventer son offre pour être de nouveau attractive pour ses salariés

Léa Allen, contrôleur de sécurité

Un impact différencié selon les secteurs 

Le coup d’arrêt porté à l’économie durant les deux ans de crise sanitaire a eu un impact significatif sur l’ensemble des secteurs d’activités. Mais tous ne l’ont pas « subi » de la même manière. Certains ont dû s’adapter à un regain d’activité tout en appliquant des règles sanitaires strictes. C’est le cas des secteurs de l’industrie, logistique, traitement des déchets, grande distribution, etc. Dans ce contexte de crise, ils ont confirmé leur rôle de secteurs supports indispensables. Le tertiaire (collectivités, administrations) a, quant à lui, mis en place le télétravail en priorisant ses interventions. Dans le secteur sanitaire et médico-social, l’obligation vaccinale a généré des problèmes organisationnels (sous-effectif, charge de travail), mais aussi des conflits de valeur. 

Une évolution des mentalités face au travail 

Cette crise sanitaire a profondément modifié le rapport des individus avec leur activité professionnelle. On constate, quel que soit le secteur, une prise de conscience générale. « Les gens se sont rendus compte que le travail n’était plus le centre de leur vie », confie Léa Allen, contrôleur de sécurité. « Les attentes ne sont plus les mêmes, l’esprit de sacrifice, le don de soi a perdu en intensité. Les travailleurs, notamment ceux qui ont pratiqué le télétravail, sont devenus plus exigeants quant à leurs conditions de travail. Ils demandent davantage d’aménagements et de souplesse. L’entreprise doit réinventer son offre pour être de nouveau attractive pour ses salariés ».

Un changement de paradigme qui touche de plein fouet les secteurs les moins attractifs du fait de leur pénibilité ou de leur faible rémunération comme les services à la personne (notamment auprès des seniors), les chauffeurs-livreurs, les serveurs ou les métiers de la petite enfance. À moins d’une revalorisation significative, ces secteurs risquent d’être en tension sur la durée. 

Des mutations au niveau de la prévention des risques 

La pandémie a permis d’observer les impacts sur la prise en compte du risque biologique en entreprise, mais aussi des risques psychosociaux du fait de l’évolution du travail. La généralisation du télétravail (en cours de légifération) constitue aujourd’hui une modification importante des conditions de travail. Comme pour les autres risques professionnels, l’employeur doit protéger la santé et la sécurité de ses télétravailleurs notamment en actualisant son document unique. Le contrôle des risques liés à l’aménagement du poste de travail à la maison est donc obligatoire. Même si les bénéfices sont avérés en termes de productivité et de logistique, le télétravail peut aussi générer une rupture du lien social et de l’isolement (risques psychosociaux) ou encore des troubles musculosquelettiques. Dans l’entreprise, des discussions s’imposent entre employeur et salariés pour trouver l’organisation la plus efficiente en matière de risques, de prévention et de bien-être au travail. 

Des contrôleurs au chevet des entreprises 

Le service prévention des risques professionnels fait partie de la direction de l’accompagnement et de la prévention de la caisse générale de sécurité sociale (CGSS). Par ses actions dans l’entreprise, il n’a qu’un seul objectif : réduire le nombre et la gravité des accidents du travail et des maladies professionnelles. Formations, accompagnement, conseils et aides financières peuvent ainsi être proposés aux entreprises en fonction de leurs besoins. En Guadeloupe, son équipe, dirigée par Bélinda Lavenu, ingénieur conseil, est composée d’une dizaine de personnes dont sept contrôleurs de sécurité répartis dans les différents secteurs d’activité : Vanessa Luce (BTP), Jean-Philippe Mirot (transports maritimes, télécommunications, formation.., Mathieu Céleste (transports routiers marchandises et voyageurs, logistique…), Luc Renier (agriculture, agro transformation, transports aériens…), Chimène Oxybel (métallurgie, imprimerie, pêche…), Francis Barolin (Grande distribution, boulangerie, hôtellerie, restauration) et Léa Allen (EPHAD, banques, administrations..). 

(1) CGSS : Caisse Générale de Sécurité Sociale

Direction de l’Accompagnement et de la Prévention
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dap971
CGSS 971_Direction de l’Accompagnement et de la Prévention