Face aux enjeux environnementaux et au contexte de crise mondiale, la Guadeloupe doit adapter une nouvelle approche de développement en misant sur son potentiel productif. Un défi ambitieux porté par Ary Chalus, président du Conseil régional.

Texte Sarah Balay – Photo Lou Denim

Véritable levier du développement endogène, la production locale évolue-t-elle favorablement en Guadeloupe ?

En 2022, la croissance économique de la Guadeloupe s’est affichée à +5,9 % en volume (contre +2,5 % pour la France). Les exportations ont même retrouvé leur niveau de 2019. Malgré tout, la productivité apparente (PIB par emploi) reste en retrait par rapport à la moyenne nationale.

La collectivité régionale doit, en plus de son soutien à l’activité économique et à la création d’emploi, renforcer son accompagnement à la modernisation des outils de production de nos entreprises pour rattraper cet écart de productivité.

« Nous devons renforcer l’accompagnement à la modernisation des outils de production »

Quels sont les dispositifs régionaux existants pour booster cette productivité locale ?

Afin de renforcer l’attractivité, la compétitivité et le développement économique de notre archipel, la collectivité encourage l’innovation sous toutes ses formes : de la recherche, à travers un partenariat renforcé avec l’UA (université des Antilles) et l’ensemble des établissements de recherche locaux (INRA(1), CIRAD(2) …), à l’accompagnement de l’écosystème avec l’ambition technopolitaine portée par I-NOVA Caraïbes(3).

Notre approche se veut aussi inclusive avec le chèque TIC (technologies de l’information et de la communication) : une aide d’un montant maximum de 10 000 € qui peut représenter jusqu’à 80 % du projet pour les artisans, auto-entrepreneurs, petites entreprises et associations prêtes à passer le cap de la transition numérique avec un projet structuré. La Région propose aussi le chèque innovation pour les petites entreprises sous la forme d’une subvention plafonnée à 10 000 € ou à 75 % du montant total HT des coûts liés.

Comment concilier les nouveaux enjeux environnementaux et ce recours massif à l’importation sur notre territoire ?

Produire notre énergie à partir de nos ressources locales et produire localement et davantage nos matières premières agricoles et halieutiques pour développer une filière d’agro-transformation, est la principale réponse aux défis d’aujourd’hui

Avec des projets structurants comme le MER (marché d’excellence régional), l’Agro-Park et Lizin’ santral, la Guadeloupe vise une meilleure compétitivité de son agriculture grâce à une meilleure organisation de la production, de la distribution et la commercialisation (croissance verte).  La collectivité investit aussi dans la croissance bleue environ 5 millions d’euros par an, pour le développement, entre autres, des filières de la pêche, de l’aquaculture, de la transformation, la commercialisation des produits de la mer et de la construction-réparation navale.

« Le Conseil régional applique des différences de taxation avantageuses pour les productions locales sensibles »

Dernière question, concernant l’octroi de mer, en quoi cette taxe favorise-t-elle le développement de notre économie locale ?

Pour protéger la production locale, le Conseil régional applique des différences de taxation avantageuses pour les productions locales sensibles. En 2022, ces exonérations d’octroi de mer représentaient 86 millions d’€. Le dispositif permet de cibler des exonérations d’octroi de mer interne pour soutenir davantage la production locale et le pouvoir d’achat. En 2020, 454 produits étaient taxés à des taux très bas : de 0 à 4,5 %. Ces taux sont appliqués à l’importation des produits de grande consommation ou de première nécessité et représente un effort fiscal de plus de 12 millions d’€.

Au cours du dernier semestre 2022 et du 1er semestre 2023, la collectivité régionale a souhaité renforcer sa contribution à la lutte contre l’inflation sur les produits de grande consommation ou de 1re nécessité en diminuant les taux d’octroi de mer sur 33 produits supplémentaires relevant de la liste du bouclier qualité prix. Soit un effort supplémentaire de 2,7 millions d’€.

Lire Aussi | Octroi de mer : mode d’emploi 

(1) INRA : institut national de la recherche agronomique
(2) CIRAD : centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement
(3) I-NOVA Caraïbes : point d’appui de l’ensemble des acteurs de l’innovation.
(4) IEDOM : institut d’émissions des DOM.

1,5 milliard d’euros
C’est le chiffre d’affaires généré en 2019 par 1 836 structures du secteur industriel en Guadeloupe (IEDOM).

10%
L’industrie guadeloupéenne représentait, en 2019, 10 % de la valeur ajoutée (VA) de l’ensemble des branches du département (IEDOM(4)).