Organisatrice des « Rencontres photographiques de Guyane », La Tête dans les Images s’investit également dans la conservation patrimoniale, l’éducation culturelle et ouvrira bientôt sa Maison de la Photographie de Guyane-Amazonie. Zoom sur une association en plein essor.

Texte Adeline Louault

Créée en 2012 par le photographe guyanais Karl Joseph pour porter les « Rencontres Photographiques de Guyane », La Tête dans les Images promeut l’art de la photo à travers trois axes. L’accueil en résidence et le soutien à la création en est un ; la restauration et la diffusion de collections photographiques anciennes en est un autre. On connaît moins le troisième, la médiation culturelle. L’association a établi un « dispositif d’éducation à l’art et à la citoyenneté par la photographie » qui se traduit par une quinzaine d’actions menées auprès des scolaires, des jeunes en insertion (Protection judiciaire de la jeunesse, École de la seconde chance, etc.) mais aussi des EHPAD, des hôpitaux, des instituts médico-éducatifs et du grand public.

Rencontres avec des professionnels, ateliers de prise de vue, expositions itinérantes gratuitement mises à la disposition des établissements qui en font la demande : l’éventail d’animations est varié. Des jeux (Tracker d’infox, Pause photo prose) et des équipements innovants comme la table MashUp qui permet de découvrir le montage audiovisuel de manière intuitive et ludique, sont également disponibles au prêt. « Parce que nous voulons créer une dynamique professionnelle autour de l’image, toutes ces interventions sont encadrées par un médiateur formé à l’éducation artistique et culturelle par La Tête dans les Images », précise Éline Gourgues, responsable du développement et des expositions au sein de l’association.

ⓒ Collection William Daniel, A Very Great Town
ⓒ Collection William Daniel, A Very Great Town

Promouvoir la photographie amazonienne

Autre action phare, la mise en place d’un programme d’ateliers avec une journaliste et un photoreporter afin de permettre à la commune de Camopi de réaliser son premier journal, Wakapuku Kapi, Le Journal de Camopi. « Nos animations sont principalement orientées vers l’est et l’intérieur de la Guyane car nous considérons que c’est une zone plus déshéritée que les autres en matière d’animation culturelle. » Des photo-correspondances, appelées « Nos petits bouts de Guyane » entre classes du littoral et communes de l’intérieur voient également le jour, sous l’égide de l’association. « Cela permet aux enfants de se rendre compte de la réalité du territoire. Prochainement nous aimerions mettre en place, “Petits bouts d’Amazonie”, en échangeant avec des enfants des pays limitrophes. »

Si la collaboration avec les artistes des Antilles est établie, par le biais de structures d’ingénierie culturelle et de soutien à la création telles qu’Artistik Rezo Caraïbes et la Station culturelle,  la coopération artistique avec les 9 pays d’Amazonie, notamment le Brésil, se met progressivement en place. « C’est le but recherché par notre future maison de la photographie de Guyane-Amazonie ! À la fin des rencontres photographiques, nous proposerons une conférence sur la photographie amazonienne et l’année prochaine, nous allons monter un programme de résidence Brésil-Guyane. »

Contact : latetedanslesimages.fr

La Maison de la photographie de Guyane–Amazonie
Un lieu inédit en Outre-mer

Si elle est actuellement installée à l’Accordeur à Cayenne, La Tête dans les Images déploiera ses activités au sein d’une vaste demeure créole à Rémire-Montjoly en 2024. « Implanté sur un terrain de deux hectares et composé de deux bâtiments, ce site permettra de structurer la filière photographie sur le territoire, de la valoriser et de faciliter son rayonnement sur la scène artistique nationale et internationale », explique Karl Joseph, à l’origine du projet. Collaboratif et pluriel, le lieu comprendra une salle d’exposition, un carbet pédagogique, un atelier numérique, un centre de documentation dédié à l’image, un espace de coworking, etc. Le jardin accueillera un parcours d’exposition à ciel ouvert. Et pour ravir les papilles autant que les yeux, un restaurant gastronomique, mené par deux chefs guyanais, occupera le rez-de-chaussée de la maison d’origine. Appelée à devenir un lieu de référence dans la région Antilles-Guyane, voire même en Amérique du Sud, La Maison de la Photographie de Guyane-Amazonie sera le premier centre d’art dédié à la photographie dans l’Outre-mer français.

Affiche Rencontres photographiques de Guyane

Du 15 novembre au 14 janvier 2024
Les Rencontres Photographiques de Guyane

« Notre paysage est son propre monument » (Édouard Glissant, extrait de l’Intention poétique, 1969), tel est le thème de la 8e édition des Rencontres photographiques de la Guyane qui explore la notion de paysage, à travers 14 expositions présentant les œuvres d’artistes de Guyane, des Antilles et de nombreux autres territoires. Accessibles gratuitement, guidées (sous certaines conditions), elles seront visibles dans divers lieux emblématiques (Île Royale, place des Palmistes à Cayenne, plage d’Awala-Yalimapo dans l’ouest, sentier Loyola à Rémire, etc.). Vernissages, conférences, rencontres et ateliers avec des professionnels sont également au programme. Seul festival de photographie des départements d’Outre-mer, l’événement créé en 2012 a pour ambition de donner à la photographie d’auteur la place qu’elle mérite dans le paysage culturel guyanais, quel que soit le rayonnement (régional ou international) des artistes exposés.

www.rencontresphotographiquesdeguyane.com