Des cartes de visites intelligentes sans contact. Le concept a à peine deux ans et débarque sur notre île. Rencontre avec le fondateur de Skyple.

Texte Yva Gelin – Photo Jean-Albert Coopmann

Le concept : une carte de visite connectée dotée d’une puce NFC (Near-Field Communication), fameuse technologie du sans-contact. Avec la suppression du paramètre papier, limitant dans la quantité d’informations transmises et écologiquement plus intéressant, un nouveau champ de possibles s’ouvre… Bienvenue dans les dessous de l’élaboration d’un projet innovant.

L’idée est de connecter les gens

Jordan Jourdain, fondateur de SKYPLE

A la rencontre de Jordan Jourdain

Lundi après-midi dans les bureaux d’EWAG, Jordan Jourdain, fondateur de Skyple, arrive pour l’interview. Il travaille seul et tout ce que nous devons voir est dans son sac. « Ça, c’est l’enveloppe plastifiée et brandée dans laquelle la carte est envoyée avec un range carte coulissant », se lance le jeune entrepreneur. Entre ses mains : une carte de visite du même format qu’une carte bleue. Elle contient une puce NFC qui fera le lien vers les informations de contact du propriétaire. Elle existe en bambou, en métal ou en PVC et peut être personnalisée avec le logo de l’entreprise. L’objet est simple, épuré, déjà presque familier.

Un fondateur aux multiples facettes

Il n’en est pas à son premier projet, Jordan en développe depuis l’âge de 17 ans où il a commencé à s’investir au Conseil départemental de la Jeunesse CDJ (instance de jeunes auprès du préfet et de la DRAJES, aujourd’hui disparue). « C’est dans ce cadre que j’ai entrepris mes premiers grands projets. Avec les autres membres de l’association Madin Jeune Ambition. Nous sommes par exemple à l’origine du premier Lumina en 2012, c’est-à-dire les grands trophées de la jeunesse qui avaient lieu à l’Atrium, initié par Yannis Rosamond. Ça, c’était pour la partie projet commun. Autrement, à titre individuel, je m’investissais dans la lutte contre l’alcool, les drogues. » Parallèlement, le jeune homme effectuait des études en développement commercial à l’EGC. Depuis, Jordan a eu l’occasion d’être chef de projet d’un court-métrage pour la sécurité routière, qui est d’ailleurs toujours d’actualité dans les écoles. « Je me suis investi dans plein de projets sans corrélation les uns aux autres mais qui ont tous abouti. Je suis quelqu’un de néophyte, qui adore apprendre ».

L’idée de Skyple

Comme beaucoup, « avec le Covid, j’ai été amené à réfléchir à un produit dématérialisé. C’est dans ce contexte que j’ai eu l’idée de Skyple ». Le modèle de carte de visite commercialisé par Jordan est inédit dans les Antilles-Guyane et vient des États-Unis.

Il raconte : « Je n’ai jamais été adepte des cartes de visite classiques. Un jour, en sortant d’un networking, encore une fois, je n’en avais pas et j’avais ce sentiment de manquer des opportunités. Peu de temps après, je suis tombé sur une pub qui montrait une carte aux États-Unis capable d’envoyer de l’information en sans contact. De là, je me suis intéressé au NFC et plus je fouillais, plus je me rendais compte que le marché en question était naissant. Dans ce que j’avais vu, il n’y avait que le numéro de téléphone qui était transféré. J’ai alors imaginé quelque chose avec une vraie présentation comprenant une photo de profil et diverses applications. J’ai d’abord visualisé le type d’informations que je voulais transférer avec les cartes puis j’ai cherché des fabricants et des programmeurs pour concevoir le système ».

J’ai toujours visualisé l’intérêt du sans papier dans l’évolution de notre société

Jordan Jourdain, fondateur de SKYPLE

Du projet à la concrétisation

Veille concurrentielle, cahier des charges, logo, embauche d’une collaboratrice dédiée à la communication, Luana Alger, tests de marchandise, mais aussi certaines mésaventures qui ont augmenté le budget total du projet. « Je ne suis pas allé voir beaucoup de banques pour le financement du projet. Le peu que j’ai vu ne portaient pas d’intérêt au projet et ne le voyaient pas dépasser nos frontières locales. Quand la commercialisation a été retardée, je me suis retrouvé à vendre mon véhicule pour poursuivre les investissements. Et puis, j’ai décidé de foncer quand même car je savais que le projet allait fonctionner. J’ai donc lancé la commercialisation et communication sur les réseaux sociaux, en réunissant des créateurs de contenus locaux, en organisant un jeu concours avec Claude Dartois de Koh Lanta et Nicolas Perrin… En une semaine j’ai obtenu plus de 7 000 abonnées sur mes réseaux sociaux et en un mois j’ai réalisé 6 500 euros de chiffre d’affaires. C’est comme ça que Skyple a pu concrètement voir le jour. »

Skyple : le produit

Skyple. Un nom qui à l’oreille rappelle une certaine grande marque et cela est volontaire. « “SKY” pour le ciel en référence au cloud, et “PLE” est en référence à people. L’idée derrière le nom est donc celle de connecter les gens, avec une prononciation marketing qui marque et est internationale. » Alors comment ça marche ? L’utilisateur, une fois la carte reçue, crée son compte personnalisé sur le site de configuration. Ce compte, une fois activé, est directement relié à la puce NFC contenue dans la carte. Maintenant, le véritable intérêt de Skyple est celui-ci : à partir de son compte, chaque utilisateur a l’opportunité de créer un profil de présentation et d’y implanter toutes les informations qu’il souhaite. Il y a 42 modules d’applications au choix. « Ça peut être une plaquette commerciale, les réseaux sociaux, un portfolio, un document de 50 pages à visualiser ou télécharger, un lien de paiement, un calendrier, la localisation du bureau, la fiche contact… tout ce que je souhaite partager. » Deuxième plus, celui de créer plusieurs profils de présentation en fonction du type de rendez-vous ou de prospect.

Skyple
Skyple – Photo Photo Jean-Albert Coopmann

Mise en pratique

Nous pouvons imaginer un personnage, Franck, qui d’un côté a une société de formation et de l’autre initie au yoga. Franck est en plein échange avec un potentiel financeur pour sa société de formation. Mis à part son numéro de téléphone et email, il souhaite transmettre le document de présentation via un lien YouTube et un module PDF permettant de visualiser l’état d’esprit de ses formations. Depuis son compte Skyple, Franck active sa carte de visite consacrée à sa casquette de formateur. Il récupère sa carte dans son portefeuille et la place comme s’il effectuait un paiement sans contact sur le téléphone de cette personne avec qui il est en train d’échanger. Sur le téléphone de cette même personne apparaît une notification. Ça y est, toutes les informations de Franck viennent d’être transférées et affichées sur l’écran de ce dernier.

Pourquoi une carte de visite connectée ?

« J’ai toujours visualisé l’intérêt du sans papier dans l’évolution de notre société et cette vision s’est confirmée avec l’exemple des prospectus imprimés en boîtes aux lettres qui ont été interdits à ce jour obligeant les entreprises à s’adapter et passer au digital. La carte de visite classique d’aujourd’hui est obsolète car limitée dans l’apport d’information, coûteuse dans le temps, et non écologique vu le nombre d’impression massive et son manque d’efficacité. Tout l’enjeu est de cesser de manquer des opportunités et d’avoir toutes les bonnes cartes en main en une fraction de seconde et en sans contact. »

SKYPLE
www.store.skyple.com
Skyple