Construire un lecteur et un citoyen en devenir, donner à la jeunesse guyanaise l’envie de pousser les portes d’une librairie pour y découvrir la diversité des imaginaires, apporter son soutien aux libraires indépendants… Retour sur le projet « Jeunes en librairie ».

Déployé en Guyane en septembre 2022, ce dispositif national d’éducation artistique et culturelle (EAC) a pour objectif affiché de promouvoir l’accès aux livres auprès des collégiens, de l’école de la deuxième chance, des centres d’apprentissage et des classes de CAP. Derrière ce public cible, un constat sans appel : « Le désamour du livre intervient à partir du collège », explique Monique Dorcy, documentaliste retraitée, en charge de piloter le dispositif. « Pour contrer cette réalité, “Jeunes en Librairie” joue sur deux tableaux, d’une part, inciter les jeunes à entrer de manière autonome dans une librairie aussi facilement que dans une boutique de sneakers ou de smartphones. D’autre part, en soutenant les librairies indépendantes. » Aujourd’hui, quatre librairies sont partenaires du projet : La Cas’A Bulles à Cayenne, Lettres d’Amazonie à Remire-Montjoly, Le Vieux Bourg à Kourou, Le Toucan à Saint-Laurent du Maroni.

« Jeunes en librairie » ce sont 1 400 élèves inscrits

Le dispositif repose sur l’initiative des enseignants qui doivent inscrire leur classe autour d’un projet défini, en rapport avec la littérature et les acteurs du livre. « Le monde du livre regroupe tout une chaîne de professionnels : l’auteur, l’imprimeur, le libraire, le graphiste, le journaliste, le relieur, la logistique… Cette découverte des métiers du livre peut éveiller des vocations auprès des jeunes », poursuit Monique Dorcy. Plus de 2 000 élèves, soit environ une soixantaine de classes, sont attendus. Pour l’heure, déjà 1 400 élèves sont concernés, et l’appel à projet a été réactivé en janvier pour atteindre son objectif. « La principale difficulté », reconnaît la responsable du dispositif, « reste le transport qui n’est pas pris en charge et qui représente parfois un budget très lourd pour certains établissements. L’année prochaine, le dispositif devrait concerner les écoles. Les EPCI et les mairies devraient absorber une part de ces coûts ».

30 euros pour l’achat de livres

BD, littérature, science-fiction, jeunesse… Chaque élève bénéficie le jour J d’un chèque de 30 euros pour l’achat de livres de son choix. « Il existe une diversité des imaginaires autour du livre, des pépites que l’élève n’imagine pas toujours. Il ne s’agit en aucun cas de l’orienter sur des lectures prescrites en classe, mais plutôt de l’accompagner pour réveiller en lui sa curiosité pour la lecture, en fonction de ses centres d’intérêt. Nous espérons que les élèves partageront ensuite leurs découvertes littéraires avec leurs camarades. »

Le projet « Jeunes en librairie » veille à ne léser personne

Le projet associe également les élèves des communes isolées qui subissent un enfermement du fait de l’éloignement. Air Guyane apporte son soutien, en livrant les livres sélectionnés par les élèves sur Camopi et Grand Santi. « Jeunes en Librairie est aussi un projet territorial qui veut impliquer plusieurs acteurs et faire chuter le taux d’illettrisme sur le territoire. C’est notre avenir commun qui se joue dans l’éducation et la culture des adolescents d’aujourd’hui. » Et parfois un seul livre peut tout changer.

Sous l’impulsion de la DCJS, “Jeunes en Librairie” repose sur un partenariat entre le ministère de l’Éducation nationale et le Ministère de la culture. Il est mis en œuvre par l’association ABDG (Archivistes Bibliothécaires Documentalistes de Guyane) avec la CTG, le Rectorat, les libraires indépendantes et les organisateurs de manifestations littéraires. Pour répondre à l’appel à projets, rendez-vous sur le site de l’Académie de Guyane www.ac-guyane.fr