L’Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail-Institut territorial du travail (Aract-Itt Martinique) œuvre au quotidien pour l’amélioration de la qualité de vie et conditions de travail. Parmi la richesse de ses missions, retour sur sa vocation première : le dialogue social et ses avancées, avec son directeur Éric Nouvel.

Texte Alix Delmas – Photo Jean-Albert Coopmann

Le dialogue social, bien plus qu’une obligation réglementaire est un levier de réussite pour conjuguer l’amélioration des conditions de travail des salariés et la compétitivité des entreprises

Eric Nouvel, directeur de l’Aract-Itt Martinique

Quelles sont les innovations sociales majeures du monde du travail à la Martinique ces dernières années ?

Il y a la création de l’association des médiateurs conciliateurs en 2006 à laquelle nous avons contribué. Elle permet l’intervention d’un binôme paritaire (un représentant du salariat et un représentant du patronat) en cas de conflit bloqué. Avant, cela n’existait pas, nulle part. Nous agissons en complémentarité de ces binômes, en prévention ou en post-conflit pour renouer et redonner aux deux parties la capacité de trouver des solutions ensemble dans le cadre du dispositif Areso (appui aux relations sociales).

Deuxièmement, je citerais la mise en place de formations communes dès 2012, par l’ex-Institut formation et de recherche sur le travail de la Martinique, aujourd’hui Institut territorial du travail ou ITT (suite au rattachement de ses missions à notre structure en 2016). Il s’agit de formations dispensées conjointement à des salariés et des employeurs ou leurs représentants qui visent à améliorer les pratiques du dialogue social. Ces dernières sont aujourd’hui reconnues par l’article L2212-1 du Code du travail. La Martinique avec la Nouvelle-Calédonie en sont les précurseurs !

Ces deux exemples illustrent la capacité d’innovation sociale de notre territoire, lui confèrent sa légitimité en la matière grâce à la pérennité des actions mises en place et leur application par-delà nos frontières.

Le dialogue social, est-ce le point de départ de toutes les actions de l’Aract-Itt ?

Oui, nous sommes nés de la « Résolution pour l’amélioration du dialogue et des pratiques sociales à la Martinique » le 13 octobre 2000. Lors d’un nouveau carrefour du dialogue social organisé en partenariat avec la Direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DEETS) le 22 novembre 2022, nous avons présenté des données analysées par l’ensemble de nos partenaires sociaux afin de mesurer le chemin parcouru et se projeter vers l’avenir.

Un sondage récent réalisé par Open Soft Système dans les entreprises de 11 salariés et plus de Martinique révèle que les salariés interrogés déclarent le dialogue social comme plutôt bon ou dynamique dans 79 % des entreprises sollicitées, mais dans 21 % totalement inexistant ou plutôt faible.

Votre réseau évolue. Pourquoi ce changement ?

Depuis le 1er janvier 2023, l’agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail et les 16 agences régionales sont dorénavant une seule entité. Nous étions une association Loi 1901, nous devenons Établissement Public Administratif et disposons à cette occasion d’un nouveau logo. Au-delà de cette modalité d’intégration qui induit la disparition du paritarisme de gestion, le paritarisme de projet perdure. Nos missions restent inchangées : le dialogue social, bien plus qu’une obligation réglementaire est un levier de réussite pour conjuguer l’amélioration des conditions de travail des salariés et la compétitivité des entreprises. Il n’y a pas de progrès social sans progrès économique et vice versa. Notre restons localement architectes de notre programme d’activités sur le territoire et comme nous l’avons démontré par le passé, à la pointe des avancées qui concourent au mieux-être de l’ensemble de la population active de la Martinique.

Lire Aussi | Le dialogue, la clé de l’innovation sociale selon Aract-Itt

L’ARACT-ITT EN BREF
– Elle peut être sollicitée par un salarié, un employeur voire un tiers comme l’inspection du travail ou la médecine du travail. Elle intervient uniquement avec l’accord des deux parties.
– En 2021, 156 structures ont été accompagnées ou ont participé à des actions, dont 89 associations, et 50 % d’entreprises de moins de 50 salariés.
63 personnes ont été formées au dialogue social en 2022 par l’Aract-Itt Martinique sur les thématiques de la création des CSE (comité social et économique) et l’animation du dialogue social ou la négociation collective basée sur la résolution des problèmes.
– Parmi les 1 436 structures de 11 salariés et plus,
641 ont organisé des élections de représentants au CSE entre 2018 et 2021, soit environ 45 %. Ce taux était d’environ 25 % en 2005.
(source : données DEETS Martinique 2018-2021 traitées par l’Aract-Itt Martinique)

 

ZAC Rivière-Roche F3
Fort-de-France
0596 66 67 60
contact-aract-martinique@anact.fr
martinique.aract.fr